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Le Kosovo : une indépendance au goût inachevé
Le pays est aujourd'hui à la croisée des chemins
Publié dans La Tribune le 25 - 06 - 2009


De notre envoyée spéciale au Kosovo
Mekioussa Chekir
«Welcome and thank you !» C'est par des encarts publicitaires frappés de son portrait et qui sont déployés dans les principales avenues de la capitale kosovare, Pristina, que la population locale a souhaité la bienvenue au vice-président américain, Joe Biden, le 21 mai 2009. Ce dernier s'y est rendu dans le cadre d'une tournée effectuée dans la région des Balkans. L'accueil chaleureux dont ce haut responsable américain a été gratifié par les Kosovars n'a d'égal que la dimension de la reconnaissance que ces derniers témoignent à l'égard de l'administration américaine dont le pays a été le premier à reconnaître l'indépendance du Kosovo proclamée unilatéralement par le Parlement le 17 février 2008. «Il est prioritaire pour les Etats-Unis de voir le Kosovo indépendant réussir. Votre indépendance est irréversible !» a-t-il soutenu, dans un discours devant le Parlement kosovar, par ailleurs très applaudi par les députés.
M. Biden conviera, à l'occasion, les autorités kosovares à «construire une société véritablement multiethnique». Lorsqu'on sait à quel point les Kosovars tiennent à leur indépendance, on comprend combien de tels propos peuvent être réconfortants pour eux. Un tel soutien émanant de la première puissance mondiale a provoqué, on s'en doute, le courroux des autorités serbes et les habitants du Kosovo issus de cette communauté ont tenu à bien l'exprimer au représentant de l'administration d'Obama.
Un millier de Serbes avaient manifesté contre cette visite dans le nord du pays en scandant des slogans hostiles aux Etats-unis. «L'Amérique n'est pas notre amie !» avait lancé Radovan Nicic, l'un de leurs responsables. C'est que les quelque 100 000 personnes qui composent cette minorité du pays refusent, dans sa globalité, de reconnaître l'indépendance de ce territoire qui compte quelque 2 millions d'Albanais et qui faisait partie de l'ex-empire yougoslave. Devenue depuis 1918 une province dépendant de la Serbie (Belgrade), sa majorité albanaise a fini par vouloir s'en séparer à la faveur de la désagrégation de l'ex-Yougoslavie au début des années 1990. Les actions offensives entreprises dès 1997 par l'Armée de libération du Kosovo contre les Serbes donnèrent le prétexte au président serbe, Slobodan Milosevic, de mener en 1998 une expédition punitive contre les Albanais, voire un génocide qui ne prit fin qu'avec l'intervention des forces de l'OTAN en 1999 qui contraignirent Milosevic à se retirer du Kosovo. La région fut placée, la même année, sous l'administration des Nations unies. Depuis juin 1999, les forces de maintien de la paix de l'OTAN (KFOR) veillent aussi à la sécurité du Kosovo. Près d'un million d'Albanais qui avaient fui les milices serbes vers le Monténégro, la Macédoine et l'Albanie sont, depuis, rentrés progressivement au pays. Autorités serbes et albanaises ont entrepris alors des négociations pendant quelques années sur le statut de ce territoire.
Devant l'impossibilité de parvenir à un accord, les Serbes proposant aux Albanais une autonomie sous leur bannière et ces derniers tenant à leur entière indépendance, cette option a fini par s'imposer. A ce jour, 60 pays ont reconnu le Kosovo indépendant, dont 22 des 27 pays de l'Union européenne (UE). Le 14 octobre 2008, les Emirats arabes unis ont été le premier pays arabe à le faire, en octobre 2009. Soutenu par Moscou, Belgrade se refuse à valider une indépendance qu'il considère comme une violation de l'unité de son territoire et tente de sensibiliser tous les Serbes en faveur de cette option.
Mitrovica : le pont de la division
Il faut se rendre à Mitrovica, à moins de 100 km au nord de Pristina pour réaliser l'étendue du clivage qui caractérise cette population et que matérialise le pont qui divise la ville en deux : les Albanais d'un côté et les Serbes de l'autre. Les éléments de la Kfor, soutenus par la police locale, veillent en permanence au mouvement des citoyens.
Des brigades immobiles sont érigées des deux côtés du pont. C'est la première fois, depuis notre arrivée au Kosovo, que nous constatons un tel déploiement de forces de sécurité.
