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La beauté du Djurdjura se révèle au bon marcheur
Randonnée pédestre organisée par les établissements de jeunes
Publié dans La Tribune le 08 - 04 - 2017

Le chauffeur du fourgon aménagé choisi par la maison de jeunes de Tirmitine ne fait pas de retard. Il est 7 heures quand nous quittons la ville de Tizi Ouzou pour rallier celle de Draâ Ben Khedda pour y récupérer le jeune chef de délégation. Nous allons ensuite vers la commune de Tirmitine où nous procédons au ramassage des jeunes qui se sont inscrits pour la randonnée. Avec des haltes au niveau des villages de la commune où les jeunes adhérents de la maison de jeunes de Tirmitine attendaient. Des adolescents pour la plupart. Les trois derniers embarqués, nous continuons vers Agouni Gueghran, dans la daïra des Ouadhias, en passant par Maâtkas, Souk el Tnine, Amechras et Tizi n Tleta. A Amechras, nous faisons une petite halte pour donner l'occasion aux participants de faire leurs achats. Des petites choses à manger et surtout une bouteille d'eau. Mais aussi pour récupérer le guide qui doit accompagner le groupe dans ce «périple montagneux» au cœur du Djurdjura.
Lounès Meziani, guide professionnel et cadre au niveau de la Direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya de Tizi Ouzou, est le principal instigateur de la relance des randonnées pédestres dans cette wilaya qui a longtemps souffert de l'insécurité, et plus particulièrement depuis l'enlèvement et l'assassinat dans la région du guide français Hervé Gourdel en septembre 2014. Les différents établissements de jeunes relevant de la DJS sont mobilisés pour l'organisation de ces randonnées. Cinq ou six parcours sont choisis et les sorties sont organisées de façon à ce que les établissements concernés organisent des randonnées chaque vendredi, mais uniquement quand les conditions météorologiques le permettent.
Départ vers Agouni Gueghran
La pause d'Amechras n'a duré qu'une dizaine de minutes. Le groupe reprend la route vers Ouadhias où tous les participants se sont donnés rendez-vous. Nous arrivons à la bifurcation avec la route qui mène vers Agouni Gueghran, la région natale des défunts Slimane Azem et le champion olympique et du monde de handisport, Mohamed Allek. En tout, cinq véhicules de transport, entre fourgons aménagés et minibus, se sont retrouvés à cette intersection, ceux des maisons de jeunes de Tirmitine, Boghni, At Boumehdi, Cherif Boussad de Tizi Ouzou et du Centre des loisirs scientifiques de la ville des Genêts. L'un des véhicules a eu un peu de retard et ce n'est que vers 9h45 que nous entamons la montée vers le village At Rgan par Agouni Gueghran. Ce village est adossé aux contreforts de la majestueuse chaîne du Djurdjura. La route se rétrécit et la circulation devient pénible. On y trouve cependant des traces de travaux, signe de pénétration récente du gaz de ville. Mais les difficultés de la vie dans ce village isolé se voient à l'œil nu.
Il est 10h30. Les bus arrivent devant l'annexe d'un établissement scolaire. Le seul endroit où les minibus peuvent faire demi-tour. Quelques soixante personnes descendent des fourgons et des minibus. Des personnes de tous âges. Des enfants et des personnes âgées y compris. Une dame dépassant la soixantaine attire les regards et gagne le respect de tout le monde. Lounès Meziani, qui prend sa mission au sérieux, se met sur une pierre pour donner les consignes de sécurité et quelques conseils. A la sortie du village, se trouve une vieille maisonnette blanche qui semble avoir été restaurée. Il s'agit, selon Lounès Meziani du Club alpin français, un établissement créé durant la colonisation française. Une façon pour ce natif de la région de dire que les sports de montagne dans cette région de Kabylie ne datent pas d'aujourd'hui.
