Le mawlid est l'expression du respect et de l'amour des musulmans pour le prophète. Pourtant, il s'est trouvé, à diverses époques, des hommes, théologiens ou juristes, pour la condamner, voire l'interdire. Ainsi, au VIIIe siècle de l'hégire (XIVe siècle de J.-C.), Ibn al-Hadjdj, juriste malékite connu pour sa rigueur, la condamne. pour lui, c'est une innovation blâmable (bida'a) qui révèle une influence des sectes mystiques et du christianisme. Ibn Taymiyya l'a également condamnée : ses arguments seront repris par les courants musulmans rigoristes, certains réformistes du XIXe siècle comme Mohammed Ridha et les fondamentalistes modernes, tous opposés à la vénération des saints et à la référence au prophète. D'autres auteurs, plus nombreux, ont défendu, parfois au terme de longs plaidoyers, les principes de la fête. Al-Suyûtî, mort en 1505 a écrit un opuscule célèbre, H'usn al maqsîd fî ‘amal al mawlîd, (De la bonne intention dans l'organisation du mawlîd), où il délivre une sorte de fatwa (autorisation religieuse) pour célébrer la fête. «C'est une innovation heureuse, écrit-il, on peut l'approuver pourvu que l'on évite ses abus.» Aujourd'hui, à l'exception des pays où il est traditionnellement absent ou prohibé (monde chi'ite, Afghanistan…), il est devenu l'expression même de la vénération populaire pour le prophète et de son attachement pour l'islam.