En raison des frictions qui subsistent, à la limite du palpable, nos accompagnateurs nous déconseillent de passer de l'autre côté du pont, vers la partie serbe. La présence parmi nous d'une journaliste soudanaise voilée pourrait susciter la colère de cette population qui ne tolère quasiment aucune présence albanaise. Cette dernière s'abstient de prendre des risques. Quelques journalises franchissent la limite «déconseillée». Nous rencontrons, attablé dans le premier café, un ex-policier serbe, Boban 32 ans. Il se confie à nous en toute franchise sur les ressentiments des uns envers les autres. «Nous sommes contre cette indépendance, le Kosovo est notre pays plus que les Albanais. Nous sommes nés ici. Nous vivons ici entre Serbes mais quand les Albanais viennent ici, ils sont en sécurité, aucun mal ne leur arrive !» Notre interlocuteur peste contre l'arrivée des forces de la Kfor qui, selon ce dernier, lui ont «confisqué» un travail qu'il a effectué pendant 15 ans, contre un salaire de 200 euros par mois. «Après avoir remis les armes, je me retrouve à présent sans travail. Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement ne fait pas appel à nous. Il y a à peine 22 Serbes qui travaillent dans la police kosovare !» s'indigne-t-il.
Quand on lui demande comment ils font pour reconnaître les Albanais qui viennent «chez eux», Boban rétorque en ces termes : «Ici, nous nous connaissons tous même si les Albanais s'arrangent pour rentrer à bord de voitures auxquelles ils ont auparavant enlevé la plaque d'immatriculation, nous savons qu'ils ne sont pas des nôtres !» Cela étant, nous apprend-il, le peu d'Albanais qui viennent dans cette partie de Mitrovica sont motivés par les affaires, car il y a tout de même un échange entre les commerçants. C'est que l'économie kosovare reste grandement dépendante de la Serbie : 70% de la marchandise qui y est écoulée provient de cet Etat. D'où le besoin de certains Albanais de s'approvisionner chez l'autre communauté. «Le Kosovo, c'est nous !» nous dit un Albanais qui tient un kiosque à tabac à quelques dizaines de mètres de l'autre côté de la ligne de démarcation.
Lui aussi tient le même langage que l'ex-policier serbe. «Lorsqu'il arrive que l'un d'eux vienne ici, nous ne lui faisons aucun mal mais lorsque l'un des nôtres se rend chez eux, il peut avoir de désagréables surprises. La plupart du temps, ils reçoivent une pluie de pierres sur leurs véhicules. Dieu merci, il y a rarement des actes plus graves, mais la tension est permanente entre nous !» Un adolescent de 11 ans nous sert de traducteur. Il a appris le français en côtoyant les Français qui font partie des forces de la Kfor. Il est fier non seulement de parler cette langue qu'il trouve «belle» mais aussi d'arborer l'accent nonchalant propre à certains Français. Plus fréquemment qu'à Pristina, nous croisons souvent dans cette partie musulmane de la ville des femmes
et des jeunes filles voilées. Cette communauté qui a longtemps été interdite par les autorités serbes de pratiquer publiquement sa religion (prière, port du voile…) retrouve avec joie la liberté de culte.