L'ascension, à l'assaut des cimes
Le groupe démarre vers 10h45. Le guide se fait aider par un collègue, Ahcène Moussouni, qui a choisi de venir en famille. Il y a aussi un responsable de la Maison de jeunes de Boghni, un habitué des randonnées, qui donne un coup de main. Nous entamons l'ascension. Un parcours rocailleux qui nécessite des chaussures adaptées. La montée se fait à un rythme soutenu mais nous ne pressons pas le pas. Il faut grader le même rythme de marche et avancer en zigzagant pour éviter les gros efforts et la fatigue précoce. Devant, les montagnes rocheuses dominent les randonneurs. Comme si elles s'apprêtent à les écraser. Nous sommes à Tabburt n At Rgan. Derrière, At Rgan s'éloigne petit à petit. Le village devient de plus en plus petit. Au bout d'une heure de marche, nous faisons notre première rencontre avec la vie sauvage : des singes magots (Macaca Sylvanus). Avant d'arriver à leur hauteur, le guide prévient les randonneurs : «Ces signes sont sauvages. Ils ont leur façon de se nourrir et nous n'avons pas le droit de déstabiliser leur régime alimentaire. Donc, ne leur donnez pas à manger et ne les appelez pas.»
Nous passons devant les singes, appelés également les Macaques de Barbarie. Pas très nombreux, ils se font discrets. Les randonneurs, y compris les plus jeunes donc les plus insouciants, respectent les consignes du guide. Ce dernier décide enfin d'une petite pause. Cela soulage certains marcheurs, même si le guide ne l'a pas fait pour le repos mais pour permettre aux retardataires de rejoindre le groupe, qui ne doit pas se disperser. De gros morceaux de neige sont toujours là mais la fonte est visible à l'œil nu. La sécheresse est menaçante puisque même beaucoup plus haut, sur les cimes du Djurdjura, la poudreuse n'est pas dense. Sans pluie en avril, la région est réellement menacée de sécheresse. Nous reprenons la route, toujours vers le haut. Les randonneurs sentent toujours les douleurs musculaires au niveau des membres inférieurs. Cela devient pénible mais tout le monde s'y attendait et chacun poursuit la marche avec la même détermination.
Alma n At Rgan, une prairie d'un vert éclatant
En tout et pour tout, l'ascension aura duré une heure et trente minutes environ, avant que les randonneurs ne bifurquent vers l'ouest, contournant un mont rocheux. At Rgan est maintenant minuscule et disparaît au fur et à mesure que les marcheurs prennent la nouvelle direction. Après la magie des montagnes rocheuses, nous découvrons la beauté d'une prairie en petite pente. C'est Alma n At Rgan. D'un vert éclatant, l'espace est resté propre malgré le passage régulier des randonneurs et des bergers de la région. Des signes de passage ? Un périmètre fait avec de grosses pierres semble avoir servir pour des matchs de football. A côté, et toujours avec des petits morceaux des ces montagnes rocheuses, un grand Z amazigh, formé également non loin d'un cœur entourant la lettre L comme quoi l'endroit inspire également les amoureux, tout comme les militants des causes identitaires.
Les randonneurs profitent de la beauté féerique de l'endroit pour prendre des photos. L'endroit est aussi appelé Azzekka b'aghrib (le tombeau de l'étranger). Les smartphones n'ont pas cessé de fonctionner tout au long de la randonnée, au point où certains randonneurs n'ont pas su gérer la charge de leurs batteries. Quelques centaines de mètres plus loin, c'est le cours d'eau formé par la fonte des neiges. C'est l'explication du vert éclatant de l'endroit. De l'eau très fraîche que des randonneurs ont pu boire. D'autres l'utilisent pour rafraîchir leurs propres bouteilles d'eau. Il est 12h30. C'est l'heure et l'endroit choisis par le guide pour la pause-déjeuner. Les randonneurs sont contents, pas uniquement parce qu'ils ont faim mais surtout parce que c'est une occasion pour un bon repos après un gros effort.
L'enclos du berger, la vie en montagne
13h30. Il est temps de reprendre la route. Les randonneurs qui ont fini de manger, n'ont pas omis de reprendre leurs ordures avec eux, comme l'a demandé Lounès Meziani au tout début. La nature nous préserve, nous devons la préserver. En dehors de la fatigue physique que les randonneurs ressentent, c'est un extraordinaire bol d'air qui donne un «coup de vie» au moral. Vivifiant. Nous reprenons la route mais cette fois nous renouons avec l'ascension. Et toujours avec la même technique, c'est-à-dire en zigzagant pour ne pas se fatiguer rapidement et pour éviter les soucis avec les muscles. Au bout d'une demi-heure de marche, le guide nous présente l'enclos du berger. Autour d'un gros rocher d'une hauteur d'environ trois mètres, les bergers de la région ont «réalisé» une sorte de tranchée avec des pierres. De grandes pierres plates entassées les unes sur les autres pour former un enclos adossé au grand rocher pour y accueillir le bétail durant les nuits de la période de transhumance. Les bergers qui quittent leurs villages respectifs pour la transhumance restent sur les hauteurs du Djurdjura plusieurs mois de l'été. Au bas du grand rocher, on peut voir un grand trou, une sorte de grotte, capable d'accueillir une personne. C'est là que le berger passe ses nuits, selon les explications fournies par le guide qui semble en connaître un bout sur la vie dans les montagnes du Djurdjura, la faune et la flore.
