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Turquie : l'économie résiste, mais jusqu'à quand ?
Le FMI avance une croissance à 3,2% cette année
Publié dans La Tribune le 14 - 03 - 2016

Crise des réfugiés, dérive autoritaire d'Erdogan, résurgence de la lutte armée du PKK, Daech, brouilles diplomatiques... La Turquie, que l'on présentait il y a quelques années comme l'un des pays les plus sûrs de cette région, accumule les problèmes. Pour l'instant, l'économie reste résiliente... jusqu'à quand ?
En quelques mois, la crise des réfugiés a projeté la Turquie sur le devant de la scène internationale. Alors que les médias dénoncent massivement la dérive autoritaire du président Erdogan (qui ne date pourtant pas de 2015), Bruxelles se voit contrainte de négocier avec Ankara afin d'endiguer le flux massif des réfugiés vers l'Europe.
D'ici, on a le sentiment que la Turquie, carrefour entre l'Orient et l'Occident, a sombré. La réalité est plus nuancée. Certes, la dérive politique du président Erdogan a de quoi inquiéter quant à l'avenir politique du pays. A cela, il faut ajouter l'échec du cessez-le-feu entre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et le gouvernement qui a replongé une partie du pays dans le chaos. La présence de Daesh aux portes de la Turquie est toujours difficile à évaluer, et à maîtriser. Toutefois, cette situation ne peut occulter les progrès économiques accomplis ces quinze dernières années, qui ont permis à la Turquie d'accéder au statut d'émergent, et d'afficher des taux de croissance élevés pendant plusieurs années (ainsi 8% en 2010).
Pour l'instant, l'économie résiste à l'enlisement politique. Dans ses dernières prévisions, le FMI avance une croissance à 3,2% cette année, soit 0,3 point de plus que prévu initialement. Le pays affiche de bons résultats dans l'industrie. Pour exemple, ses exportations automobiles - premier poste d'exportation du pays - qui ont augmenté de 17% en février, soit sa meilleure performance depuis 2008. «Les exportations automobiles du pays vers l'Allemagne, le Royaume-uni, la France, l'Italie, l'Espagne et d'autres pays développés ont augmenté jusqu'à 48%, par rapport à la même période de l'année dernière», expliquait le 7 mars, Orhan Sabuncu, président de l'Union des exportateurs de l'industrie automobile.
«Je suis plutôt surpris de sa résilience. Oui, il y a eu un déclin de la croissance, une dépréciation de la monnaie, une crise du tourisme mais qui n'est pas celle que traversent les pays arabes», analyse Jean Marcou, chercheur à Sciences Po Grenoble. «La situation n'est pas excellente mais il n'y a pas une urgence économique».
«La situation géopolitique est préoccupante mais les gens prennent plus de recul.»
Mais le contexte pourrait à plus ou moins long terme freiner les ambitions du pays, et refroidir les investisseurs. «Les atouts dont s'était dotée la Turquie, que ce soit en politique, en économie ou d'un point de vue diplomatique, tout ça a été dilapidé. Est-ce qu'un trait a été tiré pour autant ? Non, mais il y a un énorme gâchis», déplore Didier Billion, spécialiste de la Turquie et directeur adjoint de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (Iris). «La Turquie ne disparaît pas des écrans radars, mais pour remonter la pente, le pays va perdre 10 ans», estime le chercheur.
Sur le terrain, les entrepreneurs veulent faire la part des choses :
«La situation géopolitique est préoccupante mais les gens prennent plus de recul», estime Antoine Havsali, un franco-turc de 32 ans, installé à Istanbul depuis 2012.
Pour le jeune expatrié, co-fondateur d'une agence de circuits touristiques, il ne s'agit pas de relativiser la situation, mais plus de nuancer une certaine vision occidentale : «On ne peut pas comparer notre vie à Istanbul et ce qui se passe ailleurs dans le pays (ndlr : guérilla urbaine dans le sud-est du pays)». Et, si la dérive autoritaire du président Erdogan est un fait, Antoine Havsali estime «qu'il y a encore des institutions solides donc il y a quand même une soupape qui fait qu'on ne peut pas faire n'importe quoi».
Toutefois, même si la situation dans le sud-est du pays diffère de celle d'Istanbul, la réalité les rattrape aussi. L'attentat de janvier, place Sultanhamet, a eu un effet immédiat sur les réservations touristiques. Même si, pour Antoine Havsali, l'effet «post-attentats» a été de courte durée :
«Les réservations de l'agence sont reparties à la hausse à partir d'avril. Beaucoup de gens ont décalé leur venue, mais ne l'ont pas annulée».
