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Le rêve avorté de l'eldorado gazier
Mozambique
Publié dans La Tribune le 04 - 09 - 2016

Pemba, la capitale du futur eldorado gazier mozambicain, est bien calme pour une ville en plein boom. En ce lundi midi, l'auberge italienne située à quelques mètres des locaux de la major romaine ENI est complètement vide. «Au port, il n'y a déjà plus d'activité», explique Arturo Perazzi, le propriétaire. Et pour cause : les compagnies ont rapatrié l'essentiel de leurs personnels début 2015, lorsque la phase de prospection a pris fin. Et dans un contexte international déprimé par la chute du cours des hydrocarbures, les méga-projets censés faire basculer le destin de ce pays pauvre d'Afrique australe tardent à se concrétiser. L'euphorie a laissé place au doute.
Pemba, la capitale du futur eldorado gazier mozambicain, est bien calme pour une ville en plein boom. En ce lundi midi, l'auberge italienne située à quelques mètres des locaux de la major romaine ENI est complètement vide. «Au port, il n'y a déjà plus d'activité», explique Arturo Perazzi, le propriétaire. Et pour cause : les compagnies ont rapatrié l'essentiel de leurs personnels début 2015, lorsque la phase de prospection a pris fin. Et dans un contexte international déprimé par la chute du cours des hydrocarbures, les méga-projets censés faire basculer le destin de ce pays pauvre d'Afrique australe tardent à se concrétiser. L'euphorie a laissé place au doute.
Contrairement aux autres restaurants de la «baixa», le centre-ville dont les demeures coloniales portugaises jouxtent le port, l'aubergiste italien n'a pas fermé. Cet architecte grisonnant reconverti dans l'hôtellerie – dont le carpaccio au thon est réputé dans toute la région – est arrivé dans le nord du Mozambique en 1985. «Ces temps-ci, notre taux d'occupation est de 10% à 15%, alors qu'on a affiché complet trois ans d'affilée», dit-il. En 2010, il a vécu la fièvre qui a saisi cette ville portuaire jusque-là délaissée, lorsque 5,2 trillions de mètres de cubes de gaz ont été découverts au large des côtes, dans le bassin du fleuve Rovuma.
Deux ans de consommation mondiale
Les chiffres ont de quoi donner le tournis : à elles seules, ces réserves représentent deux ans de consommation mondiale. D'après les projections du Fonds monétaire international (FMI), la croissance annuelle du pays devrait bondir à 24% lorsque l'exportation battra son plein, à l'horizon 2025. Le Mozambique se trouvera alors propulsé dans le trio de tête des pays producteurs de gaz naturel, avec le Qatar et l'Australie. Une aubaine pour l'une des économies les plus pauvres d'Afrique, accompagnée de son cortège de promesses pour la population. Un Mozambicain sur deux vit toujours sous le seuil de pauvreté, et la grande majorité peine à se remettre des seize années de guerre (1976-1992) qui ont suivi l'indépendance en 1975.
L'excitation est retombée comme un soufflé. Depuis 2015, les compagnies gazières patinent et repoussent de trimestre en trimestre leurs «décisions finales d'investissement» (Final Investment Decision – FID –). Le fameux top départ censé marquer le lancement de la construction des infrastructures d'extraction du gaz, des pipelines, des usines de liquéfaction, et des terminaux maritimes. Pour un début de l'exportation en 2021, selon les estimations les plus optimistes.
Sans FID donc, Pemba vit dans l'attente. «On assiste à une démobilisation des grandes entreprises depuis bientôt deux ans», admet Omar Saide, le conseiller aux affaires économiques au conseil municipal. Au-delà de l'hôtellerie et la restauration, toute l'économie locale est touchée. «Les entreprises italiennes prestataires de services d'ENI sont également parties», renchérit le restaurateur spécialiste du carpaccio. En plus des expatriés, plus de 600 travailleurs locaux auraient perdu leurs emplois.
L'une des plus graves crises financières d'Afrique
Le conseiller reste confiant. Côté océan, le long de la plage, les constructions se poursuivent. «Des hôtels, mais aussi des projets de résidences pour accueillir la future main-d'œuvre étrangère», détaille-t-il. Les cases en palme alors la place à des pavillons, «près de 2 000». Les travaux du centre commercial de l'enseigne sud-africaine Shoprite devraient aussi commencer, avec déjà plusieurs mois de retard.
