La première chose qui agressera le regard d'un touriste débarquant dans une ville ou village algérien, y compris la capitale, est certainement la saleté de leurs rues. Détritus jonchant les trottoirs défoncés, amoncellement d'ordures, sachets en plastique virevoltant, absence de poubelles, de toilettes publiques, de verdure… C'est le visage hideux qu'offrent nos cités. Et le pire c'est de nous voir habitués, désensibilisés, face à ces agressions de notre cadre milieu vital. Quant aux administrateurs qui sont censés assurer l'hygiène du cadre de vie et de l'environnement de leurs administrés, ils sont souvent occupés à gérer leurs propres affaires et ne pensent à peinturlurer et nettoyer qu'à l'occasion d'une visite officielle. C'est une image connue. Sur ce noir tableau, apparaissent toutefois quelques clartés. Des responsables consciencieux essayent d'apporter le changement, d'éveiller les consciences des citoyens et de susciter le geste civique qui les aidera à chasser la saleté ambiante. A Oran, c'est la directrice de l'entreprise publique de gestion des centres d'enfouissement technique qui s'est mise sur la brèche. Elle lance une campagne de sensibilisation sur la propreté de sa ville. Des affiches seront placardées sur les bus et les supports publicitaires avec le slogan, écrit en arabe dialectal, «Je chéris ma patrie, j'aime ma wilaya et la propreté de la ville est l'affaire de tous». En Kabylie, l'Assemblée populaire de wilaya organise pour la quatrième année le concours du village le plus propre de Tizi Ouzou. Mais, comme le souligne la responsable des centres d'enfouissement technique d'Oran, s'il est nécessaire d'impliquer le citoyen, générateur des déchets, et lui inculquer de nouveaux réflexes, on ne peut toutefois lui endosser toute la responsabilité. Les autorités ont la grande part dans ce qui arrive et les remèdes à apporter. En plus de trouver des mécanismes plus efficaces pour la gestion des déchets ménagers, ceux utilisés jusque-là ayant montré leur inefficacité, les responsables locaux doivent fournir tous les moyens de garantir la propreté. Des poubelles, des cendriers-éteignoirs, des vespasiennes, des jets d'eau qui fonctionnent, des abribus esthétiques, des arbres bien entretenus et taillés, des espaces verts, des trottoirs bien pavés et des équipements pour le nettoyage des rues devraient constituer une priorité pour toute commune. Et pour inculquer le geste civique à tous les citoyens, il suffira de rendre plus visible et plus active cette police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement qui a pour mission, entre autres, la lutte contre la pollution et les nuisances sonores, et la réduction des déchets dans les lieux publics, sur le littoral et les oueds... La conjonction de toutes les actions ne peut que redonner à nos villes la propreté et la beauté qu'elles doivent avoir, qu'elles ont eu dans un passé nourrissant les souvenirs nostalgiques des anciens. H. G.