Technicienne ingénieuse, rigoureuse, Fatifa Mentouri s'occupait de la réforme financière, un portefeuille qu'elle détenait depuis 2001. Elle a travaillé sous la coupe de Abdelatif Benachenhou, de Mourad Medelci et de Karim Djoudi. Elle a mis en chantier un «paquet» de réformes très abouties par bien des aspects. Le processus qu'elle a initié est aussi complexe que vaste. Il s'intègre dans un ensemble ; il touche à la banque, à l'assurance et au marché financier. C'est une démarche soutenue, projetée dans l'avenir. Finalité, faire émerger un système bancaire et financier en phase avec les réformes structurelles administrées à l'économie nationale au début des années quatre-vingt-dix. De quoi il s'agit, en fait, dans le détail ? Entre autres priorités, la banque publique. Elle est au cœur du dispositif dont il s'agit. Ce qui est recherché, c'est de pouvoir dégager des formules à même de la faire évoluer dans un nouvel environnement radicalement différent de ce qui se faisait par le passé. Il est ainsi question de changer de gouvernance, de mode d'organisation, de spécialisation, de contrôle interne. Il faut également mettre les banques publiques, pas forcément toutes, en partenariat, le partenariat étant un moyen de diffuser le plus rapidement possible la modernité. A l'heure qu'il est deux banques ont été promises à la privatisation : le CPA et la BDL. Beaucoup de choses ont été dites au sujet du CPA. Le processus de privatisation a été suspendu. Officiellement, pour des raisons liées à la crise des crédits hypothécaires aux Etats-Unis. A priori, l'argument n'est pas court. Est-ce la ministre déléguée à la réforme financière qui l'a suggéré ? Ce n'est pas impossible, au regard de la confiance dont elle créditée. En tout cas, les médias se sont emparés de ce dossier et en ont fait des interprétations circonstancielles. Au départ, il était attendu que le CPA passe sous contrôle privé avant fin 2007. C'est une opération présentée comme importante, primordiale. La BDL, elle, en est encore à la phase balbutiante. Les autorités publiques en parlent peu. Par prudence ? Autre chapitre dans les réformes, le marché du crédit et l'amélioration de la qualité des services auprès des clients. Techniquement parlant, il s'agit essentiellement de redonner de la capacité d'engagement aux banques par la neutralisation des risques, le renforcement des fonds propres et la diminution des taux d'intérêt. L'accent a été mis sur la consolidation des fonds propres parce que c'est ce qui fait, en fait, la capacité d'engagement des banques. Et la problématique des garanties dans tout cela ? Ce qui a été retenu, c'est de neutraliser les risques avec la création d'une caisse de garantie de crédits d'investissements dotée de trente milliards de dinars et une capacité d'engagement de douze fois trente milliards de dinars, des primes de risque très faibles, des délais de paiement de sinistres correspondant tout à fait à ce que peut attendre une banque dans son activité de crédit aux petites et moyennes entreprises, une action sur le soutien des taux d'intérêt par des bonifications, etc. Un des dossiers ayant abouti sous la férue de Fatiha Mentouri, la télécompensation. C'est une réforme dont sont fiers les banquiers, bien que sa généralisation dans des régions reculées reste discutable. On note que le portefeuille de la réforme bancaire n'a pas été retenu dans l'organigramme de cet exécutif. Connaissant l'intérêt que porte Ouyahia à ce chantier, peut-on penser que c'est le chef du gouvernement en personne qui pilotera ce dossier ? Y. S.