Quand le chat n'est pas là, la souris danse, dit-on. C'est ce que l'Algérie a vécu pendant des années dans tous les secteurs. En politique et en économie. Dans le secteur de la culture ou celui des sports. Aucun secteur n'a échappé à la médiocrité qui s'est installée durablement dès le début des années quatre-vingt-dix. Quand le chat n'est pas là, la souris danse, dit-on. C'est ce que l'Algérie a vécu pendant des années dans tous les secteurs. En politique et en économie. Dans le secteur de la culture ou celui des sports. Aucun secteur n'a échappé à la médiocrité qui s'est installée durablement dès le début des années quatre-vingt-dix. Le secteur de la culture a été maltraité par des artistes qui n'ont d'artiste que le nom. Des «hommes de culture» ont réalisé des œuvres plus proches des légumes que des produits artistiques. Dans une période où les vrais artistes étaient assassinés ou poussés à l'exil. Ou, au mieux, soumis au silence. La médiocrité avait chassé la qualité pour faire place nette à la culture fast-food qui présentait deux notes et deux mots comme une œuvre artistique et qui faisait croire qu'un artiste pouvait «fabriquer» deux ou trois albums annuellement. Pendant plus d'une décennie, la culture fast-food a remplacé de façon dramatique la culture de qualité. De haute facture. Mais au début de la décennie 2000, certains artistes ont décidé de bousculer la médiocrité ambiante, en produisant de belles œuvres. Le public hypnotisé par le désert culturel et l'art sans âme peinait à suivre le mouvement. Les vrais artistes se sentaient seuls. Esseulés par un public emporté par les œuvres légères et produites par des «non-artistes». Esseulés également par les pouvoirs publics qui laissaient faire, malgré les appels lancés pour des formations de qualité dans différentes disciplines artistiques et culturelles. Comme le théâtre qui se débattait dans l'amateurisme et les sketchs ou les arts plastiques qui faisaient face au néant. Mais les artistes, particulièrement dans la chanson, n'ont pas lâché prise. Des groupes se sont formés pour résister à la médiocrité dominante. De Ali Amran à Souad Asla, en passant par Babylone, Djemawi Africa, Amel Zen, Tarbaât et beaucoup d'autres, la scène artistique s'est enrichie au fil des années au grand bonheur de l'art et des rares amoureux de la belle musique et de la poésie. Au fur et à mesure, l'art retrouve ses lettres de noblesse et sa beauté de jadis et attire de plus en plus le public, particulièrement les plus jeunes qui apprennent à faire la différence entre les belles œuvres et les navets. Entre les artistes et les épiciers qui se sont introduits par effraction sur la scène artistique et culturelle. La résistance devait changer de camp. La résistance a finalement changé de camp. Depuis quelques temps. Ce sont les artistes imposteurs qui sont obligés aujourd'hui de résister face à la montée en puissance des vrais artistes et des vrais femmes et hommes de culture. Il faut dire que les artistes ne peuvent faire face seuls à la médiocrité et à sa résistance, tant que le public ne suit pas entièrement le mouvement de «redressement» de la scène culturelle et artistique. Cela doit passer par une volonté politique de réintroduire la culture dans les établissements scolaires pour une véritable éducation artistique et culturelle. La réhabilitation de l'action artistique et culturelle devrait également passer par une implication plus fréquente de la presse nationale avec la mission de promouvoir les œuvres de qualité et les artistes montrant une volonté de produire de belles œuvres. Ou les artistes faisant l'effort de fuir la culture «fast-food». En outre, l'éducation artistique est une responsabilité commune à tous les intervenants dans le secteur de la culture et même en dehors. Elle va de l'école vers les médias, en passant par les associations et les responsables de toutes les structures en charge de l'animation culturelle et artistique. Les portes doivent être fermées à la face de tous ceux qui ont participé à la clochardisation de la culture et des arts. M. B.