«Il y a un fort sentiment d'occasion manquée», décrypte Leigh Elston, une spécialiste britannique du gaz basée à Maputo, la capitale du pays. «Si les FIDs avaient été pris il y a deux ans, la situation aurait été radicalement différente». Entre-temps, la chute du prix des matières premières a fait vaciller la monnaie, le metical, qui en un an a perdu la moitié de sa valeur face au dollar. Sur le plan politique ensuite, le retour du conflit entre le gouvernement et l'ancienne rébellion de la guerre civile, la Renamo, a contribué à détériorer le climat des affaires.
Enfin, tout récemment, le pays s'est retrouvé plongé dans l'une des plus graves crises financières d'Afrique. Début avril, des révélations portant sur des emprunts cachés garantis par le gouvernement et totalisant plus de 2 milliards de dollars de dette ont provoqué l'ire des bailleurs de fonds. Ces derniers ont gelé leur aide, pile au moment où se négocient des investissements décisifs pour l'avenir du pays.
Ralentissement économique de la Chine
«En parallèle, le marché du gaz s'est retourné, avec le ralentissement économique de la Chine, grande consommatrice, et le gonflement de l'offre par l'arrivée de nouvelles réserves américaines et australiennes», détaille l'analyste. Les méga-projets où les infrastructures de base sont inexistantes, comme c'est le cas du Mozambique, en deviennent d'autant moins urgents.
Pour ENI, la situation pourrait néanmoins se débloquer en cette année 2016. Mi-juin, les autorités mozambicaines ont octroyé les dernières autorisations nécessaires à la major italienne, qui a désormais le champ libre pour annoncer un FID en septembre. Mais parce que son projet, sur le champ gazier Coral, consiste en une plate-forme flottante construite en Corée du Sud, il ne profitera que marginalement à Pemba et sa région. D'une capacité de production de 3,4 millions de tonnes par an, la plate-forme opérera la liquéfaction directement en offshore. «ENI veut aller vite pour pouvoir mettre au point sa technologie de liquéfaction flottante et l'utiliser dans d'autres pays», décrypte Leigh Elston.
Plus que jamais, se pose la question des véritables bénéfices que la population va retirer de ces investissements colossaux. «L'intégralité de la production de Coral sera exportée, aucun pipeline n'est même prévu pour alimenter le Mozambique en gaz», précise Fatima Mimbire, chercheuse au Centre d'intégrité publique (CIP), un think tank basé à Maputo. «Le gaz de Rovuma doit-il servir à remplir les caisses de l'Etat ou à générer du développement ?», ironise-t-elle. «Car ici nous savons comment l'agent public est utilisé».
Ambiance morose
Aux côtés d'ENI, l'américain Anadarko est l'autre groupe dont les concessions sont les plus riches. D'une capacité de production de 12 millions de tonnes par an, son projet sur le champ gazier de Golfinho est celui qui doit bouleverser à jamais la physionomie de la côte et générer des dizaines de milliers d'emplois.
Le site de Palma, aujourd'hui un modeste village de pêcheurs situé à 350 km au nord de Pemba, à la frontière tanzanienne, doit accueillir l'essentiel des installations de liquéfaction et un nouveau parc industriel. Celui-ci doit comprendre aéroport, centrale à gaz et usines de fertilisants. Le tout, pour un coût de départ estimé à 30 milliards de dollars, soit deux fois le produit intérieur brut du Mozambique. Empêtré dans des problématiques de relogement des populations, le projet est aujourd'hui au bord de la paralysie.
Moins expérimentée sur ce type de projets, la firme texane est surtout plus directement influencée par le cours du pétrole, sur lequel se calque l'évolution de sa cotation boursière. «Anadarko est en mauvaise posture à cause de l'état du marché aux Etats-Unis», confie un employé sous couvert d'anonymat. «L'ambiance est morose, il y a eu de fortes réductions de postes».
La visite du président mozambicain Filipe Nyusi à Houston (Etats-Unis), le 16 septembre prochain, pourra t-elle changer la donne ? Contrairement à ENI, Anadarko n'a pas encore finalisé ses contrats de ventes, qui garantissent la viabilité financière du projet. «On n'attend pas de décision de la part d'Anadarko avant la fin 2017. Visiblement notre nouvelle approche est d'avancer doucement mais sûrement», précise la source. Le Mozambique n'en a pas fini d'attendre son boom gazier.
In lemonde.fr


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