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Le gaz butane : un mirage à Timimoun
C'est une chimère et un luxe pour les habitants de l'oasis rouge
Publié dans La Tribune le 04 - 02 - 2009


Photo : S. Zoheir
De notre envoyé spécial à Timimoun
Abderrahmane Semmar
A 1 230 km, Timimoun, la perle du Sahara, décline son charme magique sur les étendues infinies du plateau de Tadmaït et des dunes de l'erg occidental. Tel un album d'images idylliques composé de plusieurs chapitres, ses rues en forme d'accordéon, ses bâtisses pittoresques, et ses habitants chaleureux renvoient le visiteur aux sources de l'enchantement et de l'émerveillement. Mais au-delà de cette carte postale, la population de Timimoun la flamboyante s'efforce à cacher sa mal vie avec un sourire que seule une main divine est capable de retranscrire sur d'autres visages.
Il est vrai que ses vieux ksour, ses foggaras millénaires et son patrimoine inestimable ont de tout temps fait de l'ombre aux multiples difficultés qui rendent la vie dure aux 32 000 personnes de cette palmeraie chatoyante et colorée. En effet, les retards de développement accumulés à Timimoun prennent de jour en jour des proportions alarmantes. Mais, aujourd'hui, c'est le gaz qui alimente la détresse de ces citoyens qui se considèrent, de leurs propres aveux, comme des oubliés des pouvoirs publics de leur pays.
En vérité, Timimoun n'a jamais été raccordée au réseau de distribution du gaz de ville. Etrange paradoxe lorsqu'on sait que les plus importants gisements de gaz naturel de l'Algérie sont à quelques lieues de ces murs ocres. De ce fait, ses habitants dépendent depuis que le monde est monde de la bouteille de gaz butane qui incarne leur seul espoir pour se réchauffer en des hivers où le froid ronge sans pitié les os des hommes des ksour.
Mais, à Timimoun, force est de constater que la bouteille de gaz butane est un véritable luxe. Et pour cause, les pénuries sont
cycliques pour ne pas dire régulières.
Pour preuve, la semaine dernière, toute la population de la ville rouge vivait au rythme de l'indisponibilité de ces bouteilles dont le prix, en comptant les tarifs du transport, dépasse les 400 DA ici au Grand Sud.
Les intempéries qui ont, par ailleurs, gravement affecté ces derniers jours la wilaya d'Adrar, ont sérieusement perturbé le ravitaillement en bouteilles de gaz butane de toute la région. Et ce constat amer nous a été confirmé sans ambages par Omar Benchouane, directeur du seul dépôt central de Naftal, responsable de l'approvisionnement de pas moins de 4 daïras, 10 communes et plus de 142 ksar (villages), par ces précieuses bouteilles de gaz. Soit un territoire plus grand que la Belgique et équivalent à celui de la Suisse. «On ne peut parler de pénurie. Mais, il est clair qu'on ne peut répondre convenablement à tous les besoins de la population», reconnaît d'emblée M. Benchouane.
«C'est une situation indépendante de notre volonté»
Il faut savoir que dans toute la ville de Timimoun, on ne recense que deux stations d'essence dans lesquelles la population locale peut s'approvisionner en bouteilles de gaz butane. Dans toute la région du Gourara, il y a à peine 18 points de vente. Des revendeurs privés acheminent quotidiennement jusqu'aux ksars les plus lointains des quantités diverses de bouteilles. Mais ces privés ne sont que deux dans toute la région. Ces chiffres suffisent en réalité pour montrer toute l'ampleur dramatique de ce problème. «Nous avons seulement 4 camions de livraison qui parcourent chaque jour des centaines de kilomètres pour mettre à la disponibilité de notre population, essentiellement pauvre, ces bouteilles de gaz.
Mais, lorsque vous avez une centaine de ksour, on est obligés d'établir un planning précis pour desservir tout le monde. C'est ce qui fait que dans quelques ksour, il faut attendre plus d'un mois pour pouvoir acheter ces bouteilles de gaz à nos livreurs. C'est une situation indépendante de notre volonté», souligne encore Omar Benchouane.
D'un autre côté, pour de nombreux interlocuteurs que nous avons rencontrés à Timimoun, c'est le centre de remplissage d'Adrar qui n'assume pas pleinement sa mission. Chargé d'approvisionner quotidiennement le dépôt central de Timimoun, le centre de remplissage d'Adrar, distant de quelque 180 km, n'envoie pas en quantités suffisantes les bouteilles de gaz butane.
