L'Algérie a célébré, hier, la Journée internationale du travail dans un contexte socioéconomique tourmenté. Le 1er Mai se décline cette année sous le signe de la «rationalisation» drastique des transferts sociaux, voire de l'austérité budgétaire. Les travailleurs et les employeurs, publics et privés, conscients de la gravité de la situation, privilégient le dialogue social pour juguler cette conjoncture difficile. L'Algérie a célébré, hier, la Journée internationale du travail dans un contexte socioéconomique tourmenté. Le 1er Mai se décline cette année sous le signe de la «rationalisation» drastique des transferts sociaux, voire de l'austérité budgétaire. Les travailleurs et les employeurs, publics et privés, conscients de la gravité de la situation, privilégient le dialogue social pour juguler cette conjoncture difficile. On doit dire que le pays cumule une bonne expérience en la matière. En effet, le gouvernement, le patronat et la centrale syndicale se mettent, chaque année, autour d'une table pour définir en commun les grands axes de la politique économique et sociale. Cette sacro-sainte tripartite, conçue comme un espace de consultation, d'échange et de négociation, s'emploie à consolidation de la paix et la stabilité sociales ainsi que la préservation des intérêts de chaque partie à travers la ratification d'un pacte consensuel. Cette saine tradition permet, à chaque fois, d'apporter les rectifications nécessaires aux choix adoptés par l'Exécutif afin d'équilibrer les rapports entre les trois partenaires, en les conformant à la réalité du terrain et aux fluctuations de l'économie mondiale. La tripartie constitue, à cet égard, un instrument efficace pour faire évoluer constamment la situation des travailleurs, sans nuire à l'intérêt de l'entreprise et aux équilibres macro-économiques du pays. Les syndicalistes algériens profitent toujours de cette opportunité pour mettre en avant leurs revendications portant sur l'évolution «progressiste» du code du travail, la revalorisation des salaires, la sauvegarde du pouvoir d'achat et l'association des travailleurs à la prise de décision à tous les échelons de l'entreprise. Cette façon particulière de concevoir la politique socioéconomique, en dépit de ses insuffisances, a été saluée par de nombreuses instances et autres organisations internationales spécialisées. L'Organisation syndicale panafricaine (Ousa) qualifie l'Algérie «de modèle en matière de dialogue social en Afrique». L'Organisation mondiale du travail (OIT) a également salué «les progrès réalisés en Algérie en matière de pratique syndicale» et sa disponibilité «à partager son expérience avec les autres pays africains». Toutefois, les travailleurs algériens, aspirant toujours à mieux, sollicitent l'élargissement de ces consultations à un maximum d'acteurs afin d'impliquer toutes les corporations et de profiter de toutes les compétences dans ce domaines. Les syndicats autonomes, au même titre que les organisations patronales, ne cessent de réclamer leur implication dans ce débat national. Il serait judicieux de réfléchir sérieusement à cette question afin de donner plus de représentativité et de crédibilité à ce dialogue. Une telle option, bien maîtrisée, serait à même de réduire encore les malentendus et les frustrations qui agitent épisodiquement le monde du travail. Ce serait également une bonne chose d'admettre, à titre consultatif, d'autres acteurs de la société civile (experts indépendants, association de protection du consommateur…) à cette rencontre qui requiert une très grande importance aux yeux de l'ensemble de la communauté nationale. Car, la politique sociale du pays, n'intéresse pas uniquement les travailleurs, mais concerne l'ensemble du peuple algérien. Au début du mois mars dernier à Annaba, la 20e tripartite, reflet d'un large consensus national, a mis le cap sur la diversification de l'économie pour la soustraire aux aléas du marché pétrolier. Ce choix, partagé par tous, ambitionne de dynamiser la production nationale par une «relance économique vigoureuse, porteuse de croissance, et génératrice de richesses et d'emplois», avait-on conclu. La recherche d'un travail stable étant la principale revendication sociale des Algériens à laquelle il va falloir répondre en développant l'énorme potentiel existant dans des secteurs comme l'agriculture, l'agroalimentaire, le tourisme, les mines et l'industrie avec, comme objectif premier, la satisfaction des besoins internes et la réduction de la lourde facture des importations. La tripartite s'accroche, cependant, «au modèle social fondé sur la solidarité entre les générations et les catégories ainsi que l'accès garanti aux services publics de base». Cette louable perspective exige, bien entendu, une large consultation afin d'affiner davantage la stratégie élaborée à cet effet, en approfondissant, du même coup, le consensus national nécessaire à sa concrétisation sur le terrain. La tradition algérienne dans ce domaine du dialogue social est bien établie. Elle s'apprête à franchir très prochainement d'autres étapes qui iront dans le sens de la consolidation de ses acquis. K. A.