90 minutes ! On joue le temps mort. Point de prouesses, point d?exploits. Un vide sidéral comblé outrageusement par des «dribbles» qui font perdre au football ses lettres de noblesse. Des présidents s?accusant mutuellement. Des arbitres cloués au pilori, des joueurs coupables de lever les deux pieds? Le tout donnant un match nommé : complot. A chaque match suffit sa peine. Et la grande peine du football, ce sont, incontestablement, ces accusations tous azimuts que se jettent mutuellement les acteurs du sport roi. Un football déjà pauvre en prouesses et dont les matches ne se jouent pas forcément sur le terrain. Il perd le peu de crédit qui lui reste lorsqu?il se laisse berner par des tribulations de tous genres : les accusations de complots en premier lieu. Hannachi, vient de le faire. Pour lui, le moment est bien choisi : les Canaris ne chantent plus gaiement comme avant, l?euphorie africaine fait désormais partie de l?histoire et le poste d?entraîneur en chef est vacant, mais au bout, la JSK a besoin de se refaire une notoriété. Dans une poudrière nommée Kabylie. Avant lui, Serrar avait choisi le même mot, avec la même teneur pour expliquer aux Sétifiens pourquoi il a décidé de jeter l?éponge sans s?attirer les foudres d?un public sétifien qui accepte tout sauf le fait que l?orgueil «noir et blanc» soit bafoué par une défaite sur les terres bénies de Sidi El-Khier. Les accusations de complot et de conspiration ne se limitent pas à ces deux présidents dont les détracteurs, ceux-là mêmes auxquels profite le complot, peuvent leur accorder des circonstances atténuantes d?avoir parlé sous le coup de la colère pour justifier leur mauvaise passe. Mais colère ou pas, notre football n?est pas blanc comme neige. La balle des accusations passe de pied en pied sur un terrain devenu fertile pour tout sauf pour le football enchanteur qui, naguère, du temps de l?amour des couleurs, nous a mis du baume au c?ur, en contemplant onze Algériens, les yeux pétillant de bonheur. Autres temps, autres m?urs, il ne se passe pas une saison sans que l?on dénigre un arbitre qui n?a pas sifflé un penalty pourtant trop flagrant ou un hors- jeu que tout le monde aura constaté, un commissaire de match qui aurait fermé les yeux dans une arène devenue, l?espace de 90 minutes, un véritable traquenard ou alors des joueurs qui auraient levé les deux pieds pour ensuite être radiés carrément de l?équipe, non sans avoir, évidemment, amassé des liasses de dinars au tout début de l?exercice. Il ne se passe pas aussi une saison sans que la FAF et la LNF soient dans le box des accusés qu?on nomme, dans le jargon footballistique, «tricheurs». Même la télévision est montrée le plus souvent du doigt et accusée à tort et à travers de favoriser une équipe contre une autre et de monter un président contre un autre. Que reste-t-il alors de bon et de croustillant dans ce football honni quand tout le monde est supposé être coupable jusqu?à ce que son innocence soit prouvée ? Rien, le spectacle n?est pas du tout beau à voir et les travées des stades continuent de subir les stigmates d?un football malade, léthargique pourtant considéré comme une véritable industrie. Une industrie qui brasse des milliards, mais, malheureusement, en manque terrible de repères et de vertu.