Ecriture n Nina Koriz est une écrivaine. C'est une auteure soucieuse d'approcher le vécu, d'interroger l'Histoire. C'est en interpellant cette dernière, en la dépoussiérant, qu'elle met le doigt sur la petite histoire. Dans «Des femmes de cœur», paru aux éditions Zyriab, Nina Koriz propose aux lecteurs un roman «puissant, dramatique, donnant le frisson», un roman prenant, passionnant». Le roman est l'histoire de femmes que l'auteure a rencontrées, et aimées, un roman qui transmet de l'émotion. L'auteure livre aux lecteurs une belle expérience émotionnelle, une leçon de partage et d'amour. Et surtout du dialogue. Dans ce roman, Nina Koriz situe sa trame 50 ans après l'indépendance de l'Algérie et au fil de l'écriture, elle «donne la parole à toutes celles qui ont été les actrices et les témoins avec le même souci d'équité et de légitimité». Dans une écriture inspirée, sincère, une écriture à l'écoute de chaque voix, Nina Koriz va lever le voile sur un passé oublié ou omis et permettre aux lecteurs de découvrir quel a été le rôle des femmes, qu'elles soient musulmane, juive, ou chrétienne sur le sol algérien ou en France durant la guerre de Libération nationale, ces femmes qui, marginalisées par l'Histoire, ont épousé la cause algérienne. C'est ainsi qu'en s'exprimant sur ce qu'il a poussé à écrire ce roman, Nina Koriz confie : «Le constat d'une totale amnésie sur la contribution des femmes arabes et européennes à la guerre de libération de l'Algérie, et par ailleurs, l'envie d'investiguer sur les retombées psychologiques des guerres de libération. Cette thématique est universelle : elle peut s'appliquer à d'autres conflits, d'autres pays, d'autres époques. Ce qui est sûr, c'est que jusqu'à présent, son aspect individuel et traumatique est peu abordé dans la littérature et le cinéma». Autrement dit, Nina Koriz a été motivée par une volonté, celle de «raconter une histoire à travers des destinées de femmes, car elles ont été nombreuses (Algériennes et Européennes) à être trop souvent reléguées à des rôles de faire valoir, alors que les témoignages que j'ai pu recueillir, m'ont appris à quel point leur contribution a été plus importante et que surtout, il n'y a pas eu engagement féminin mais surtout des parcours individuels». En lisant ce livre, l'on est frappé par ce besoin d'écrire de la part de l'auteure. «Je suis très investie dans la vie quotidienne mais je ne ressens pas le besoin de réagir dans l'immédiateté», souligne-t-elle, et de renchérir : «Passer par l'écriture, permet la réflexion, la distance nécessaires à un véritable engagement.» Force est de constater que le roman «Des femmes de cœur» est issu d'une écriture relevant d'un engagement mémoriel. A ce propos, Nina Koriz dit : «On peut dire cela. J'ai, d'une certaine façon, écrit ce que j'avais cherché en vain : un roman qui réunirait tous ceux qui ont vécu ou subi la guerre, en leur donnant la parole, avec un même souci d'équité et de légitimité. Dans une guerre de décolonisation, il n'y a pas,( en termes, de deuils et de blessures psychologiques,) de gagnants. Il me paraissait donc important de «libérer» les paroles, afin qu'un jour, je l'espère, les plaies se referment.» Yacine Idjer l Nina Koriz estime que la réalité, voire la vérité historique émergera de son roman. «Je le crois très sincèrement et c'est aussi la raison de son existence», souligne-t-elle, et d'abonder : «Ce sont en effet, toutes les destinées individuelles, avec leurs paradoxes, leurs contradictions, leur zone d'ombre et d'éclaircie qui peuvent nous donner une image au plus juste de ce qu'a pu être une réalité historique, car à l'instar, de l'Homme, la vérité historique est forcément complexe, nuancée et c'est aussi ce qui fait son Humanité et sa crédibilité. Les lecteurs sont aujourd'hui moins crédules et sont en attente de récits vraisemblables; c'est ce qui ressort des témoignages que j'ai pu recevoir ou entendre.» Nina Koriz se dit satisfaite d'avoir écrit ce roman. Elle éprouve, confie-t-elle, «le sentiment d'apporter, en toute modestie, un autre éclairage que celui auquel nous sommes habitués et qui est celui des historiens et des politiques, voire de certains intellectuels et artistes qui «orientent leur œuvre en fonction de leur conviction personnelle. J'ai tenté, autant que faire se peut, de «m'effacer» au bénéfice des personnages, sans prendre en otage le lecteur (et plus tard le spectateur), pour lui laisser le choix de se faire son propre jugement avec suffisamment de «matière» pour que cela soit possible.» Y. I.