Une ville, une histoire

Le secret de la vieille femme (2e partie)

Résumé de la 1re partie La vieille Fatima mène ses fils, ses belles-filles et ses petits-enfants à la baguette. C?est elle aussi qui tient les finances de la maison.
Ce matin-là, la vieille Fatima est en train de bêcher son jardin-potager. Elle en prend grand soin car ce jardin fournit une bonne partie de l?alimentation de la famille.
Il fait chaud et la vieille est mal à l?aise. Elle a l?idée de s?arrêter et de rentrer à la maison, mais comme elle vient de reprocher à ses belles-filles de ne pas travailler suffisamment, elle ne veut pas que celles-ci se moquent d?elle. Il faudrait leur donner des explications, dire qu?elle ne se sent pas très bien, voire qu?elle est peut-être malade? Des explications dont elle a horreur.
? Han ! Han !
Chaque coup de bêche lui coûte de gros efforts. Elle lève la tête pour souffler un peu. Elle aperçoit un de ses petits-fils ;
?Ahmed, Ahmed ! crie-t-elle, viens un peu par ici !
Le jeune garçon s?approche, effrayé, comme s?il avait quelque chose à se reprocher. Il entre dans le jardin, mais n?avance pas vers sa grand-mère.
? Voyons, approche, je ne vais pas te manger !
Il approche. Elle s?éponge le front, en profite pour se reposer un peu.
? Tu es tout en sueur ! dit Ahmed.
? Oui, dit la vieille, il fait chaud et je n?ai plus vingt ans?
Elle tend la bêche au garçonnet.
? Toi, en revanche tu as douze ans et tu peux bêcher !
? Je ne sais pas bêcher !
? Eh bien, tu vas apprendre, il y a un début à tout !
Elle lui met la bêche entre les mains et le garçonnet donne maladroitement quelques coups. La vieille lui enlève l?instrument des mains.
? Ce n?est pas comme ça, tu vas abîmer les plantes !
? Je viens de te dire que je ne sais pas bêcher !
? Je vais te montrer.
Elle reprend donc la bêche et la tient fermement.
? Voilà comment on donne les premiers coups, puis?
Mais elle ne finit pas sa phrase. Elle a l?impression que la terre se renverse et qu?elle prend la place du ciel. Elle tourne sur elle-même.
Ahmed rit : c?est que sa grand-mère, qu?il n?a jamais vu plaisanter, est vraiment drôle.
? Tu danses ! dit-il
Mais Fatima ne rit pas. Elle tourne vers le petit un visage défait. Ses yeux, révulsés n?offrent plus au regard que les pupilles. Le petit Ahmed pousse un cri.
? Grand-mère !
Et la vieille s?écroule, inconsciente.
? Au secours ! Au secours ! crie le petit, épouvanté ;
Des hommes qui passent par là accourent.
? Elle est morte ! dit l?un d?eux !
? Non elle respire encore ! (à suivre...)