Le ministre koweïtien du Pétrole, Essam al-Marzouk, a indiqué jeudi dernier que la conformité des pays producteurs aux réductions de l'offre avait atteint un niveau record en mai alors que les prix du brut sont toujours en baisse. Selon lui, les engagements à réduire la production ont été ainsi «respectés à 106% en mai», leur plus haut niveau depuis le début des réductions en janvier. Pour M. Marzouk, qui préside le comité ministériel Opep/non-Opep chargé de vérifier les réductions de l'offre, le respect des réductions témoignait «de la volonté des pays producteurs de rééquilibrer le marché pétrolier». Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des pays producteurs de brut, non-membres du cartel ont décidé en mai de reconduire jusqu'en mars 2018 leur accord sur une réduction de l'offre de 1,8 million de barils par jour (mbj), convenue initialement pour six mois à partir de janvier. Toutefois, les prix continuent, depuis fin mai, à évoluer en dessous de 50 dollars le baril. Hier, les cours pétroliers tentaient de poursuivre lors des échanges européens leur timide rebond entamé jeudi mais les investisseurs continuent de craindre une production surabondante. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 45,35 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 13 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance gagnait 12 cents à 42,86 dollars. «Le rebond n'est que timide et manque de conviction», expliquait un analyste. Les cours avaient terminé mercredi à leur plus bas niveau en dix mois à New York, dernière étape en date d'une chute de 17% du baril depuis la réunion de l'OPEP fin mai. Les cours du WTI, remontent quelque peu «mais le sentiment général demeure très négatif sur fond de crainte de surabondance de la production», estime un autre analyste. Selon l'Agence d'information sur l'énergie américaine (EIA), la production américaine de pétrole et de gaz devrait augmenter de 780 000 barils par jour (bpj) en 2017 et de plus d'un million de bpj en 2018. A un horizon plus lointain, la production dépendra largement de l'évolution des cours du brut. «Entre 45 et 55 dollars, pour chaque dollar de gagné sur le prix du West Texas Intermediate (WTI), vous débloquez environ 1,2 milliard de barils de réserves qui sont commercialement exploitables», explique un expert. Depuis la fin mai 2016, rappelons-le, les firmes pétrolières américaines ont installé 530 nouvelles plateformes de forage, 431 pour la production de pétrole et 99 pour le gaz, selon le décompte effectué par le spécialiste des services pétroliers Baker Hughes. Outre les Etats-Unis, certains pays exemptés de l'accord de l'Opep, voient leur production croître. Il s'agit de la Libye et du Nigeria, qui ont été exemptés des limites, du fait de problèmes géopolitiques qui pèsent sur leur industrie pétrolière. Au Nigeria, les extractions ont retrouvé un niveau de 2,2 millions de barils par jour, car l'état de force majeure a été levé sur le pétrole de Forcado. Certains analystes prévoient que la production nigériane devrait encore profiter de la reprise des activités de Shell au terminal pétrolier de Forcados dans le sud-est du pays. En Libye, la production pétrolière est repartie, quant à elle, de plus belle notamment avec la réouverture de deux champs dans l'ouest du pays. Le champ de Sharara, après son blocage par des gardes des installations qui réclamaient une meilleure paie, a rouvert récemment. Il produit à nouveau selon la National Oil Corporation (NOC) 200 000 barils par jour. Et le champ d'al-Fee, qui alimente les terminaux de l'ouest avec 80 000 barils quotidiens, a rouvert aussi récemment après deux ans d'interruption. Dans l'est de la Libye, beaucoup plus exposé aux combats, ceux opposant les factions du maréchal Haftar et des milices djihadistes, la production a repris aussi timidement, remontant à 6 000 barils jour. Ces derniers mois, il est constaté en Libye le retour des grandes compagnies étrangères et notamment l'italienne ENI, les françaises Total et Schlumberger. La Russie, via le géant pétrolier Rosneft, s'est également rapprochée des Libyens et a promis des investissements. De quoi redonner de l'optimisme à la compagnie libyenne du pétrole qui espère désormais sérieusement se rapprocher du niveau de production d'avant la guerre de 2011. Et vu la montée en cadence de la production de pétrole en Libye et au Nigeria, des analystes pensent que l'Opep pourrait devoir s'occuper rapidement des niveaux de productions de ces deux pays membres. B. A./Agences