Conflit n Depuis quelques années, on entend parler de ce nouveau courant musical qui est le «néochaâbi», et qui provoque moult confrontations entre les conservateurs d'un côté, et les «néochaâbistes» de l'autre. L'introduction d'instruments modernes dans ce genre, est considérée par les puristes, comme une «agression» contre les modes traditionnels du chaâbi. Quant à la chansonnette chaâbie, très à la mode en ce moment, elle est présentée comme une production plus commerciale qu'artistique. «Le chaâbi traditionnel ne marche pas, commercialement parlant. Les jeunes recourent donc à la chansonnette pour subsister. Ils sont obligés», estime cheikh Rahma. «Je crois que le néo-chaâbi est un concept initié par une bande de copains. Personnellement, j'encourage les nouvelles initiatives. Mais je ne crois pas, au risque de me faire taxer de conservateur, que l'introduction de nouveaux instruments dans le chaâbi s'accorde avec la mode traditionnelle de ce genre de musique»,dira Mustapha Bouafia, professeur au conservatoire d'Alger et élève de cheikh El-Anka. Et pourtant, c'est exactement ce qu'a fait El-Anka à son époque, il a modernisé le chaâbi en y ajoutant des instruments, dirons-nous à Abdelkader Chercham, en parlant du néochaâbi. il répondra : «Non, El-Anka n'a pas modernisé le chaâbi, il l'a créé, puis il l'a structuré, lui a donné des bases et des règles, et un cachet spécial, mais tout ceci, en respectant les modes et les textes d'antan, et d'ailleurs tous les maîtres qui sont venus après lui, ont gardé ces règles. Aussi, la plupart des chanteurs actuels du néochaâbi, reviennent au chaâbi, ce qui a donc été juste un effet de mode qui n'a pas duré et qui est mort déjà, mais autrement, je n'ai rien contre, sauf l'appellation, car quand on ajoute des instruments modernes et électriques surtout, et qu'on touche aux modes, ça ne peut plus s'appeler chaâbi. Et qu'on s'entende bien, je ne suis pas contre l'évolution et la recherche, mais le tout, sans sortir du mode, et c'est ce qu'a fait El-Anka d'ailleurs». En tout cas, il y a eu pas mal de confrontations et d'animosité dans les rangs des chanteurs et amateurs de chaâbi, néochaâbi, voire chaâbie moderne, ce qui a valu l'intervention intelligente et sage de El-Hadi El-Anka, président de l'association El-Ankaouia, qui dira : «Nous n'avons nullement besoin de confrontations, car notre seul objectif demeure la sauvegarde et l'enrichissement d'une musique qui veut rassembler plutôt qu'autre chose.» Il rejoint en quelque sorte ce que disait son père lorsqu'il affirmait : «Personne ne sera comme moi. Il y aura quelqu'un de mieux que moi ou de moins bien.»