La baisse de l'activité touristique de janvier a effectivement été limitée : 6,44% par rapport à la même période l'année dernière, note le ministère de la Culture et du Tourisme. Les hôteliers sont pourtant contraints de casser les prix pour attirer les touristes. «Ils sont à 50% de leur taux de remplissage», observe Jean Marcou.
Pour d'autres villes, les espoirs de voir un tourisme fleurir se sont envolés rapidement. En juillet 2015, lorsque la forteresse de Diyarbakir - sud-est du pays - est classée au patrimoine mondial de l'Unesco, l'ambassadeur Huseyin Avni Botsali, représentant permanent d'Ankara au sein de l'organisation onusienne, déclare que «Diyarbakir est une forteresse contre le fanatisme et la violence». Quelques mois plus tard, la ville - majoritairement kurde - s'est muée en zone de guerre qui oppose rebelles séparatistes du PKK et gouvernement, contraignant les civils à l'exil.
Marché opportun
En dépit de cette réalité, la Turquie demeure un emplacement stratégique. En juin 2015, selon les chiffres du ministère de l'Economie turc, le pays comptabilisait 44 225 entreprises étrangères sur son sol, dont 19 975 de pays de l'Union européenne. La France n'en compte que 450, selon Business France, (contre 260 il y a dix ans) mais elle investit des secteurs variés comme l'automobile, le BTP, ou encore l'industrie pharmaceutique. Certaines entreprises ont compris que la Turquie et ses 80 millions d'habitants représente un marché attractif. «Les sociétés françaises voient la Turquie comme une porte d'ouverture sur des pays comme l'Iran», souligne Murat Poyraz, l'ancien chargé de développement de Business France Turquie.
En 2014, Prisme Events, la toute jeune PME bourguignonne fondée deux ans plus tôt, spécialisée dans l'installation d'équipements sportifs, suscite la curiosité. Elle remporte un marché public pour construire une station de ski en plastique dans la ville de Gazantiep, située à 60 kilomètres... de la frontière syrienne. «On était tout à fait conscient de la situation», assure Joseph Mathieu, à la tête de l'entreprise d'une quinzaine de salariés. Face à la frilosité des établissements bancaires - qui ne lui donnent pas de raison précise justifiant leur refus -, le patron fait le pari de s'auto-financer à hauteur de 250 000 euros, et obtient des crédits de long terme de la part de ses fournisseurs qui croient au projet.
Le groupe Feralco, fabricant de produits pour le traitement de l'eau potable, a quant à lui racheté une usine à Osmaniye, à l'ouest de Gazantiep, en décembre 2014. La ville est située à deux heures de route d'Alep, en Syrie. «On a décidé d'investir dans le sud de la Turquie en étant conscients de la situation géopolitique», explique Ludovic Huitorel, le directeur général de Feralco-Europe. Sa proximité avec la Syrie, et avec des zones potentiellement contrôlées par Daesh, rend le site risqué. Mais représente aussi une opportunité : «L'eau est un besoin élémentaire, et à terme, on pourra de nouveau aller en Syrie. A ce jour, il n'y a plus de traitement pour l'eau potable à Alep. Quant à Damas, elle est réservée à une élite», assure Ludovic Huitorel.
L'économie, dernier filet de sécurité pour la politique de Erdogan
Le pragmatisme des affaires n'occulte pas la réalité géopolitique, d'un pays qui est passé de «zéro problème avec ses voisins» à «zéro voisin sans problème», comme le rappelle le chercheur à Sciences Po Grenoble, Jean Marcou. «Aujourd'hui, la Turquie est tellement morcelée, qu'elle peut être un atout dans certains pays et dans d'autres pas», confie le patron de Feralco, avant de rappeler : «Mais tout un investissement est toujours lié à une notion de risque, sauf que là on y ajoute le risque géopolitique».
L'instabilité politique pourrait toutefois dissuader même les plus audacieux, voyant la Turquie s'enliser dans des conflits multiples. Pourtant, le président Erdogan sait que la résilience économique de son pays est désormais sa seule carte à jouer. «Il a intérêt à ce que ça marche. Une bonne partie des Turcs a continué à voter pour lui pour cette raison. C'est sa stratégie. Donc il continue de faire des voyages avec des délégations d'entrepreneurs», souligne Bayram Balci, chercheur au CERI (Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po). Dernier en date : une tournée ouest-africaine en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Nigeria et en Guinée, en compagnie de 150 hommes d'affaires turcs. Toutefois, celui que ses adversaires nomment «le nouveau sultan» sait qu'il n'a pas grand chose à craindre : l'opposition politique est quasi-inexistante, et le prochain scrutin n'est pas attendu avant octobre 2019.
S. B.


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