Facilité, excès de zèle, médiocrité, radicalité ou incompétence : les mots de la colère souvent teintée d'ironie des internautes algériens ne manquent pas pour qualifier la décision des deux ministères concernés de bloquer l'accès total à Twitter et Facebook et, accessoirement, à tout l'Internet. Acte pour le moins absurde et sans doute inutile, destiné officiellement à «protéger les candidats (aux épreuves partielles du Bac) de la publication de faux sujets sur les réseaux sociaux». L'argument brandi parait généreux mais en réalité il s'agissait de se prémunir contre des fraudes à grande échelle comme celles qui ont abouti à la fermeture presque totale de l'accès au Web par les ministères de l'Education, et des Télécommunications. Curieuse est donc cette décision qui consiste à arracher l'arbre en entier au lieu d'élaguer les branches pourries ! Absurde et même contreproductive est aussi cette décision de facilité qui n'empêche pas de nouvelles éventuelles fraudes mais qui pénalise à coup sûr des millions d'usagers y compris des professionnels. C'est vraiment l'absurde 2.0 au pays nommé Absurdistan ! Cette solution du moindre effort est d'autant moins efficace que les internautes, et notamment les éventuels tricheurs ont bravé l'interdiction en se connectant à des VPN localisés à l'étranger. Ils ont pu utiliser ces réseaux privés virtuels grâce, entre autres, à des hashtags sur Twitter et Facebook qui fournissent des listes de VPN gratuits pour PC, tablettes et Smartphones, VPN disponibles par ailleurs sur le Playstore. Les deux ministères ont donc pris cette décision risible alors même que leurs experts n'ignorent pas que les Virtual private network sont un système qui permet de créer des liens entre ordinateurs distants mis ainsi dans un réseau virtuel. Ce qui permet de passer outre les restrictions sur les réseaux premiers. Ces mêmes experts savent pertinemment que l'usage du VPN permet de changer l'adresse IP, source apparente des connexions. Dans ce cas, l'identification et la localisation des ordinateurs émetteurs deviennent difficiles pour le fournisseur d'accès. Mais l'identification n'est toutefois pas impossible étant donné que le VPN dispose lui-même, par définition, d'un serveur identifiable, mais cela demandera du boulot pour les fournisseurs de service ou les cyberpoliciers. On le voit bien, ceux qui ont pris cette décision de fermeture et de blocage ont pris le risque du ridicule qui ne tue pas, mais qui est finalement une punition collective qui ne règle pas pour autant le problème et ne contrarie surtout pas les vocations à frauder. On a même vu d'ailleurs sur Twitter un hashtag moqueur de candidats au Bac qui narguent la ministre de l'Education nationale et sa consœur de la Poste et des TIC. Pourtant les choses étaient simples au départ. Il aurait fallu installer des systèmes de brouillage électronique, contrôler les sacs et les cartables et interdire dans les établissements des examens les smartphones et autres tablettes. Mais le mieux c'était de prévenir au lieu de guérir et surtout pas à l'aide d'un remède de cheval mortel de… ridicule ! C'est en amont qu'il faudrait agir pour sécuriser de manière quasi absolue - le risque zéro n'existe nulle part- les épreuves d'examen. Et surtout sévir de manière impitoyable et prioritaire contre ceux qui organisent les fuites. N. K.