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Ces Algériens qui ont réussi en Suisse
Leurs positions sociales, professionnelles, intellectuelles et leur générosité font honneur à leur pays
Publié dans La Tribune le 17 - 05 - 2009


De notre envoyé spécial en Suisse
Mohamed Ouanezar
C'est l'histoire insoupçonnée de jeunes Algériens qui ont choisi de s'exiler, non pas en quête d'une vie plaisante ou à cause d'une déception ou d'un coup de tête, mais plutôt pour se donner les moyens de leurs propres ascensions sociales, culturelles et professionnelles, de laisser libre cours à leur génie, à l'amour de vivre et de faire épanouir ce qu'ils n'ont pu faire chez eux. Nous avons, ainsi, durant notre séjour en Suisse, notamment à Genève, Fribourg et Zurich rencontré des Algériens de différents bords et horizons dont nous vous racontons ici l'aventure et les histoires des succès professionnels et humains qu'ils représentent. Ils sont 100 Algériens résidant à Fribourg, une ville très calme et très belle. Le récit.
Mohamed Chabou, jeune agent d'assurances très actif en France et en Suisse. Il vient de lancer sa propre affaire. Une nouvelle assurance sur le marché européen Insco Swiss avec Elvia, Mondial assistance dont il est le general manager. «Prévoyance Obsèques» est, en fait, un nouveau produit qui s'adresse surtout aux communautés arabes et, plus particulièrement, maghrébines. Avec un sens aigu des responsabilités, Chabou fait évoluer son produit et aimerait bien collaborer avec les institutions d'assurances du pays. «C'est profitable autant pour nos compatriotes en détresse que pour les assurances elles-mêmes», notera-t-il. Son affaire a vu le jour à la suite de drames terribles qui ont touché certains proches amis à lui. Mourir en Europe n'est pas une sinécure, serait-on tenté de dire.
Le drame des harraga dont les corps gisent dans les tiroirs des morgues de l'Europe entière est assez édifiant quant à la deuxième tragédie de ces jeunes Algériens morts pour un rêve qu'ils n'ont jamais pu réaliser. Chabou Mohamed, semble avoir trouvé la solution.
Belhocine Hachemi est un brillant avocat algérien basé dans l'ancienne ville Etat. Fribourg. Membre du comité de direction suisse du lobby de l'immobilier (c'est une exception), membre de l'Association suisse des locataires (83% des Suisses n'ont pas accès à la propriété. Ils sont locataires). Il est le propriétaire d'un immeuble de quatre étages au 5, rue le Criblet à Fribourg. C'est dans cet immeuble qu'il dirige un cabinet d'études juridiques spécialisés dans les accords de Barcelone, le transit et la confection des contrats qui ont trait à l'immobilier. Son bureau, décoré aux couleurs de l'Algérie, comprend une multitude d'objets et de choses qui constituent des repères identitaires pour ce jeune avocat, artiste à sa manière. Il nous montrera jalousement une bouteille dans laquelle il avait soigneusement mis du sable. «Je l'ai ramené du bled. C'est vrai. C'est sérieux. Le fait de le voir me suffit», nous dira-t-il. Sur les murs, pas de peinture. Juste un style de décoration avec du gypse, en guise de peinture. Un rouge brique comme ceux qui caractérisent les maisons de notre campagne et leurs intérieurs rougeâtres. Autre détail important. Hocine est accro à la «chema», tabac à chiquer. «C'est mon plaisir», dira-t-il. Ayant connu une Suissesse à Alger avec laquelle il s'est marié, il décidera d'émigrer non sans avoir accompli son service national. «J'avais soif de connaissance et de savoir. Et mon choix était clair. J'avais une Renault 4 que j'ai vendue à 17 millions de centimes à l'époque, l'équivalent de 2 000 francs suisses», nous confiera-t-il. Très pragmatique et sérieux, Hachemi rejoindra les rangs de l'université où il passera six années à étudier le droit, en plus de sa licence obtenue à Alger. «Ouallah ya baba il était un simple mécano. J'ai dû faire des boulots assez durs et physiquement éreintants pour subvenir à mes études. J'ai également fouiné pour voir à quelles sortes d'aides je pouvais prétendre. Et j'ai réussi. De temps en temps, le téléphone sonne. Il s'excusera à chaque fois, pour ensuite nous lancer : «Ici, il faut rester à l'écoute de ses clients. J'ai aussi des détectives avec lesquels je dois être en contact permanent pour les affaires courantes de mes clients» Hachemi Belhocine a réussi en l'espace de quelques années à devenir un homme incontournable dans la ville de Fribourg. Le 15 mai, il recevra chez lui l'épouse du président suisse Rudolph Mertz pour une action caritative. Belhocine aime entretenir de bonnes relations avec son entourage et son environnement. «Je connais beaucoup de députés. Ils aiment l'Algérie et voudraient bien y voyager. La recette Algérie, ça marche. Il faut juste y croire», lancera-t-il. Néanmoins, Belhocine est également considéré comme le parrain des associations algériennes activant en Suisse. Il lance des associations qu'il mettra sur les rails pour ensuite les laisser continuer sans interférence aucune. Son rêve, c'est d'aboutir à l'homologation des associations algériennes humanitaires auprès de la Croix-Rouge et autres organismes internationaux. «Je voudrais aussi lancer l'idée d'une fédération suisse des associations algériennes œuvrant dans le domaine de l'humanitaire et de la santé», nous confiera-t-il. Nous avons la chance d'avoir des vis-à-vis importants et disponibles.» Et pour conclure, Belhocine est le responsable régional du FLN en Suisse.
