Abderrahmane, divorcé, est père de quatre enfants. Invalide, ne travaillant pas, c'est sa fille qui subvient à ses besoins. C'est lui qui prépare le repas en attendant que sa fille rentre. Ils sont aidés par la communauté, en contrepartie Abderrahmane rend service à ses voisins. Abderrahmane a préparé sa chorba le matin avant de sortir, laissant les autres mets et les salades à la fin de la journée. Il est dans la cuisine lorsque sa fille rentre du travail. Visiblement bon cuisinier, il mijote un plat au poulet, des abats à la sauce piquante et des frites. Un hors-d'œuvre salade, tomate, œufs durs et thon accompagne le tout. D'habitude, Abderrahmane et sa fille rompent le jeûne dans la cuisine, mais pour la circonstance, ils nous accueillent au salon. Installés à même le sol, pour les uns et sur le canapé pour les autres, tous se mettent autour de la table. C'est Abderrahmane qui fait le service. S'occupant de tous en bon hôte, il arrive à créer une ambiance conviviale. Assis près de sa fille Sihem, il raconte sa vie et sa solitude avec elle. Il déplore qu'«il n'y ait pas autant de personnes» autour de sa table. Il a les larmes aux yeux lorsqu'il évoque sa famille, sa fille mariée, son fils à l'étranger et son fils décédé. Une fois la chorba finie, Abderrahmane sert le plat de résistance, tout en nous proposant les salades. Pendant le repas, Abderrahmane fait des va-et-vient entre la cuisine et le salon pour les dernières retouches. L'odeur du café arrive jusqu'au salon. Le repas touche à sa fin, lorsque Sihem apporte le dessert. Entre-temps, Abderrahmane commence à débarrasser la table. Sihem sert le café et le thé. Comme la coutume l'exige, démunis ou pas démunis, le ramadan c'est sacré et il faut y mettre les moyens quoi qu'il en coûte. Les membres du comité de quartier de la cité Sidi Bennour nous rejoignent pour les accompagner à Benchaâbane, au moment de la prière des taraouih.