Résumé de la 2e partie - Même d'aussi près, le lac conservait son extraordinaire teinte turquoise. Un soir, il est venu à l'hôtel en tenue de soirée et nous l'avons pris pour l'un des pensionnaires. Mère dit qu'il jouait au fils de bonne famille, dans l'espoir de rencontrer une héritière. Elle craint toujours que quelqu'un ne m'épouse pour mon argent. Sans doute parce qu'elle a épousé Père pour cela. Ursula s'est mouchée. — Dieu sait qu'ils ne s'entendent pas bien, eux, a-t-elle continué. Il y a un an, bis, que nous voyageons à travers le monde, et il ne lui manque pas du tout. Moi, je ne permettrais à personne de m'épouser pour cela. — Etes-vous en train de me dire que vous, avez giflé Hugh Kent parce qu'il vit sous la tente et s'habille pour dîner ? ai-je lancé, indignée dun tel snobisme. Je crois que Sargent est venu ici pour peindre, et qu'il vivait lui, aussi sous une tente. Je ne sais pas s'il s'habillait pour dîner. — Non. Je l'ai giflé parce qu'il a volé mes perles. Enfin, parce que je crois qu'il les a volées. C'est sûrement lui qui les a prises. Je ne l'ai pas encore dit à Mère. C'est trop affreux. Elle avait raison à son sujet, j'imagine. Je déteste qu'elle ait raison. — Vous devez avertir la police. — Je ne peux pas. Il faudrait que je leur dise qu'il a été dans ma chambre. — Oh... — Ce n'est pas ce que vous croyez, a affirmé Ursula. Un jour, nous avons fait de l'escalade avec les guides suisses que nous avons ici. Après, il a voulu se mettre en smoking pour le thé dansant. Je lui ai donné la clef de ma chambre pour qu'il puisse se changer. Ma mère l'a appris, et elle a dit qu'il essayait de me compromettre. Mais ce qu'il y a d'affreux, c'est qu'elle a dit aussi qu'il aurait pu nous dérober nos bijoux. — Par conséquent, vous croyez qu'il a volé vos perles ? — Oui, je le crois. C'est moche de ma part, mais c'est l'unique explication. Quoi qu'il en soit, le lendemain, il était parti. Ma mère m'a dit qu'elle lui avait offert de l'argent pour qu'il cesse de s'intéresser, à moi. C'est humiliant. Elle l'a déjà fait une fois. Vous vous souvenez du comte de la Roche ? m'a-t-elle demandé en se penchant vers moi d'un air de conspirateur. — Oui. Mais n'était-il pas fiancé à quelqu'un d'autre ? — A Marjorie Klepp, l'héritière des goupilles et clavettes. Mais Mère lui a proposé de l'argent malgré tout, et il l'a accepté. Elle ne me l'a avoué qu'il y a quatre jours seulement. Elle m'a dit que Hugh, lui aussi, avait été content d'accepter. Je hais, l'argent. Tout le monde ne pense qu'à ça. Ensuite Hugh a eu le toupet de m'écrire qu'il savait que Maman nous interdisait de nous rencontrer, mais que nous nous retrouverions en secret et que nous nous marierions. — Lui avez-vous répondu ? — Oui. Mais sans lui dire que je savais qu'il avait empoché cet argent. Je lui ai dit que je ne voulais plus jamais le revoir ; que nous appartenions à deux univers différents, et qu'il devait comprendre que je ne pouvais pas devenir la femme d'un artiste crève-la-faim. Je me suis montré aussi hautaine que possible. A suivre