Phénomène n Dans le vieux Semmar, s?il est aisé de décrire les conditions de vie dans toute leur précarité, il est, en revanche, difficile d?expliquer l?ampleur de la violence et de la haine. La petite ville est sillonnée par d'énormes camions. Il y a même une grande place pour les monte-charges et les chariots élévateurs. Les livreurs continuent anormalement à encombrer les routes. Les places de stationnement sont inaccessibles. Trop de monde. Les rues sont prises d?assaut par des poubelles puantes qui attirent des meutes de chats. Marcher à pied, même dans la boue, est certainement la façon idéale de traverser la ville car, en voiture, l?on risque de passer plus d?une heure dans un embouteillage monstre à cause d?une mauvaise man?uvre d?un conducteur de chariot élévateur à l?entrée d?un lotissement où s?entremêlent des dizaines de grossistes en agroalimentaire. Naturellement, la tchippa est omniprésente ; comment pourrait-il en être autrement pour les nuées de jeunes qui se plaignent de se retrouver écartés des emplois. Boue, pluie et bruit. C?est ce à quoi on a droit, ici. On a droit aussi à une procession de camions qui, comme un funambule de cirque, marchent doucement pour tenter de préserver leur équilibre et éviter une chute sur cette route éventrée. Le bitume, qui la recouvrait, a été décapé, il y a plusieurs mois, par une entreprise de travaux publics privée, à raison d?un million de dinars le kilomètre, mais les travaux sont aujourd?hui totalement abandonnés. Renseignement pris, le contrat avec ladite entreprise a été résilié par la direction des travaux publics de la wilaya d?Alger après plusieurs mises en demeure. Outre ce fait, la priorité des priorités, pour la DTP, est évidemment le chantier de l?échangeur de Baba Ali ? qui sera l?un des carrefours principaux de l?autoroute Est-Ouest ? que le maître d?ouvrage doit impérativement achever dans les semaines à venir après les remontrances de Amar Ghoul.