Hadj M. Derouaz, septuagénaire, est membre de l'Office du tourisme suisse, membre de la Société suisse d'hôtellerie et membre de l'école d'hôtellerie suisse. Propriétaire de l'hôtel Strasbourg. Un somptueux hôtel situé dans le centre ville de Genève. Un véritable joyau architectural doté d'une technologie de pointe dans les prestations de services. Ancien moudjahid de la Fédération FLN de France, c'est aussi un ancien détenu de l'armée coloniale sur le territoire français. Ayant été libéré par la suite, il entre en Suisse en 1960 où il s'établira définitivement. «C'est un pays qui m'a ouvert ses bras et m'a accueilli chaleureusement. J'ai continué mes activités de soutien à la révolution jusqu'en 1962, date de l'indépendance», notera-t-il sur un air de fierté et de satisfaction quant à son devoir vis-à-vis de la nation. Il nous exhibera le nom de cet ancien moudjahid, Omar Boudaoud, qui était le chef incontesté des moudjahidine de France et même en Europe. Après l'indépendance, Hadj Derouaz se consacre à l'activité au sein de l'Amicale des Algériens en Suisse. «Il nous fallait nous regrouper dans un cadre en tant qu'Algériens. Je me suis ensuite enrôlé dans les rangs du FLN où j'ai continué d'exercer en tant que militant». Il nous racontera, par la suite, comment les rivalités entre militants du FLN et ceux du MNA avaient fait des morts de part et d'autre à Lyon, place du Pont. Préférant se projeter sur le présent et l'avenir, il nous lancera cette phrase pleine de sens : «Nos autorités nous font confiance. Nous essayons d'être une jonction entre la jeune génération et celle d'avant. C'est une caution morale.» Et de bifurquer sur la dernière élection. «Moi je suis fidèle à mon pays et je crains Dieu», nous dira-t-il. Nous apprendrons de la bouche de l'un de ses compatriotes qu'il a bâti et inauguré une mosquée grandiose dans un quartier miséreux dans la ville d'El Eulma. Coût de l'opération : près de 9 milliards de centimes. Lors de la dernière élection présidentielle, il fut l'un des rares membres de la commission nationale chargée de superviser les élections en Europe. Notre homme s'intéresse également au mouvement associatif algérien et à ses actions qu'il sponsorise en fonction des activités. C'est le cas pour les séjours thérapeutiques des enfants de victimes du terrorisme, SOS enfants en détresse et autres prises en charge d'enfants en matière de soins et autres. Généreux et attentif, Derouaz est l'un de ces Algériens qui ont réussi dans tous les domaines. Ses enfants qui le secondent dans les affaires de l'hôtel sont aussi un exemple de gentillesse et de bon sens.
Le docteur Achour Abderrahmane, octogénaire, est docteur en physique nucléaire et major de promotion en France et en Suisse. Il est également chargé de cours à l'université de Fribourg, considérée comme la deuxième importante université après celle de Harvard l'américaine. C'est le précurseur de l'introduction de l'informatique dans la ville de Fribourg en 1973. Pour nombre d'Algériens évoluant dans cette ville suisse, Achour est un véritable père. De temps à autre, des dîners et autres barbecues sont organisés entre Algériens. «Nous nous amusons comme des enfants. On se laisse aller sans aucune contrainte. Car, nous savons que les autres jours, ce sera l'enfer et le stress du boulot», notera Hachemi.
Dr Zidane Meriboute est senior consultant auprès du comité international de la Croix-Rouge CICR à Genève. Un Algérien hors pair.
