Débat Hier à l?APN, des députés sceptiques avaient carrément relevé le caractère «dangereux» du projet de loi de finances pour 2005. Abdellatif Benachenhou devait faire, hier, toute une gymnastique pour éviter les tirs nourris des «élus de la nation» dans l?hémicycle de l?APN, venus décortiquer un projet de loi de finances 2005 qui n?a jusque-là pas cessé de nourrir la polémique. Le premier argentier a été assailli de toutes parts. Il devait répondre, par exemple, à cet incompréhensible chiffre de 19 dollars comme prix de référence pour la loi de finances 2005, alors qu?actuellement le baril de pétrole frise les 50 dollars, ou alors à la question de savoir pourquoi le gouvernement s?entête toujours à mettre le cap sur l?austérité budgétaire en pénalisant le citoyen. Ce dernier ne sait que vaguement, s?il n?est pas carrément hors du coup, ce que veut réellement dire une croissance de 7%, une inflation à 4% ou une austérité budgétaire. Ce qui le tracasse, en revanche, c?est cette peur d?apprendre en vrac, que dans cette loi de finances, le gasoil pourrait coûter 5 dinars plus cher, que le médicament pourrait atteindre des pics si le fameux taux de 7% de TVA venait à être adopté, et que s?il ne s?acquitte pas convenablement de trois mensualités de loyer, son logement social risque de lui être carrément confisqué. Benachenhou avait, comme à l?accoutumée, bâti son argumentaire sur la base des chiffres : 40 milliards de dollars de réserves attendus à la fin 2004 ; 23 milliards de dinars d?économie d?intérêts sur le budget 2005, une croissance économique 2005/2009 qui nécessite 3 800 milliards de dinars ! Dubitatifs, des députés, se basant pour la plupart sur des lectures alarmistes d?analystes, ont estimé qu?il ne fallait pas mettre tout le poids sur le citoyen, celui-ci étant déjà victime d?un pouvoir d?achat en éternelle érosion et incapable de supporter d?autres «sacrifices». D?autres ont évoqué carrément une «erreur d?aiguillage» de la part du gouvernement. Une erreur qu?il faut rectifier avant le vote prévu dans l?hémicycle le 8 novembre prochain. Il y a aussi ceux qui ont qualifié le projet Benachenhou de «dangereux», donc à revoir de fond en comble, quitte à perdre encore du temps. Mais le ministre des Finances ne l?entend guère de cette oreille. Pour les grands équilibres macro-économiques et par volonté de réduire de façon draconienne les dépenses publiques, il fera le forcing et très peu de concessions.