Gilan, là où la cohabitation est possible
Dans le village de Gilan, distant de 28 km de Pristina, 90% des habitants sont Albanais. Le maire, Brajram Mulaku, se prépare à organiser les futures élections municipales (locales) pour lesquelles il se réjouit de recevoir beaucoup de candidatures de la part de la communauté serbe. Ils sont 4 000 à cohabiter avec la majorité d'Albanais dans cette région réputée pour être la plus conservatrice du pays. «C'est un bon signe qu'il y ait autant de candidatures serbes et nous allons respecter toutes les propositions. Nous comptons sensibiliser les citoyens à l'importance de ces élections !» déclare la représentante de l'Organisation internationale civile (ICO) à Gilan, Kai Müller-Berner. Selon cette dernière, l'ICO tente d'intervenir pour le maintien de la stabilité politique du pays et l'encouragement de son intégration à l'Union européenne (UE). Dans cette paisible et agréable mairie d'environ 105 000 habitants, Serbes et Albanais cohabitent en paix aux côtés des Roms qui représentent 1%. Avant la guerre, les premières communautés étaient quasiment à égalité en termes de nombre. Après celle-ci, les Serbes sont devenus moins nombreux étant donné qu'un pourcentage non négligeable d'entre eux avaient quitté le pays. Le maire explique à la délégation de Média 21 qu'il a accueillie dans son bureau les efforts qu'il a consentis pour le retour progressif de ces derniers. Il en veut pour preuve de sa bonne volonté le fait que son institution emploie 14 Serbes, dont 2 directeurs de départements importants. Sur les 100 demandes d'emploi qu'il compte actuellement sur son bureau, 70% émanent des Serbes. La première route qui a été rétablie ici est celle d'un village serbe. Sur les 22 maisons restaurées, 18 appartiennent aux Serbes. «Il y a des pressions sur cette communauté du Parlement à Belgrade pour les monter contre les Albanais mais elle arrive à passer outre. Les ONG internationales nous aident à faire comprendre aux citoyens que nous sommes là pour leur bien. A Gilan, les gens ne veulent plus entendre parler de la guerre. C'est cela la différence avec ce qui se passe à Mitrovica. Je suis convaincu que les habitants de cette ville auraient aimé vivre en harmonie ensemble mais certains sont victimes de manipulations et subissent des pressions.» Zoren Palij est un Serbe né à Gilan. Il nous raconte comment la cohabitation a de tout temps été concevable avec les Albanais, aussi bien avant qu'après la guerre. «L'armée militaire serbe avait tué beaucoup d'Albanais d'ici. En tant que Serbe, j'ai tout fait pour que mes amis et voisins albanais ne se fassent pas tuer. Je leur prenais le thé et le sucre. Les Serbes qui ont dirigé cette commune à la fin de la guerre ne me l'ont pas pardonné puisque je n'ai reçu aucune aide. Ma maison a été détruite et ma voiture volée et je n'étais pas en mesure de travailler alors que j'ai 4 enfants en charge !» Avec l'arrivée d'un maire albanais, Zoren a pu travailler en tant qu'agent de sécurité à la mairie. Bien qu'il ait eu une aide de 150 euros, il se plaint que cette somme soit loin d'être conséquente pour la restauration de sa demeure. Mais Zoren est conscient au moins de pouvoir vivre en paix avec la communauté albanaise, ce qui n'est pas le cas partout ailleurs. «Je n'ai pas peur de vivre ici. Le seul inconvénient, c'est que les enfants serbes et albanais vont dans des écoles séparées qui enseignent dans la langue de chaque communauté, ce qui peut poser des problèmes de communication», conclut-il.
40 à 60% de chômage…
Le chômage est l'un des plus graves fléaux du Kosovo. Selon le rapport de la Banque mondiale (BM), publié au début de mai dernier, le Kosovo, qui compte
2 millions d'habitants, est l'un des pays les plus pauvres d'Europe. Le chômage touche 40% de la population active et 60% de la jeunesse. Le produit national brut (PNB) est de 1 800 dollars par tête d'habitant et la balance commerciale est très fortement déficitaire, disent les mêmes données. S'étalant sur 10 877 km⊃2;, cette région, essentiellement montagneuse, n'a quasiment plus de production depuis la guerre. Tout ou presque est importé et rien n'est exporté, si ce n'est les vieilles voitures. La population locale se débrouille comme elle peut. Le plus souvent grâce à l'apport de leurs proches établis à l'étranger. «Vous devez vous étonner de voir autant de voitures neuves, que les jeunes s'habillent à la dernière mode et se permettent d'aller au restaurant. Tout cela s'explique par le fait que pratiquement chaque famille ici a un proche à l'étranger qui lui envoie de l'argent. Autrement, peu de personnes s'en sortiraient tant la vie est dure !» nous explique Bessim Morina, un jeune serveur dans l'un des restaurants de la capitale. Lui-même perçoit un salaire de 200 euros. Ce montant représente la moyenne de ce que perçoivent les Kosovars et qui suffit tout juste à subvenir aux besoins élémentaires, comme l'affirme Mervah, 