Résumé de la 10e partie - L'affaire avait fait la une de tous les quotidiens de la région. Dans tous les feuilletons que j'ai pu voir à la télé, les flics déjeunent toujours. Aussi me dis-je que mêmesi j'étais allée à la police, il aurait fallu que j'attendeque l'inspecteur ait fini de s'empiffrer de lasagnes aurestaurant du coin. Du coup, il semblait raisonnable de déjeuner avec Lorna sur le pas de la porte et de me préparer pour l'épreuve qui allait suivre afin de ne pas être sujette aux étourdissements. J'irais voir la police à 1 heure. Ou à 2 heures, peut-être. Nous étions à la moitié de nos sandwiches poulet-salade-pain de seigle lorsque Ned appela. Hé, M'man, brailla-t-il avec tout l'enthousiasme pour les affaires crapuleuses que peuvent avoir les adolescents, il paraît qu'Helena Moore a acheté la ferme ? — Effectivement, dis-je. Et tu as manqué ça. Comment est ton père ? — Pas drôle, dit-il. C'est vrai qu'on l'a trouvée la tête en bas dans la citerne ? — Oui, dis-je. — Et que c'est Anne Harris qui l'a tué ? — Je ne sais pas, répondis-je. — Bon sang, la seule chose excitante qui se passe là-bas de toute ma vie et il faut que je sois là à me faire chier dans le Maine. — Ne dis pas de grossièretés, répondis-je machinalement en me demandant à partir de quel moment exactement j'avais commencé à prendre des habitudes de mère. Ned m'extorqua les quelques détails croustillants qu'il put tirer de moi et il allait raccrocher lorsqu'il ajouta des paroles qui depuis l'aube de l'humanité, ont toujours eu, le don de glacer les parents. — Hé, M'man, dit-il, Savais oublié de te dire... — Oui ? répondis-je prudemment. — Ce truc... — Quel truc — Les trucs que tu avais laissés pour les écuries, les poids et le machin qu'il y avait dans l'atelier... Alison est venue il y a deux trois jours les chercher. Je les lui ai donnés, mais j'ai oublié de' l'inscrire sur leregistre. — Oh, Ned ! — Cool, M'man, fit-Al. Au moins, je me suis souvenu de te le dire. Une fois qu'il eut raccroché, je restai à regarder le téléphone pendant si longtemps que Lorna finit parvenir me demander si Çallais bien. Je lui fis signe que j'étais en train de réfléchir et qu'il ne fallait pas qu'elle parle. Elle resta à me considérer pendant un certain temps' puis : — Si tu as décidé de nous faire une imitation de sourde-muette pour le reste de la journée, est-ce que je peux au moins finir ton sandwich ? Je lui balançai le paquet, cornichons compris. — Va manger dans la voiture, dis-je en poussantla porte. — Quelle voiture ? glapit-elle en attrapant le sandwich au vol. La mienne. Presse-toi ! Je t'expliquerai en chemin. A suivre