Quand à la suite de l'assassinat d'une jeune dans une ville qui ne sera pas citée, la section locale de la Ligue pour la défense des droits de l'Homme dénonce de cette manière l'ignominie : «Ce crime abominable qui ne correspond ni à la culture ni à la nature de la population de la ville de...plutôt pacifique et accueillante», une telle perception de la nature même de la victime, du milieu où elle vivait et par extrapolation de celle (nature) du reste du pays ne peut que relever de l'équivoque en ce sens qu'inconsciemment sans doute ses auteurs instillent une sorte de grille des mœurs laquelle tout en absolvant d'autorité une population donnée n'en jette pas moins, involontairement évidemment, une sorte de discrédit sur les autres. Mais au-delà de la sémantique, des postures, il est malheureusement une cruelle réalité, celle de la violence faite aux femmes. Il ne se passe plus désormais une seule journée qui ne véhicule pas son fait divers, enlèvements de personnes très vulnérables, notamment, les collégiennes, les enfants, et, hélas, généralement suivi d'actes criminels, autrement dit viols, et, dans le pire des cas, accompagnés d'assassinat. Depuis ces dix dernières années les temps ont changé déteignant forcément sur les comportements habituels, forçant le trait sur de nouvelles attitudes comme la manière de s'habiller, de se coiffer, se maquiller, marcher, même si foncièrement et de manière générale la société demeure recroquevillée sur elle-même, voire chevillée à des us, coutumes et traditions auxquels ses membres feignent de croire ou veulent donner l'illusion qu'elles sont toujours pérennes. Au jour d'aujourd'hui, un à un se désagrègent des pans de société qui aspirent à vivre simplement, des femmes, mais aussi des hommes dont le seul tort serait d'être de leur temps. Pour une femme fumer dans un café, porter une jupe courte, mettre en valeur ses atouts physiques, et, pour un homme être différent de ses semblables, effraie une majorité silencieuse et irrite violemment une minorité, celle-ci plus violente puisqu'elle passe à l'action pour préserver la morale ou, c'est plutôt le cas, pour assouvir une frustration chronique sinon extérioriser un instinct bestial, une sauvagerie animale. Lorsqu'un drame a lieu quelque part, les condamnations viennent de partout et c'est tant mieux d'ailleurs car se taire c'est pratiquement cautionner, et ce même si condamner c'est quelque part crier avec le loup notamment pour ceux qui, au motif d'en être les représentants, le font au nom des autres...associations, ligues, partis politiques. La récupération en somme. Mais encore ces condamnations, dans la majorité des cas, mettent en cause l'aspect rétrograde du code de la famille, lequel code vaut ce qu'il vaut, mais a quand même le mérite d'exister ce qui, autrement dit, n'empêche pas tous ceux qui le décrient d'en solliciter, malgré la difficulté et peut-être même l'impossibilité d'y parvenir compte tenu de l'immobilisme d'une société hyper-conservatrice très soucieuse des dogmes, la révision ou la réforme pour peu que ces derniers aient la volonté de tenir face à l'autre camp. En fait et il suffit pour cela de regarder immédiatement autour de soi, au sein de sa famille pour constater malheureusement que le premier dans la société algérienne à minoriser la femme est la femme elle-même. L'épineux phénomène de la femme battue conforte cette réalité. Dans tous les cas de figure celle-ci accepte une sous-condition selon le fallacieux argumentaire de préserver d'abord l'image extérieure du couple, de la famille et ensuite la sérénité de sa famille originelle, ses parents. Il en va ainsi autant pour le viol et l'inceste. Seuls les sociologues sont en mesure d'expliquer ce déphasage soudain dans la société algérienne, cette overdose de violence tous azimuts, son acceptation à la limite de celle de l'agneau prêtant son cou à la lame. Une sorte de fatalité que d'aucuns n'hésiteraient pas à s'en faire la règle pour peu qu'elle ne débouche pas sur l'irréparable, quitte pour cela à vivre l'enfer chaque jour que Dieu fait. La femme l'avenir de l'homme, dites-vous ? «L'homme n'est l'avenir de rien», répond le chanteur Renaud. A. L.