22 ans, serveur dans un bar. Ce jeune révolté, à l'instar de nombreux de ses semblables, n'a qu'une idée en tête : quitter le pays. «Je ferai tout pour partir, il n'y a rien à faire ici, aucun avenir. Ce gouvernement est corrompu, le Parlement, les médias, la justice… Tout le monde fait des affaires et seul le peuple d'en bas souffre. Il y a trop d'injustice, si vous n'êtes pas épaulé par un proche ou un ami influent, vous ne pouvez pas réussir !» Bien que désabusé, Mervah est conscient qu'il vit mieux qu'une bonne partie de ses concitoyens. Ses deux parents travaillent et la famille n'est pas nombreuse. La cinquantaine bien entamée, Esmet est commerçant à Pristina. Il nous montre les étals de fruits qu'il vend pour nous dire que toutes les variétés exposées sont importées. «Vous avez combien d'habitants chez vous ?» nous demande-t-il. Lorsqu'on lui explique que l'Algérie compte plus de 35 millions d'âmes et que sa superficie est de plus de 2 millions de mètres carrés, il siffle spontanément d'étonnement. Son regard se fait alors très expressif et trahit une nostalgie pour un pays jadis plus prospère. «Depuis l'indépendance, nous avons moins de bras pour travailler», renchérit-il. Pour autant, tous les Albanais n'en approuvent pas
moins l'idée de retrouver une liberté confisquée, de longues années durant, par un pouvoir serbe oppresseur. Quel qu'en soit le prix à payer ! Mais si
la communauté kosovare établie à l'étranger contribue fortement à réduite le mal-vivre des leurs restés au pays, certains d'entre ces derniers craignent que les effets de la crise financière mondiale ne les affectent trop. La présence de nombreuses organisations internationales au Kosovo est une réelle aubaine pour les nombreux citoyens qui ont pu y être embauchés. Ils voient ainsi leur salaire passer du simple au double, voire beaucoup plus. Si un manque d'éducation important est à rattraper, occasionnant un déficit en compétences locales, la conjugaison de ces problèmes n'a pas fortement engendré une violence parmi la population. Seuls quelques incidents sont signalés par moments mais il est fort à craindre que le trafic et la consommation de la drogue, qui n'ont pas épargné la jeunesse kosovare, n'aient encore de beaux jours.
La présence de l'Organisation internationale des migrations (OIM) permet de lever le voile sur l'une des conséquences dramatiques de la guerre et de la pauvreté : le trafic d'êtres humains. Le Kosovo étant devenu, ces dernières années, l'une des destinations et de transit privilégiées pour les trafiquants. Lequel trafic suppose une exploitation sexuelle qui pénalise beaucoup plus les femmes et les enfants. Durant l'année en cours, 600 Kosovars et 466 étrangers ont été assistés par l'OIM. Depuis 2003, une réduction constante du phénomène a été constatée. De l'aveu du représentant de l'OIM au Kosovo, la présence de la communauté internationale dans le pays a pu avoir pour effet l'encouragement de la prostitution. Des cas de kidnapping ont également été enregistrés pour les besoins du trafic. «L'indépendance du Kosovo est un succès relatif dans la mesure où tant qu'elle n'est pas reconnue par un plus grand nombre de pays, elle ne peut pas faire partie de la communauté internationale», nous déclarait l'ambassadeur de Suisse, Lukas Beglinger, qui a reçu notre
délégation au siège de l'ambassade à Pristina. «Le Kosovo reflète une mauvaise image. C'est l'un des gouvernements les plus corrompus, la corruption est à tous les niveaux !» Cet aveu émanant d'un autre diplomate en poste à Pristina, ayant requis l'anonymat, conforte ce que beaucoup de citoyens pensent de leurs dirigeants. Beaucoup en viennent à regretter la disparition d'Ibrahim Rugova, le symbole de l'indépendance du pays et de sa résistance face aux Serbes. Ce dernier se demande comment ce pays peut prétendre attirer les investissements étrangers dans un environnement aussi peu propice aux affaires. Devant une économie aussi fragile, l'assistance étrangère s'est vite imposée.
Les donateurs internationaux, pour la plupart les pays de l'UE, s'étaient engagés en juillet 2008 à hauteur de 1,2 milliard d'euros pour contribuer à la reconstruction de l'économie du Kosovo. Depuis la guerre, le montant des dons étrangers a été de l'ordre de 3 milliards d'euros.
En janvier 2009, le président kosovar a annoncé la tenue de la prochaine élection présidentielle en 2011 alors que les locales sont prévues pour octobre prochain. La population locale et la communauté étrangère attendent ces rendez-vous électoraux avec beaucoup d'intérêt. Si les prochains scrutins réunissent les critères indispensables de transparence et de régularité, ils peuvent contribuer à faire avancer le pays dans une meilleure voie, celle de la démocratie et du progrès.
Certains Kosovars veulent bien continuer à y croire. A ce moment-là, l'indépendance aura certainement un meilleur sens pour eux…


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