À l'occasion de la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale en cette date emblématique du 1er Novembre 1954, un spectacle grandiose intitulé Malhamat El Djazaïr (Epopée de l'Algérie) a été présenté vendredi passé sous un chapiteau à la coupole du Complexe olympique Mohamed-Boudiaf, à l'initiative du ministère des Moudjahidine en collaboration avec l'Office national de la culture et de l'information (Onci). La soirée a officiellement débuté avec une cérémonie d'hommage à des artistes et intellectuels algériens, en l'occurrence Maâti El Bachir, Omar El Bernaoui, Mohamed Boulifa, Ahmed Bousaboun et Kinda Sahra. Suite à cette série d'hommages, la salle est plongée dans le noir avant que ne s'illumine la scène et apparaissent des silhouettes éclairées par des lumières bleutées et rougeoyantes, puis un halo de lumière éclatant mis en relief la talentueuse Lamia Betouche, incarnant l'Algérie drapée de blanc avec l'emblème national sur l'épaule. Sur une musique poignante apparaît Mohamed Adjaïmi vêtu de l'emblématique burnous de nos hautes montagnes incarnant le Temps. Les deux artistes vont être le fil conducteur de cette épopée dédiée à l'histoire de l'Algérie depuis l'aube des temps jusqu'aux années les plus récentes. La fresque historique admirablement mise en scène par Omar Fetmouche, a été portée par près de trois cents artistes et deux cents techniciens qui ont uni leurs talents et leurs compétences au service de la réussite d'une œuvre esthétique émouvante, véritable hommage de la jeunesse d'aujourd'hui à la jeunesse du 1er Novembre 1954 qui a uni ses forces pour relever le défi de libérer le peuple du joug colonial. À travers une vingtaine de tableaux, un condensé de l'histoire de l'Algérie terre de créateurs et de résistants, depuis les premières peintures du Tassili jusqu'au jour d'aujourd'hui a été présenté. Le spectacle a été porté par le texte du regretté Omar El Bernaoui, serti des plus beaux extraits de la poésie de Moufdi Zakaria, l'Emir Abdelkader, Abdelhamid Benbadis, mais également des plumes d'Abou El Kacem Khemmar, Azzeddine Mihoubi, Slimane Djouadi et le jeune poète, Brahim Seddiki. La beauté du spectacle a également été rehaussée par les chorégraphies pleines de vitalités et pertinemment adaptées au texte et exécutées par une quarantaine de danseurs sous la direction du chorégraphe Ryad Beroual. Puisant dans la richesse des mouvements de danses des différentes régions d'Algérie et même celles venues d'ailleurs prisées par la jeunesse d'aujourd'hui, Ryad Beroual a intelligemment dirigé les grandes potentialités des danseurs et acrobates, offrant des tableaux émouvants adaptés à la narration dramaturgique faisant ainsi de la danse un élément scénique à part entière et non pas juste une exhibition. L'autre élément contribuant à la réussite du spectacle est la musique, en symbiose avec les différentes situations scéniques, rendant hommage à la richesse des sonorités des différentes régions de l'Algérie, de la musique citadine à la bédouine en passant par la moderne. Des arrangements musicaux signés du mMaestro Amine Kouider, sur des compositions de Kouider Bouziane, Mohamed Boulifa, Mokhtar Boudjlida et Mâati Bachir, illustrant les passerelles et le nécessaire lien entre l'ancienne et les nouvelles générations. Un autre élément de la réussite de ce spectacle emblématique est la scénographie de Habbal. Boukhari, véritable alchimiste de la lumière, des effets sonores, des décors qui changeaient subtilement tout au long du spectacle sans trop charger l'espace scénique et le choix adéquat des costumes reflétant les différentes époques dont la beauté est signée des doigts d'or de Salima Kourari et ses équipes. Ainsi, la musique, la scénographie, la chorégraphie le texte et la direction des comédiens, tant dans les expressions du visage, des mouvements du corps et de l'occupation scénique des différents artistes évoluant sur scène, ont été menés de main de maître par Omar Fetmouche secondé par Ayoub Amriche. Créant une véritable synergie au sein de toute cette armada d'artistes et de techniciens dont la majorité sont des jeunes pour offrir un spectacle digne de nos glorieux martyrs et de leur sacrifice pour l'espoir d'une Algérie libre et indépendante clôturant le spectacle en scandant spontanément en symbiose avec la foule qui les applaudissait One Two Three, Viva l'Algérie. Très ému, le directeur de la communication de l'Onci, Samir Meftah, confiera après le spectacle : «Nous avons travaillé jour et nuit pour la réussite de ce spectacle, 100% mis en scène par le formidable Omar Fetmouche [...]. Notre fierté est le défi relevé par ces jeunes artistes algériens, leur dévouement et leur abnégation au travail. Ce sont des jeunes venus des 48 wilayas dont beaucoup ont à peine 18 ans et ils ont su être à la hauteur de ce défi malgré les grandes difficultés du peu de temps pour la préparation du spectacle.» Au Final, le plus émouvant dans le spectacle c'est l'authenticité de l'interprétation et du jeu des artistes sur scène, une ferveur et un enthousiasme de toute cette jeunesse porteuse d'espoir d'une Algérie unie, d'un meilleur avenir et surtout de l'amour indéfectible pour la mère-patrie, au-delà des blessures, au-delà des trahisons, au-delà de toute les embûches et les entraves pour que le sermon de l'Appel du 1er-Novembre soit porté haut et fort par la jeunesse. Et il est temps de transmettre le flambeau à la jeunesse. Une jeunesse qui a encore une fois démontré à travers ce spectacle qu'elle était capable de relever les plus grands défis, au-delà de toutes les critiques. Il suffit pour cela de créer le liant intergénérationnel, donner la méthodologie ainsi que les moyens de travail et, surtout, faire confiance à ces jeunes pétris de talent et de ferveur de bien faire car se sont eux la relève, l'espoir de l'Algérie. S. B. Omar Fetmouche : «C'est un bonheur de voir la réussite de ce spectacle porté par la jeunesse algérienne.» Auteur, comédien et metteur en scène, Omar Fetmouche a relevé avec brio le défi de monter un spectacle avec une équipe de 500 techniciens et artistes en à peine 25 jours pour offrir une œuvre de qualité. Il confie à la suite de la représentation : «Sincèrement, c'est un bonheur de voir la réussite de ce spectacle, haut en couleurs, tel que nous l'avons rêvé avec l'équipe. La grande satisfaction est que, grâce à l'enthousiasme de tous ces jeunes, nous avons relevé le défi du temps restreint avec une rigueur dans la méthodologie et le travail. L'équipe a subi beaucoup de critiques pendant la préparation du spectacle. Pour les motiver je leur citais Shakespeare. Beaucoup de bruit pour rien et au final cela a été une réussite. Il s'agissait d'offrir un spectacle festif fait par des jeunes algériens pour offrir de véritables bouquets de couleurs et de palettes esthétiques. Porteur d'un message d'espoir pour les jeunes et par des jeunes et c'est cela la véritable réussite.» S. B.