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Avec Mehri, on a rêvé de Maghreb et de démocratie
Trois ans après son aller simple vers les cieux, Si Abdelhamid
Publié dans La Tribune le 02 - 02 - 2015

La biologie et l'histoire rythment le mouvement inexorable de l'horloge de la vie. Ils constituent, et, c'est l'essence même de la fatalité, la philosophie du mektoub. Elles font leur œuvre, dussent-elles être funestes et macabres. Dieu que l'exercice nécrologique autant que l'hommage post-mortem sont cruels ! Presque impossibles. Cruels. Surtout quand il est question de justes parmi les plus justes, de justes au-dessus des justes. Si Abdelhamid Mehri, disparu il y a trois ans, à 85 ans, en fut un, parmi les plus grands. La démocratie algérienne, toujours embryonnaire, toujours en gestation depuis la création de l'Etoile nord-africaine, est toujours orpheline de la perte irréparable de Si Abdelhamid Mehri.
Mehri est né sous une bonne étoile, du côté de Oued Zenati, l'année même de la naissance de l'ENA, l'Etoile nord-africaine, matrice et précurseur du songe unitaire maghrébin, dont Tanger sera en 1958 l'esprit et la prémonition. Le présage d'un rêve, à ce jour, jamais réalisé. Ministre du Gpra, le
Gouvernement provisoire de la révolution algérienne, émancipatrice de son peuple qui en était la sève nourricière, Si Abdelhamid, quoique plus jeune que ses pairs marocains et tunisiens d'alors, était digne des pionniers du grand rêve maghrébin. À l'image de Messali El-Hadj, Amar Imache, Hadj Ali Abdelkader, Si Djilani, Belkacem Radjef, Ahmed Belghoul et, celui dont le nom était le plus retentissant, l'Emir Khaled El Hassani Ben El Hachemi, petit-fils de l'Emir Abdelkader Ben Mohieddine, génie géniteur de l'Etat algérien moderne.
Alors, bonté divine, celle qui nous a ravi les repères majeurs, les tabernacles
de lumières, de qui parler donc après le voyage en aller simple vers les cieux de Si Abdelhamid ? Du nationaliste d'eau pure ? Du militant du PPA-Mtld, devenu centraliste, par amour du juste milieu et du sens du compromis politique intelligent et dynamique ? Du dirigeant nationaliste ? Du frère, du père, de l'oncle, de l'ami, du compagnon, du grand-père, du mari tellement aimant, si attentionné, et ô combien dévoué et disponible, dont l'amour de sa patrie, de ses sœurs, de ses frères, de ses enfants et petits-enfants, et de tous ses compatriotes, fut d'une infinie tendresse ? De qui parler, et qui évoquer ? Le démocrate de toujours qui avait l'oreille patiente, toujours respectueuse de l'avis de l'autre ? Parler alors du Mehri qui aimait tant, pour dire son respect de l'avis de l'Autre, aimait citer l'imam progressiste Abou Abdallah Muhammad Bin Idriss al-Chafii, descendant direct des hachémites ? Souvent, Si Abdelhamid rappelait à ses interlocuteurs, à ses détracteurs comme à ses admirateurs, une célèbre sentence de l'imam koraïchite, qui est la quintessence même de la philosophie démocratique : «Notre point de vue est faux mais est susceptible d'être juste, le vôtre est juste mais peut supposer l'erreur.» Si Abdelhamid fut l'incarnation morale et intellectuelle de la synthèse politique de l'honnête démocrate. Ce qu'il fut toujours au PPA-Mtld, au FLN et au Gpra. Au titre de ministre de l'Education ou de l'Information. Comme formateur avec le couvre-chef de directeur de l'Ecole normale supérieure d'Alger. De même que comme ambassadeur en France et au Maroc. Ou bien en sa qualité de secrétaire général d'un FLN post-Octobre 1988 qu'il a soumis à une double cure d'opposition politique au régime et d'apprentissage démocratique. De qui parler encore ? Du Mehri qui fut le principal artisan du Contrat de Rome qui obligea les islamistes radicaux, adeptes de l'Etat Théocratique, même au prix des armes, à accepter le choix de la politique comme seul moyen d'accéder au pouvoir et d'y rester ? Faut-il encore évoquer le Mehri dont la constance, la pugnacité et la fraîcheur démocratique furent subversives pour le pouvoir ? Au point de le dégommer de son poste de SG du FLN, en 1996, grâce à ce qui deviendra célèbre sous le vocable si détestable de «coup d'Etat scientifique» ? Faut-il parler davantage de Si Abdelhamid pédagogue politique éclairé et éclairant, prêtre de la démocratie en Algérie et chantre du Maghreb, deux objectifs non réalisés de la Révolution du premier Novembre 1954 ?
Un Si Abdelhamid ulcéré un jour d'avoir été empêché par le régime (incarné par
M. Abdelaziz Bouteflika) d'organiser à Alger une rencontre académique sur le Maghreb, tel que défini par l'esprit de Tanger, pas par l'esprit de Marrakech qui accoucha d'un vide nommé UMA ? Faut-il enfin parler de Si Abdelhamid Mehri, de celui que le président Abdelaziz Bouteflika n'a pas écouté, ou si peu, lorsqu'il lui a suggéré de réunir un consensus national préalable à toutes réformes politiques ? Qu'il n'a pas entendu quand il lui a suggéré de réunir toutes les forces vives et vitales de la nation pour organiser une transition démocratique qui aurait rédigé une nouvelle Constitution. Un peu à la tunisienne, mais sans la symbolique du martyrologe que fut Mohamed Bouazizi.
Si Abdelhamid est parti, à pas feutrés, avec révérence, sans voir un jour son Algérie réaliser le rêve de l'Etoile nord-africaine, de la Conférence de Tanger et des jeunes d'Octobre 1988. Mais de là où il est, au royaume des justes et des bienheureux qui «sont à la droite du Seigneur», il regardera avec tendresse et calme, avec son œil indulgent et sagace, l'évolution de son Algérie. Une marche tellement laborieuse vers le paradis démocratique tant rêvé auquel il a consacré l'essentiel de sa vie d'homme et de militant. Pour tout cela et pour nous, il n'est pas parti. Il est toujours là.
N. K.


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