L'Arabie saoudite a informé les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qu'elle ne participerait pas à des discussions prévues demain à Vienne avec des pays extérieurs à l'Opep, a appris vendredi dernier l'agence britannique «Reuters» de sources proches du cartel. Cette réunion visait à débattre de la contribution éventuelle de ces pays au projet de limitation de la production de l'Opep. Elle cédera la place à des discussions réservées aux seuls membres de l'Opep, dont les ministres doivent entériner cet accord de plafonnement la production mercredi à Vienne, a indiqué Reuters qui cite des sources proches du cartel. «Il y a une lettre officielle (de l'Arabie saoudite) qui explique qu'elle ne participera pas à la réunion parce que les ministres doivent se mettre d'accord sur une réduction (de la production) et ensuite présenter l'accord aux pays non-Opep», a dit une source. Les cours ont creusé leurs pertes à la suite de cette information. Vendredi, vers 17h GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 47,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,67 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude (WTI), pour la même échéance cédait 1,68 dollar à 46,28 dollars. L'Opep est engagée dans de difficiles tractations entre ses membres et d'autres pays producteurs non membres du cartel, afin de finaliser une réduction coordonnée de la production lors d'un Sommet le 30 novembre et ainsi faire remonter des cours souffrant de la surabondance de l'offre. «Il y a en ce moment des annulations de réunions entre les pays membres et non membres de l'Opep, avec la Russie qui concentre toutes les interrogations et qui a indiqué en substance qu'elle n'était pas prête à fermer le robinet», a expliqué Bart Melek de TD Securities. Le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, rappelons-le, a indiqué jeudi, qu'un gel de la production au niveau actuel reviendrait à «une baisse de 200 à 300 000 barils par jour par rapport à la croissance prévue». Cela a été interprété par les analystes comme un refus de la Russie, important pays producteur non membre de l'Opep, de réduire sa production et au contraire comme la volonté de la maintenir à son niveau record actuel. «Cela se traduirait par une augmentation par rapport à l'année précédente, particulièrement pour la première moitié de l'année 2017, et ne contribuerait en rien à un rééquilibrage du marché», a jugé Tim Evans de Citi dans une note. Autre obstacle, des dissensions semblent persister entre les membres de l'Opep. «L'Iran veut extraire autant de pétrole que possible» après la levée des sanctions internationales en janvier, a expliqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates. De nombreux experts jugent qu'en l'absence de la participation du troisième producteur du cartel, les autres pays et notamment l'Arabie saoudite, rival régional de Téhéran et principal promoteur de cet accord, n'accepteront pas de réduire la leur. Dans l'ensemble, «le marché s'attend toujours à ce que l'Opep fasse une annonce quelle qu'elle soit la semaine prochaine sur un accord», a jugé Andy Lipow, s'interrogeant toutefois sur l'efficacité d'un accord pour lequel des compromis seront nécessaires. B. A./Agences