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Philippe Claudel
«La littérature est tragique»
Publié dans Info Soir le 05 - 02 - 2008

Ecriture n Le rapport de Brodeck, un livre écrit par Philippe Claudel. vient de paraître aux éditions Sedia, dans la collection Laurier.
Le roman qui a reçu, en 2007, le Prix Goncourt des lycéens, est à la fois beau et sombre, plein d'émerveillement et chargé d'effroi. Beau, parce qu'il raconte la nature. Sombre, parce qu'il dit jusqu'au dégoût et jusqu'à l'extrême la nature humaine. Deux écritures relevant chacune d'une description saisissante s'emboîtent, créant ainsi un seul langage littéraire. Une seule unité de l'imaginaire et de l'esthétique. Deux écritures paradoxales, mais qui se complètent.
S'exprimant hier lundi lors d'une rencontre au théâtre de verdure, l'auteur, Philippe Claudel, a relevé que «la littérature est tragique». «Elle est faite de rires ironiques», poursuit-il, ajoutant : «La littérature inspecte nos vies.» L'auteur a, en outre, estimé que «toute littérature est autobiographique».
Ainsi, hormis les habillages pittoresques, la littérature porte en elle nos vies, nos traumatismes, nos peurs, nos joies, nos fantasmes, nos illusions, nos suspicions… Elle porte en elle l'homme avec sa bonté et sa cruauté, sa beauté et sa laideur, sa sensibilité et son indifférence. La littérature est aussi redondance puisqu'elle évoque la même réalité, celle de l'homme. «La littérature consiste à rendre ce qui a été dit, mais autrement, différemment.» L'un des rôles de l'écrivain est alors de réactualiser par un travail d'imagination et par le langage littéraire la réalité, en la présentant de manière à intéresser le lecteur. Le rapport de Brodeck raconte une histoire qui se déroule à partir d'un fait divers. Le roman raconte un village sans nom, des gens qui cultivent le chaos. Un crime collectif vient d'être commis : les hommes du village ont tué un homme sans nom, un étranger à la communauté. Le roman raconte ce que Brodeck, le narrateur, voit, entend. N'ayant pas participé à l'assassinat, Brodeck, alors que son activité consiste à établir de brèves notices sur l'état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, est chargé de rédiger un rapport sur le meurtre pour dédouaner les meurtriers. Cette charge lui incombe seulement parce qu'il n'a pas participé au massacre et aussi parce qu'il sait écrire.
Dans ce roman, l'auteur s'emploie à dire, à dévoiler, à décrire, à décortiquer et à analyser la nature humaine jusque dans son horreur et son tragique. «Pour essayer de comprendre les hommes, a-t-il dit, il faut creuser jusqu'aux racines. Il faut creuser dans ses fissures et lui faire rendre le pus. Se salir les mains. Rien ne me dégoûte. C'est ma besogne.» Et rien ne le choque, ni le traumatise. Et de confier : «J'ai rêvé d'être aventurier, un explorateur. Je le suis dans un sens. J'explore le seul continent qui reste inconnu. C'est le continent intérieur. Je suis un "spéléologue" de l'âme.»
Le roman raconte l'indifférence, le refus de l'autre. Un comportement propre à l'homme. Ce refus se traduit par l'extermination. Tout ce qui est différent, étranger à soi ou à la collectivité est à anéantir.
l Philippe Claudel est l'auteur de plusieurs livres dont Les âmes grises qui a connu en France un franc succès. Il a obtenu, en 2003, le prix Renaudot. «Se faire traduire, c'est une chance. Ça permet de traverser les frontières, de rassembler une communauté humaine autour d'un livre», a-t-il souligné. Le succès littéraire de les âmes grises a abouti à l'adaptation du roman au cinéma dont il a écrit le scénario. «Le film est sélectionné en compétition officielle pour la Berlinale», a-t-il dit. S'exprimant sur son expérience de scénariste, l'auteur a expliqué : «Le cinéma n'est pas le prolongement de la littérature. Chacune a sa propre écriture, son propre imaginaire, voire son propre langage.» Philippe Claudel défini son écriture comme une écriture visuelle, semblable alors à l'écriture cinématographique. «J'ai une imagination visuelle. Mon souci est de produire des images.» Les âmes grises, traduit en arabe par les éditions Sedia, raconte la guerre. Il s'ouvre sur une petite ville de province aux allures de zoo humain, à quelques encablures du front où les hommes tombent un par un au rythme des obus. Une fillette de 10 ans est retrouvée morte dans l'eau. Qui a fait le coup ? Autant de suspects qui s'offrent aux lecteurs. S'exprimant enfin sur l'articule paru, il y près de deux mois, dans le Times, un magazine américain, selon lequel la France ne produit plus d'idée, donc l'on assiste au déclin de la french culture, Philippe Claudel a reconnu qu'il y a, en littérature, une régression. «Quand on parle à l'étranger de littérature française, on évoque aussitôt Sartre, Camus, Robbe-Grillet…», a-t-il dit. Et d'ajouter : «C'est une littérature qui remonte loin.»


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