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«Il faut mener bataille pour la reconnaissance des crimes coloniaux»
Trois questions à olivier Le Cour Grandmaison
Publié dans La Tribune le 06 - 05 - 2009


Entretien réalisé par l'APS
APS : Vous êtes associé à l'organisation d'un colloque à Paris sur les massacres du 8 mai 1945. A quelle (s) préoccupation (s) répond ce colloque ?
Olivier Le Cour Grandmaison : Si j'ai pris, avec d'autres, cette initiative, c'est parce qu'il me semblait important et nécessaire d'organiser un colloque ouvert au plus grand nombre sur les massacres de Sétif et Guelma qui demeurent trop souvent méconnus du public et parfois même de certains historiens français comme j'ai eu la surprise de le constater récemment. Important sur le plan de la
connaissance précise des faits, de leur déroulement, de leurs conséquences terribles pour les «indigènes» comme on disait alors, et de la qualification politique et juridique de ces événements dramatiques. Important aussi parce que, en tenant ce colloque en dehors de l'université, il s'agissait d'essayer de toucher des personnes qui n'ont pas accès, pour diverses raisons, aux savoirs dispensés dans l'enseignement supérieur. Important enfin sur le plan politique et symbolique puisque ce colloque a lieu à la mairie de Paris, quelques jours avant les célébrations d'un autre 8 Mai 1945, synonyme de libération et de libertés retrouvées, qui n'a pas contribué à occulter ce qui s'est passé au même moment dans les départements français d'Algérie, selon la formule consacrée. J'interprète cela comme un premier pas extrêmement positif qui, je l'espère, permettra que ces massacres soient enfin reconnus par la mairie de Paris qui
s'honorerait en faisant ce geste attendu par beaucoup d'Algériens et de Français.
Des ouvrages viennent de paraître récemment sur le 8 mai 1945. Un documentaire a été diffusé il y a quelques mois sur France 2. Comment peut-on expliquer cet intérêt pour cette page noire de l'histoire de la France ?
Les travaux d'universitaires et d'historiens sont depuis longtemps nombreux sur la période coloniale, en général, et sur les massacres perpétrés par l'armée française dans différentes régions de l'empire, en particulier. Ce qui est nouveau, sans doute, c'est le fait que ces travaux et les documentaires consacrés à cette période rencontrent un écho qui dépasse les frontières du monde académique, comme on dit. Peut-être est-ce lié à l'actualité nationale et internationale et aux différentes polémiques engendrées, ces dernières années, par le vote de la loi du 23 février 2005. Cette loi qui, toujours en vigueur, sanctionne une interprétation mensongère et apologétique de la colonisation française. On ne saurait oublier, enfin, le rôle joué par un certain nombre d'associations qui luttent depuis des années pour la reconnaissance d'un certain nombre de massacres, ceux de Sétif et Guelma, bien sûr, mais aussi ceux du 17 et 18 octobre 1961 à Paris commis par la police française agissant sous les ordres et la responsabilité du préfet de police Maurice Papon.
Selon vous, existe-t-il aujourd'hui, en France, une volonté politique d'occulter toutes ces pages douloureuses en faisant l'apologie des «aspects positifs de la colonisation» ? Comment les chercheurs et historiens peuvent-ils contribuer au rétablissement des vérités
historiques ?
Nous sommes, par la faute du président de la République qui ne cesse de faire un usage démagogique et électoraliste du passé
colonial de la France, dans une conjoncture aujourd'hui particulièrement régressive. J'en veux pour preuves la loi du 23 février précitée et le discours de Nicolas Sarkozy prononcé au cours de la campagne de l'élection présidentielle à Toulon en février 2007.
Discours dans lequel, reprenant les clichés les plus éculés du discours impérial-républicain forgé sous la IIIème République, il se livrait
à une réhabilitation, sans précédent depuis la fin de la guerre d'Algérie, de l'histoire coloniale du pays. Triomphe et restauration sinistres d'une mythologie officielle qui nous ramène des décennies en arrière. Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de s'opposer à cette instrumentalisation du passé en rappelant, grâce aux travaux de tous ceux qui étudient cette période, ce que furent les réalités de la colonisation avec son cortège de massacres, de discriminations racistes juridiquement sanctionnées, d'exploitations et d'oppressions terribles des «indigènes».
Défendre un savoir authentique, c'est-à-dire précis, documenté et rigoureux contre toutes les mythologies nationales et partisanes, tel est le rôle essentiel des universitaires dans cette conjoncture nouvelle et singulière. Bataille pour la connaissance donc mais aussi, sur un autre plan, bataille pour la reconnaissance des crimes commis au cours de la colonisation.


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