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L'esprit d'entreprise comme outil diplomatique
Publié dans La Tribune le 26 - 03 - 2016

Entre l'Arménie et la Turquie, le différend est ancien. Séparés par un passé tragique, les deux voisins n'entretiennent pas de liens diplomatiques et leurs frontières demeurent fermées.
Malgré cela, en novembre 2014, un groupe de citoyens turcs s'est rendu en Arménie, à l'occasion du Startup Weekend, un événement où les aspirants entrepreneurs aiguisent leurs idées et les présentent à des investisseurs et à des experts. Dans des équipes mixtes, de jeunes Arméniens et de jeunes Turcs travaillent ensemble pour construire de nouveaux projets. «Nous ne nous occupions pas de savoir si nous étions arméniens ou turcs - explique un participant turc -, nous voulions juste être les meilleurs.»
Ce sentiment est exactement ce qu'espéraient provoquer les diplomates américains et européens qui ont soutenu l'initiative. Pendant des décennies, ils se sont efforcés de trouver un terrain commun pour qu'Arméniens et Turcs puissent entamer le dialogue. Les entrepreneurs partagent des traits de personnalité, des valeurs, et un certain goût pour la ténacité. Cela crée une ouverture.
L'esprit d'entreprise est devenu de par le monde un catalyseur qui peut faire évoluer des situations tout aussi épineuses. L'attention portée à la création d'emplois et de richesse devient un «élément de discussion» sur lequel presque tous les gouvernements peuvent se mettre d'accord - ou qui suscite, du moins, peu de désaccords. Cela en fait un outil pratique pour une nouvelle forme de diplomatie.
Que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou au Moyen-Orient, l'esprit d'entreprise renforce les compétences et les moyens des personnes, il améliore leur capacité à tisser des relations. Il stimule non seulement l'activité économique mais aussi la mobilité sociale. En donnant une priorité à l'esprit d'entreprise, on renverse le paradigme traditionnel de l'aide étrangère, parce qu'on fait l'hypothèse que les talents locaux, capables d'innover et de commercialiser leurs innovations, sont le moteur du développement – et ces talents forment une catégorie de personnes assez également répartie dans le monde.
En Afrique, des plateformes de transfert d'argent liquide fonctionnant sur les téléphones mobiles, comme M-Pesa au Kenya et Paga au Nigéria, ont résolu ce qui constituait un vrai problème pour des millions de personnes dans leur pays respectif mais aussi d'un continent à l'autre : le manque de services financiers. Avec un simple texto, quiconque possède un appareil mobile peut envoyer et recevoir de l'argent. Ainsi l'argent circule-t-il. Et surtout, des millions de personnes ont saisi cette chance pour lancer leur propre entreprise. En développant la créativité et l'ingéniosité humaine, on sort des millions de personnes de la pauvreté et l'on contribue à l'amélioration des infrastructures nationales.
Pour remplacer les énergies fossiles, qui contribuent au réchauffement climatique, des entrepreneurs, en Asie, en Amérique latine et en Europe inventent toutes sortes de solutions énergétiques. Des startup comme Optima Energia au Mexique exploitent le vent, le soleil et les bio-carburants pour offrir des options durables et évolutives.
«Un entrepreneur est une personne qui voit la possibilité d'un nouveau produit ou d'un nouveau mode de production et qui a la capacité de faire de sa vision une réalité», écrit Steven Koltai, dans un ouvrage à paraître, Peace Through Entrepreneurship, («La Paix par l'esprit d'entreprise»). Ancien membre du département d'Etat, où il a mis en place le programme Gobal Entrepreneurship (GEP), Koltai qualifie l'esprit d'entreprise de «machine à créer des emplois». C'est la différence entre ouvrir un restaurant et imaginer à quoi ressemblerait une nouvelle façon de se nourrir. Les entrepreneurs créent des choses nouvelles qui créent à leur tour une demande des consommateurs pour ces choses.
La semaine dernière, le GEP, en partenariat avec la fondation Ewing Marion Kauffman, l'ONG brésilienne Andi et la ville de Medellin a organisé la réception du Global Entrepreneurship Congress à Medellin, en Colombie. Des entrepreneurs, des investisseurs, des chercheurs et des responsables politiques de plus de 160 pays s'y sont réunis, afin de partager leurs expériences et de mieux travailler à soutenir la croissance des startups et à construire les écosystèmes au sein desquels elles peuvent fonctionner. Medellin, ancienne capitale de la cocaïne, est elle-même en train de se transformer en plate-forme de startup.
La Silicon Valley a su, voici quelques années, saisir le phénomène, déroulant le tapis rouge pour des dirigeants du monde entier, comme le président indonésien Joko Widodo, le Premier ministre indien Narendra Modi, ou le président chinois Xi Jinping. Tous cherchaient le secret de la Silicon Valley : les ingrédients magiques qui pourraient créer dans leur pays un écosystème d'innovation aussi intensément dynamique.
Les entrepreneurs ne dépendent pourtant pas intrinsèquement de l'innovation ou de la technologie. Comme le souligne Koltai, Starbucks a construit une immense entreprise en servant des tasses de café, une boisson connue depuis des siècles. Aujourd'hui, Starbucks emploie 182 000 personnes dans le monde - 50 000 de plus que Facebook, Google et Apple réunies. Un Argentin, un Jordanien, un Malais ou un Espagnol capable de visualiser et de créer une demande mondiale robuste pour un produit ou un service - à l'instar de l'Espagnol Amancio Ortega avec Zara – est tout autant entrepreneur que le prochain Bill Gates.
De Lahore à Lagos, de Mexico à Mumbai, les gouvernements voient dans leur propre population des réservoirs de talents qui attendent d'être exploités. Il est temps que les diplomates leur emboîtent le pas. Ils doivent soutenir et encourager les créateurs d'emplois et ceux qui apportent des solutions. Ils doivent orienter l'aide au développement vers l'investissement. Ils doivent persuader les gouvernements de permettre aux entrepreneurs d'innover, car ces innovations sont pour tous un facteur d'épanouissement et une source indispensable de solutions durables aux problèmes souvent inextricables que sont les maladies, le changement climatique, les migrations ou les guerres.
Et l'esprit d'entreprise, en tant qu'il offre à de jeunes hommes et à de jeunes femmes l'occasion de s'exprimer, est une arme de poids dans le combat contre le terrorisme et la violence. Car il ouvre sur la création de valeur et œuvre par conséquent contre la destruction. La question est d'une importance particulière au Moyen-Orient, qui connaît, comme le souligne la Brookings Institution, une «“explosion démographique” sans précédent».
Dans la région, plus de 30% de la population - c'est-à-dire plus de 100 millions de personnes - ont entre quinze et vingt-neuf ans, et beaucoup de ces jeunes gens sont au chômage. Pour eux, l'esprit d'entreprise, et la possibilité qu'il représente de prendre le contrôle de leur destin, n'est pas une option, c'est un impératif.
De la même façon, la promotion de l'esprit d'entreprise n'est pas seulement, pour les diplomates et les dirigeants politiques, une option commerciale ou économique. Dans un monde où les défis se font toujours plus pressants - des pandémies à la pauvreté, de la raréfaction des ressources à l'extrémisme religieux -, elle devient un outil essentiel de la politique étrangère.
A-M. S./E. B.


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