Ainsi, pour une région qui abrite près de 100 000 personnes, le centre de remplissage d'Adrar envoie à Timimoun, par le biais de seulement trois camions de livraison, entre 2 500 et 3 000 bouteilles de gaz butane. Ce qui est loin de suffire pour répondre à toute la demande exprimée. Pour remédier à cette situation, Omar Benchouane a tenté le tout pour le tout. Des fax pour interpeller tous les responsables, des appels incessants à la direction régionale de Naftal de Béchar, de laquelle il dépend administrativement, et des pourparlers ininterrompus avec le centre de remplissage d'Adrar. Mais, rien n'est fait, et le sort de toute la région se retrouve entre les mains de la providence. Car, seule celle-ci sert de refuge aujourd'hui pour calmer les angoisses des habitants de Timimoun et de ses environs. «Que voulez-vous que je dise ? On était beaucoup mieux lotis par le passé», confie sans vouloir nous livrer davantage de détails Omar Benchouane. Lui qui réclame depuis longtemps qu'on le dote de 3 autres camions livreurs de bouteilles de gaz, lui qui prie ses responsables de réparer les 3 autres camions en panne dont il dispose, lui qui se bat pour mettre la région à l'abri des pénuries en constituant un stock de sécurité comptant 6 000 à 7 000 bouteilles de gaz butane, il ne dépasse nullement les 1 300 actuellement, en a vraiment gros sur le cœur. Toutefois, et heureusement pour nous, les langues se délient facilement à Timimoun. Lorsque c'était le centre de remplissage de Hassi Messaoud qui ravitaillait le dépôt central de Timimoun, entre 2000 et 2007, la région du Gourara ne manquait que rarement de ces bouteilles de gaz. Il faut savoir qu'en ce temps-là, le dépôt de Timimoun recevait jusqu'à 18 000 bouteilles en cas d'urgence, notamment en hiver. En période normale, entre 6 000 et 7 000 bouteilles arrivent, grâce à 15 camions livreurs, par jour au dépôt. Aussi, en ce temps-là, 40 points de vente distribuaient les bouteilles de gaz dans la région. Néanmoins, depuis 2007, et la mise du dépôt central de Timimoun sous la tutelle du nouveau centre de remplissage d'Adrar, plus rien ne va dans les ksour du Gourara.
La bouteille de gaz : une métaphore !
Aujourd'hui, nos citoyens de Timimoun et de ses différents ksour isolés sont amenés à louer des camionnettes pour pouvoir ravitailler leurs familles. La situation est telle que pour de nombreux habitants, la simple vue de bouteille de gaz suffit pour susciter en eux de terribles cauchemars. «Je viens d'El Ouajda, un ksar distant de 15 km de Timimoun.
Et pour m'offrir une bouteille de gaz butane par semaine, je dois dépenser entre 400 et 500 DA ! Car, il faut que je l'achète à Timimoun à 200 DA et je dois payer après son transport et le mien. C'est une véritable misère», témoigne Ahmed, 50 ans, qui
remercie tout de même Dieu pour sa générosité car, lui au moins, peut se permettre de s'offrir une bouteille de gaz butane.
Des familles entières dans certains ksour du Gourara cotisent pour pouvoir en acheter une. Un bien-être, un luxe, un espoir, ici à Timimoun, la bouteille de gaz est riche en métaphores.
Malheureusement, cette situation fait fuir les investisseurs potentiels. Des restaurateurs et des hôteliers rêveraient de s'installer à Timimoun. Mais, les pénuries de gaz sapent tous les espoirs et découragent les plus déterminés et les plus coriaces des étrangers. Même si l'on assiste quelques fois à des scènes de solidarité exceptionnelles. En effet, il n'est pas rare à Timimoun de voir des citoyens offrir leurs bouteilles de gaz aux restaurants qui en manqueraient pour cuisiner aux touristes de passage. L'honneur et la réputation de la région avant tout.
De cette réalité, à la commune de Timimoun, on en est bel et bien conscient. Et tout en reconnaissant la gravité du problème, Mohamed Salem Nekkar, président d'APC, se montre rassurant et optimiste. Pour lui, les travaux de raccordement au réseau de distribution du gaz de ville avancent à 70%. Entamés en 2007, les quartiers du centre-ville et quelques villages qui disposent déjà d'un réseau d'assainissement, pourront avoir du gaz de ville d'ici 2010. «Les canalisations de gaz sont prêtes dans certains quartiers et un gazoduc venant de la zone industrielle de Sebaa, à 30 km d'Adrar, fournira sans difficultés du gaz à Timimoun. Il faut juste se montrer patient», promet sourire aux lèvres le maire.
D'autres projets sont annoncés en grande pompe par l'APC. Résorption des maisons en toub, 12 forages pour préserver les foggaras en voie de disparition dans la région, logements sociaux, etc., les ambitions ne tarissent pas à l'APC de Timimoun. Mais suffiront-elles pour gommer les désillusions des habitants ? Rien n'est moins sûr puisque même le vent de sable n'efface pas ce qui est gravé dans les cœurs. Et dans les cœurs des citoyens de Timimoun, l'exclusion a semé une révolte indicible. Attention à l'explosion…


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