Un intellectuel, un chercheur également dans les questions relatives au soufisme. «Je m'intéresse surtout aux aspects sociologiques dans le soufisme, notamment la Tidjania qui compte plus de 50 millions d'adeptes», notera-t-il d'un air très modeste. Il a également édité plusieurs ouvrages relatifs à l'islam et au soufisme. Actuellement, Zidane Meriboute est sur les traces de l'Emir Abdelkader, notamment pour ce qui est de son exil
en France. Notre chercheur s'intéresse, en fait, aux correspondances qu'un compagnon de l'émir conservait jalousement. Il s'agit de Léon Roche, qui «était, en fait, un double agent». Pour Meriboute, c'est le livre de Claude Azio Douze ans d'islam qui cherchait un commentateur qui a mis la puce à l'oreille de ce chercheur.
Il nous parlera également des cheïkh exilés de la tarika Tidjania et des tentatives de destruction de la zaouïa de Aïn Madi et tant d'autres récits envoûtants et captivants. Meriboute est également l'un de ces Algériens qui font
honneur à leur pays.
Mohamed l'Oranais, dit «El Mossad» à cause de son sens très poussé du renseignement. Zurich n'a pas de secret pour lui. Avec son allemand aux accents très rustres, il entretient des relations extraordinaires avec les membres de la communauté arabe à Zurich et même ailleurs. Sourire au coin des lèvres, il sait comment ne pas être encombrant dans la djemaa. Silencieux, généreux et très à l'écoute, il ne connaît pratiquement pas le repos. Pourtant, Mohamed «El Mossad» a tout pour déguster une retraite dorée. Deux grandes maisons en Espagne, une autre à Zurich, un petit palais à Casablanca au Maroc, trois villas à Oran… En instance de divorce avec sa femme espagnole - il a vécu la majeure partie de sa vie en Espagne où il se sent vraiment chez lui. «Ma fille est tout ce que j'ai au monde. J'aurais seulement voulu qu'elle se marie avec un Arabe. Mais Allah ghaleb (A Dieu ne plaise). Sinon, c'est une fille géniale pleine de ressources. Elle a fait des études poussées en finances et elle est devenue une grande experte. Maintenant, elle travaille à son compte. Elle gère des équipes de tennis qu'elle prend en charge financièrement. Je ne sais trop ce qu'elle fait au juste. Mais je trouve qu'elle est assez futée. Comme nous autres Algériens. C'est ma fierté. Quand je l'ai ramenée d'Espagne, elle paraissait bouchée. Mais elle a vite grimpé. C'est une vraie battante», confie Mohamed avec une grande fierté. A l'âge de la retraite, il continue de sillonner les artères de Zurich avec son fourgon Mercedes. L'air hagard, un physique austère, Mohamed a investi un créneau porteur à Zurich. Le transport de marchandises, les déménagements et autres. Il lui arrive d'acheminer des cargaisons entières vers le Maroc et l'Espagne. Il a passé plus de 25 années dans les chantiers de Zurich. «J'ai beaucoup souffert au début. Mais j'ai gagné. Maintenant, je voudrais me reposer. Mais il faut que je règle certains trucs avant», allusion faite à son divorce sans lequel il ne peut prétendre à ses biens, en Espagne notamment. A Zurich, il loue des garages qu'il utilise dans le stockage de marchandises et autres biens. Avec son ami de tous les jours, Chibane Abdelkader, un Algérois de souche qui vit à Zurich depuis plus de
20 années, il affronte les tracas de l'exil avec un grand courage. Kader son ami est également un grand affairiste dans la ville. Consulté et très apprécié des Turcs et autres Maghrébins, Kader possède des garages et des aires de stationnement où il parque ses voitures et camions. «Chaque année, je me rends à Alger et au Sud avec mes enfants et ma femme. Je veux qu'ils gardent un lien étroit avec leur pays d'origine. C'est très important pour moi», nous confiera-t-il. Avec son véhicule flambant neuf, il sillonne Zurich en quête de voitures et d'occasions. Téléphone en main, il ne se lasse pas de se déplacer pour voir telle ou telle voiture. C'est ce qu'on appelle avoir le sens des affaires.
«Je n'ai jamais eu peur de mon pays. Au plus fort du terrorisme, je me rendais en famille à Alger, contre tout avis et mise en garde. Mon père avait à chaque fois le vertige en me voyant débarquer avec ma femme suisse. C'est mon pays. Je ne peux m'en défaire», notera-t-il.
Samir et Djamel sont deux jeunes Oranais qui vivent de leurs mensualités à Zurich.
En notre présence ils parlent français avec, de temps à autre, des mots en allemand. Ils commencent à peine leur grande aventure.


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