Paris est toujours sous le choc de cette nuit sanglante sans précédent. Mais la stupeur semble s'estomper, et la peur a de moins en moins de prise sur une population qui se rend depuis samedi dernier, malgré l'interdiction de réunion instaurée par l'état d'urgence, par des flots de centaines de personnes aux six lieux des attentats et à la place de la République pour des instants de recueillements, en déposant des bougies et des fleurs à la mémoire de celles et de ceux qui ont été victimes de la barbarie terroriste. C'est un esprit de solidarité et de résistance qui s'amplifie. Pendant ce temps, l'enquête ouverte dans la nuit de vendredi et confiée au procureur de Paris, François Molins, progresse dans ses investigations. Dès sa première communication publique, samedi soir, le procureur a révélé qu'outre les sept kamikazes morts, d'autres terroristes en fuite sont à l'origine des attentats des bars et restaurants mitraillés. Donc, c'est l'identification de «trois équipes de terroristes» qui est en cours avec des premiers résultats. Ainsi, un des assaillants kamikaze a été identifié par ses empreintes, grâce à un doigt sectionné retrouvé dans la salle de spectacle le Bataclan. C'est un Français de 29 ans, Omar Ismaïl Mostefaï. Fiché pour sa radicalisation islamiste, condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun, il n'a «jamais été impliqué» dans une action terroriste. Sept membres de sa famille ont été placés en garde à vue. L'enquête est allée jusqu'à la banlieue de Bruxelles, où trois personnes ont été interpellées pour savoir si elle faisait partie du commando recherché, des suspicions sérieuses pèsent sur deux d'entre elles qui étaient à Paris vendredi soir. Par ailleurs, une voiture Seat noire utilisée lors des fusillades a été retrouvée samedi soir à Montreuil, commune proche de Paris, avec plusieurs fusils d'assaut Kalachnikov à l'intérieur. La police judiciaire est donc engagée sur plusieurs pistes afin d'identifier les criminels, leurs relais et leurs commanditaires. Sur le plan politique et sécuritaire, le Premier ministre français, Manuel Valls, et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont réaffirmé dimanche que la guerre contre Daech sera livrée sans merci, qu'il sera frappé «pour le détruire en France, mais aussi en Irak et en Syrie». De son côté, le président Hollande a reçu, durant toute la journée d'hier, les responsables de tous les partis politiques du pays ainsi que les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, dans une volonté d'établir une unité nationale et de recueillir leurs avis sur de nouvelles mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme. Mais cette unité nationale risque d'être illusoire à écouter l'ex-président Nicolas Sarkozy qui, en sortant de l'Elysée, et contrairement aux usages, a réclamé «des inflexions majeures» à la politique sécuritaire et à la politique étrangère du pays, tandis que la chef du Front national saisie la moindre opportunité pour promouvoir ses idées extrémistes. Il est vrai aussi que la politique syrienne du pouvoir et ses positions vis-à-vis de la Russie prêtent à discussions. Le temps fort de la journée d'aujourd'hui sera la réunion du Parlement en congrès, au palais de Versailles, pour entendre une déclaration solennelle du président de la République. Un événement très exceptionnel dans la vie institutionnelle française. M. M.