Le «rob» et le «boudin de gelée aux amandes», deux produits de l'art gastronomique traditionnel de Médéa, sont aujourd'hui menacés de disparition, faute d'une poursuite de l'activité de transformation du cépage, en déclin depuis trois décennies. Le «rob», suc épuré obtenu d'une variété de raisin, le «cinsault» en l'occurrence, et le «boudin de gelée aux amandes», appelé communément «halwat laaneb», fabriqué également à base de raisin, sont les derniers survivants d'une tradition culinaire séculaire qui faisait la fierté des artisans transformateurs établis dans les vieux quartiers de Médéa et des localités limitrophes de Benchicao, Tizi-Mahdi et Si-Mahdjoub. Très répandue, autrefois, dans ces régions à vocation viticole, la transformation traditionnelle du raisin a perdu l'essentiel de ses artisans au cours des trente dernières années, dont certains se sont, depuis, reconvertis dans des activités plus lucratives et moins contraignantes, d'autres, ont préféré quitter simplement ce métier. Cette activité traditionnelle, qui disposait d'un réseau de fabrication constitué de dizaines de petits ateliers de transformation, a subi, dès la fin des années 1970, les contrecoups de la reconversion de l'activité agricole, orientée essentiellement sur le développement de cultures à grande valeur ajoutée, telles que l'arboriculture et les produits maraîchers. En outre, le maintien en l'état d'un système de fabrication et de commercialisation, vieux de plusieurs siècles, a contribué au déclin de cette activité qui n'a pas su adapter son outil de production aux mutations économiques et pouvoir ainsi accompagner l'évolution des habitudes de consommation induites par ces changements, selon des spécialistes. Mais, en dépit de ces difficultés, des produits dérivés du raisin continuent d'être préparés encore de nos jours dans les rares ateliers encore en activité à Médéa, et déclinés sous différentes formes : nectar, pâte concentrée, gélatine, et autant de parfums, très prisés pendant l'hiver pour leurs vertus thérapeutiques.