Mohamed Latrèche Un jeune réalisateur natif de Sidi Bel Abbes a présenté son premier film, Rumeur, etc., en avant-première à la Cinémathèque d?Alger. Rumeur, etc. ne traite pas, comme le titre le laisserait croire, de la rumeur, mais raconte le quotidien monotone de Bachir, un jeune chômeur algérien. Un oiseau enfermé dans une cage est le seul ami de Bachir et les matches de football son seul loisir. Assis sur le seuil de sa maison, chaque jour, il attend le facteur qui, peut-être, lui ramènera quelque chose qui changera sa vie : le visa. Mais ce dernier n?arrivera jamais. Alors, une rumeur retient son attention : le week-end sera désormais le samedi et le dimanche et non le jeudi et le vendredi. Cette rumeur devient le seul sujet de ses discussions. En revanche, les gens, qui ont d?autres préoccupations, n?accordent aucun intérêt à ce «changement» qui ne leur apportera rien. En réalité, même Bachir n?a rien à gagner si le week-end change, mais l?ennui et le vide l?ont poussé à trouver quelque chose, même de banal, pour occuper son temps. Ce film est un mélange de fiction et de réalité, il ne retrace pas seulement la vie de Bachir, mais également celle de tous les jeunes chômeurs algériens. En outre, il ne contient pas beaucoup de dialogues ni de plan rapproché de l?acteur principal ; c?est la perception personnelle du réalisateur pour le cinéma. «Le cinéma n?a pas un rôle didactique. Chacun peut faire sa propre lecture du film», explique Mohamed Latrèche. Cependant, le film a un seul message : les jeunes Algériens sont prisonniers de l?ennui. Le scénario de Rumeur, etc. commence par une partie de foot et s?achève sur une autre, avec les mêmes joueurs. Toute l?histoire se déroule dans un espace fermé, comme pour dire que Bachir est enfermé également dans cette vie et cet espace. Des tortues apparaissent plusieurs fois, elles évoquent la lenteur du temps. On remarque aussi qu?il y a peu de mouvement ; les acteurs sont souvent assis, c?est-à-dire qu?ils stagnent. La ville de Sidi Bel Abbes est connue sous le nom de «Petit Paris», mais le réalisateur a voulu casser ce mythe en montrant l?autre face de cette ville et les problèmes qu?elle cache. Il est à signaler que ce film est déjà sélectionné pour le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand et a été tourné l?été dernier à Sidi Bel Abbes.