Il est temps de poursuivre la marche et de contourner un autre mont rocheux, toujours vers l'ouest. En direction, comme expliqué par le guide, de la commune voisine d'At Bouaddou, plus précisément au village d'At Oulhadj. Les grands rochers sont impressionnants. Et les randonneurs seront encore plus impressionnés quand ils contournent le mont pour se retrouver à Tizi n At Rgan. Un peu de plat qui annonce l'entame d'une grande descente. De loin, nous pouvons apercevoir le village d'At Rgan, toujours aussi minuscule. Du côté gauche, la ville de Ouadhias au milieu de la vallée. Nous entamons la descente sur des pierres de différentes tailles. C'est un pierrier, et on peut s'y tordre la cheville, voire pire, si on ne sait pas l'aborder. M. Meziani le sait et ça le rend quelque peu nerveux devant l'insouciance de certains adolescents qui ont une attitude dangereuse. «S'ils continuent comme ça, ils risquent de provoquer des chutes de pierres sur les autres randonneurs. Cela peut les tuer», indique le guide un peu gêné après qu'il ait grondé un jeune ado qui n'a pas respecté les consignes de sécurité.
La grande descente rocailleuse
Nous arrivons vers une route bétonnée en mauvais état. At Rgan n'est pas loin. Il est 15h30 et beaucoup de randonneurs pensaient que la randonnée touchait à sa fin. Surtout que le village le plus proche s'appelle At Oulhadj, comme celui prévu pour la fin de la randonnée. Nous comprenons très vite que ce village relève de la commune d'Agouni Gueghran et qu'il nous faudra encore marcher pour atteindre le village At Oulhadj d'At Bouaddou. Pire encore, nous devons encore monter en empruntant un sentier pris en sandwich par les montagnes rocheuses et une forêt. Une autre heure de marche éreintante physiquement mais qui purifie l'esprit. «C'est bizarre cette sensation. Je suis épuisée mais je me sens bien», résume une randonneuse qui est à sa troisième participation. Ce sera aussi un autre contournement, mais cette fois, la forêt en lieu et place d'un mont rocheux.
Le sentier vers At Oulhadj
Nous découvrons sur notre chemin des arbres, dont des oliviers à perte de vue. Des milliers, voire des dizaines de milliers d'arbres. Le chemin vers At Oulhadj d'At Bouaddou est long. Environ une heure de marche en montée. Avant une bifurcation, formant une sorte de parabole entre les deux villages At Oulhadj, celui d'Agouni Gueghran de départ et celui d'At Bouaddou prévu pour l'arrivée. Nous entamons une descente en douceur. Pour les marcheurs, cette descente est le début de la fin. Mais un début sans fin, tant le village «tant rêvé» refuse de pointer du nez. Entre temps, nous restons ébahis devant un chêne, millénaire selon le guide. Il pousse sur un gros rocher. Une véritable curiosité pour de nombreux randonneurs.
Il est 17h. Nous apercevons enfin le village At Oulhadj. C'est le soulagement pour certains marcheurs. Mais pour y accéder, il faut faire un petit détour. D'environ trente minutes. Une occasion de voir le village en détail et s'apercevoir que les villageois ont construit de nouvelles habitations. Que le village est encore en chantier. Mais ce que les randonneurs comprennent, c'est que, malgré l'isolement et les dures conditions de vie, les habitants n'abandonnent pas leur village. Nous posons enfin pied sur du goudron. Il est 17h30. C'est le soulagement général. A l'intérieur du village, nous rencontrons un groupe de quatre femmes qui papotaient. Nous demandons le chemin vers la source d'eau. L'une d'elles nous propose de remplir nos bouteilles d'eau de son robinet. «C'est la même eau. Elle vient aussi de la source», rassure-t-elle. De l'eau fraîche. Aussi fraîche que les esprits. Ce n'est pas le cas pour les corps qui se traînent vers les fourgons et les minibus. Direction : Tizi Ouzou. Retour vers la ville et sa pollution, aérienne, sonore, visuelle… Tout le contraire de la montagne.
M. B.


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