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L'augmentation de la productivité n'est pas un but en soi !
Considérée comme une priorité par de nombreux économistes
Publié dans La Tribune le 02 - 07 - 2017

Il est possible sans aucun doute d'augmenter la productivité et les revenus si l'on s'en donne les moyens. Mais il est douteux que cette orientation à tout prix, ainsi que les choix en ce sens que traduisent souvent les investissements publics et privés, améliorent notre qualité de vie
Les économistes ne cherchent pas seulement à répondre à des questions difficiles, mais aussi à trouver les bonnes questions. Et il arrive que reconsidérer une question permette d'en trouver la réponse.
Intéressons-nous par exemple au débat sur la productivité. Les économistes qui essayent de comprendre le ralentissement apparent de la croissance de la productivité posent la question suivante : où est passée la part manquante de cette croissance ? Dans leur réponse, ils évoquent la mesure des indicateurs économiques, les changements structuraux du marché de l'emploi, le manque potentiel d'opportunités d'investissement, l'innovation technologique qui conduit parfois à un saupoudrage de la hausse de productivité et à une inadéquation entre cette innovation et les compétences de la main-d'œuvre.
Or, il pourrait être judicieux de poser une autre question, plus fondamentale : de combien voulons-nous accroître la productivité, et à quel prix ?
L'augmentation de la productivité est souhaitable. C'est un paramètre essentiel de la croissance du PIB (notamment dans les pays où la croissance de la main-d'œuvre ralentit) et de l'augmentation des revenus. Une forte croissance du PIB et des revenus permet de répondre aux besoins et aux désirs fondamentaux des êtres humains.
Ce lien est évident dans les pays en développement pour lesquels expansion économique et hausse des revenus sont indispensables pour réduire la pauvreté et améliorer la santé et l'éducation de la population. Mais le lien entre croissance agrégée et bien-être individuel est tout aussi fort dans les pays avancés (particulièrement dans ceux d'entre eux qui sont confrontés à une croissance faible, à un chômage élevé, à un écart important entre production réel et production potentielle, au surendettement, à un taux de change inadapté et à des rigidités structurelles).
Tant les citoyens que les dirigeants d'un pays attachent de l'importance à un ensemble de facteurs qui vont du système de santé et de l'équité dans la société à la sécurité et à la liberté. Pour autant, la croissance de la productivité, et par conséquent celle du PIB, ne doit pas être le premier objectif des dirigeants politiques. Elle n'est souhaitable que dans la mesure où elle permet d'atteindre ces objectifs.
Pourtant les économistes et les dirigeants politiques se focalisent exagérément sur ces indicateurs liés aux marchés tout en négligeant la raison de cette attitude : le bien-être des citoyens. Jusqu'à présent les tentatives d'évaluer la réussite d'une économie en utilisant d'autres indicateurs qui prennent en compte les besoins et les désirs de la population ont pour l'essentiel échoué.
Pour évaluer le taux de hausse de productivité dont nous avons réellement besoin, il faut adopter un point de vue plus large qui nous permette de décider comment distribuer au mieux des ressources limitées, en particulier les ressources humaines les plus précieuses. Dans cette perspective, les indicateurs liés au marché, notamment la croissance du revenu réel (ajusté en fonction de l'inflation), jouent peut-être un rôle moins prépondérant que dans le passé. Il faudrait aussi prendre en compte les priorités d'une société, qui se traduisent dans la manière dont ses membres utilisent leurs ressources.
Ainsi, les progrès de la médecine depuis la Deuxième Guerre mondiale ont été extrêmement bénéfiques. Ils ont conduit à l'augmentation de la durée de vie et à la diminution de la mortalité et de la morbidité infantile - et pas simplement à la hausse de la productivité et du PIB. C'est pourquoi les USA par exemple investissent des sommes considérables dans la recherche médicale. Le budget des Instituts américains de la santé s'élève à 32 milliards de dollars par an, ce qui leur permet de financer des projets auxquels contribuent les meilleurs chercheurs du pays. De la même manière, la Fondation américaine pour la science et le département de la recherche du ministère américain de l'énergie disposent à eux deux de 12 milliards de dollars par an pour financer des recherches dans de nombreux domaines, dont les économies d'énergie, les énergies vertes, les sciences naturelles et les sciences sociales.
