Le monde était unanime hier en déclarant que la mort de Nelson Mandela est une grande perte pour l'humanité entière. Chefs d'Etat, souverains et hommes politiques ont tous salué la mémoire d'un grand homme qui a combattu la ségrégation raciale et qui a donné aux peuples opprimés l'exemple de la lutte pour la liberté. Des journées de deuil décrétées dans certains pays, des drapeaux en berne, une grande émotion et des déclarations rendant hommage à celui qui, par son courage et sa détermination, a brisé les chaînes qui ligotaient son peuple. La première réaction est venue des Etats-Unis, de la bouche du président Barak Obama qui a salué un homme «courageux, profondément bon» et qui a rappelé que «grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l'Afrique du Sud et nous a tous émus». De l'émotion aussi dans les propos de l'ancien président américain Bill Clinton qui a souligné que «l'histoire se souviendra de Mandela comme d'un champion pour la dignité humaine et la liberté, pour la paix et la réconciliation», alors qu'un autre ancien président, Jimmy Carter, a relevé que la «passion» de Nelson Mandela «pour la liberté et la justice ont créé un nouvel espoir pour des générations de peuples opprimés à travers le monde». Il était «l'une des plus grandes voix de notre temps pour la liberté et l'égalité», pour George W. Bush et «un homme d'un courage moral extraordinaire qui a changé le cours de l'histoire de son pays», pour George H. Bush. Réagissant de son côté à la disparition du chantre de la lutte contre l'Apartheid au prix de sa liberté confisquée pendant 27 ans, la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a déclaré que «l'exemple de ce grand dirigeant guidera tous ceux qui luttent pour la justice sociale et la paix dans le monde», alors que pour le président haïtien Michel Martelly, «Mandela n'est pas seulement le père de la démocratie en Afrique du Sud, il est le symbole même de la démocratie». «Résistant exceptionnel», «combattant infatigable de l'Apartheid», ce sont les propos du président français François Hollande qui parlera de Nelson Mandela comme d'un homme qui «aura fait l'histoire, celle de l'Afrique du Sud, celle du monde tout entier. (...) Malgré les épreuves personnelles et les humiliations interminables d'une détention qui aura duré 27 ans, il a pu non seulement renverser un régime abject, mais réconcilier les Sud-Africains et faire prévaloir la démocratie», ajoutera M. Hollande qui a rendu hommage à Mandela à l'ouverture du Sommet de Paris pour la paix et la sécurité en Afrique tout en affirmant que «le monde est en deuil». Le Premier ministre britannique David Cameron, qui a demandé que le drapeau de son pays soit mis en berne au 10 Downing Street, a estimé qu'«une grande lumière s'est éteinte dans le monde». La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas tari d'éloges à l'égard de celui qui a réuni le monde autour de lui. Elle a rendu hommage à Nelson Mandela qui, pour elle, restera un «nom pour toujours associé au combat contre l'oppression de son peuple et à la victoire sur le régime d'Apartheid. Tant d'années en prison n'avaient pas pu briser Nelson Mandela ou le rendre amer», a-t-elle déclaré, tout en soulignant qu'«ensemble avec le peuple d'Afrique du Sud, nous sommes en deuil en Allemagne pour Nelson Mandela». Les propos du président russe Vladimir Poutine vont à l'un des hommes politiques «les plus éminents de notre époque», à un homme «qui a surmonté les épreuves les plus difficiles» et qui «est resté fidèle à ses idéaux d'humanisme et de justice jusqu'à la fin de ses jours». Nelson Mandela était «l'une des plus grandes figures politiques de notre temps», pour le président de l'UE Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. «Il nous a donné, à tous, une leçon essentielle en matière de réconciliation, de transition politique et de transformation sociale (...). Alors que nous sommes en deuil aujourd'hui, il n'y a pas de meilleur moyen d'honorer sa mémoire que de réaffirmer notre engagement à défendre les valeurs démocratiques, réelles et profondes, pour lesquelles Nelson Mandela s'est battu sans relâche», ont-ils déclaré. Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, salue pour sa part la mémoire de Nelson Mandela qu'il considère comme «une icône de la vraie démocratie» et «une source d'inspiration pour les peuples opprimés dans le monde entier». Pour le président congolais Denis Sassou Nguesso, c'est un «un monument» qui vient de partir, un «héros des luttes de libération des peuples du monde» vu comme tel par les dirigeants et les peuples africains selon ses propos. «Nous ne l'oublierons pas et le peuple palestinien n'oubliera pas ses paroles historiques disant que la révolution sud-africaine n'aurait pas atteint ses buts tant que le peuple palestinien n'aurait pas obtenu sa liberté», telle est la déclaration du président palestinien Mahmoud Abbas, qui a assuré que «le nom de Mandela restera éternellement pour toute la Palestine et pour tous les Palestiniens». Trois jours de deuil sont décrétés au Venezuela dont le président, Nicolas Maduro, a déclaré qu'«un autre géant du monde s'en va», de même qu'en Inde, qui considérait Mandela comme «un véritable gandhien dans l'esprit et l'idéal», où cinq jours sont décrétés. Pour le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, «Nelson Mandela était une figure singulière sur la scène internationale, un homme à la dignité calme et à l'héritage imposant, un géant de la justice et une source d'inspiration humaine», alors que les membres du Conseil de sécurité, qui étaient en séance lors de l'annonce de la disparition de Mandela, ont interrompu leur travail pour observer une minute de silence en sa mémoire. Un autre hommage a marqué la journée d'hier, celui de la reine Elizabeth II qui a salué le travail «sans relâche» de Mandela et «son héritage» qui «est l'Afrique du Sud pacifiée d'aujourd'hui», un témoignage rejoint par l'héritier du trône, le Prince Charles, qui estime que «le monde a perdu un dirigeant inspiré et un grand homme». R. M.