Le retour sur investissement des dépenses publiques consacrées à la sécurité est plus difficile à évaluer, car l'ensemble des ressources qui lui est consacré, de même que leur efficacité, est difficile, voire impossible, à mesurer. Pourtant il est certain que la sécurité est un élément important de la qualité de la vie, et de ce fait un poste de dépenses conséquent.
Dans certains cas, ce que veut la population ne va pas dans le sens de l'augmentation de la productivité. Ainsi les médias sociaux sont appréciés comme moyen de communication, d'interaction ou de distraction, mais ils sont souvent critiqués pour ne guère contribuer à la productivité (ou même pour lui nuire), alors que telle n'est pas leur finalité.
Pour beaucoup de personnes, surtout dans les pays riches, la priorité n'est pas de s'enrichir, mais de mener une vie plus riche. C'est à cet objectif qu'elles vont consacrer leur temps, leur argent et leur créativité. Lorsqu'on s'enrichit, la valeur relative que l'on accorde aux différentes dimensions de la vie peut changer.
Au niveau de l'ensemble d'une population, la répartition des richesses suit plus ou moins ces changements sur le long terme ; c'est particulièrement vrai en ce qui concerne les ressources humaines. Et il en est de même de la répartition des ressources publiques, quels que soient les défauts de nos mécanismes de décision.
Cette évolution ne se limite pas aux pays riches. La Chine a atteint (voire dépassé) le stade où la focalisation exclusive sur les indicateurs de productivité et de croissance du PIB n'est plus en phase avec les attentes de l'opinion publique en termes de qualité de vie. C'est pourquoi les ressources de la Chine ne sont plus orientées exclusivement vers la croissance, mais redéployées de manière plus équilibrée en faveur de la protection de l'environnement, de la protection sociale, de la sécurité et l'innovation dans tout un éventail de secteurs qui ne recouvrent que partiellement la productivité et la croissance des revenus.
Ainsi, une part substantielle de la diminution de la croissance de la productivité ne tient peut-être pas à la répartition des richesses ou à des facteurs externes sur lesquels nous n'avons pas vraiment prise, mais à un changement de priorités qui privilégie d'autres dimensions de la qualité de vie.
Ce changement n'est pas sans risque. Sans amélioration de la productivité, les revenus les plus bas n'augmenteront probablement pas, d'où augmentation des inégalités et, comme nous l'avons vu récemment, des menaces sur la stabilité sociale et politique. Il faudrait donc consacrer davantage de moyens à la réduction des inégalités - et ce, quel que soit l'état d'une opinion publique fluctuante.
Il est possible sans aucun doute d'augmenter la productivité et les revenus si l'on s'en donne les moyens. Mais il est douteux que cette orientation à tout prix, ainsi que les choix en ce sens que traduisent souvent les investissements publics et privés, améliorent notre qualité de vie.
S. H./M. S.
(Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz)
*Docteur en économie de l'Université de Californie à Berkeley et rejoindra le Fonds monétaire international à l'automne.
**Lauréat du Nobel en économie, professeur d'économie à la Stern School of Business de NYU, chercheur distingué au Conseil des relations extérieures, membre principal de l'établissement Hoover de l'Université de Stanford, coprésident du conseil consultatif de l'Institut Asie-Monde à Hong Kong et président du Conseil mondial de l'agenda du Forum économique mondial sur les nouveaux modèles de croissance. Ancien président de la Commission indépendante sur la croissance et le développement, organisme international qui, de 2006 à 2010, a analysé les opportunités de croissance économique mondiale.
In project-syndicate.org


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