Doucement, mais sûrement. Telle est, semble-t-il, la politique managériale prônée par les responsables de la deuxième compagnie aérienne algérienne Tassili Airlines. Créée en 1997 (à l'origine, il s'agissait d'une joint-venture entre le groupe pétrolier algérien Sonatrach (51% du capital social) et la compagnie aérienne Air Algérie (49% du capital social), cette entreprise a commencé ses vols en 1999. Depuis sa mise en service, elle ne cesse d'enregistrer des performances, à tel point que même l'élargissement des activités de Tassili Airlines a été demandé par les pouvoirs publics pour renforcer l'aéronautique nationale algérienne. Après un peu plus de dix ans d'existence, la compagnie aérienne comporte, désormais, trois secteurs : Naftatassili Air pour le transport du matériel, Tassili Agro Aérien pour les fertilisations, ensemencements, lutte contre les acridiens, lutte contre les incendies, et, enfin, la filiale spécialisée dans le transport aérien pour la prise en charge de la grande relève. En d'autres termes, le transport des travailleurs de Sonatrach, de ses filiales, notamment des bases du Sud vers les grandes villes du pays et inversement. Sa flotte était composée de 4 Dash8-Q400, 4 Dash8-Q200 commandés, 3 Beech 1900D, 7 Bell206, 4 Cessna, 6 Pilatus. Avec cette flotte, Tassili Airlines s'est tout d'abord spécialisée dans le transport aérien du secteur pétrolier et parapétrolier. Mais l'ambition d'exercer dans le secteur public est visiblement affichée par ses responsables. En effet, la décision d'arriver dans le secteur du transport aérien grand public a été annoncée le 30 avril 2005, lors de la cérémonie de signature du contrat de rachat par Sonatrach des actions que détenait Air Algérie dans Tassili Airlines et l'agrandissement de la flotte a commencé à partir de juillet 2007 avec la commande, puis la réception de 4 Bombardier 400, des avions de 74 places. De même, la direction de Sonatrach avait envisagé, dans le cadre de sa politique globale, l'acquisition de 41 avions pour un budget de plus d'un milliard de dollars dans des avions 35 places, 70 places, 120 et 130 places. Il s'agit d'avions de transport de passagers mais aussi d'avions pour le travail aérien (épandage, surveillance des installations d'énergie, évacuation sanitaire, lutte contre les incendies, etc.) On comptera également des hélicoptères et des jets d'affaires. Ces nouveaux avions viendront, selon l'état-major de Sonatrach, renforcer la flotte de Tassili Airlines, composée de 19 avions de petite capacité (4 à 17 places). Tassili Airlines-Air Algérie, un rapport de complémentarité L'annonce a été faite cette semaine par les responsables de la société mère Sonatrach en marge de la cérémonie d'ouverture publique des offres commerciales portant sur l'acquisition de neuf avions, module Jet de 70, 100 et 150 places, sur les 41 annoncés, tenue au siège de la direction générale à Alger. La compagnie aérienne nationale Tassili Airlines compte, sérieusement, et dans un proche avenir, cibler le grand public. Hocine Chekired, P-DG de Tassili Airlines a même laissé entendre que l'acquisition de ces nouveaux appareils, permettra à sa compagnie de «se redéployer particulièrement sur la relève des pétroliers et des parapétroliers qui constituent l'élément essentiel de notre compagnie. L'excédent de capacités de Tassili Airlines sera utilisé sur le réseau commercial». Cependant, Tassili Airlines, serait-elle la future concurrente d'Air Algérie ? Sur cette question, ô combien sensible, le premier responsable de cette entreprise ne voulait pas s'inscrire dans cette optique-là. «Cette ambition de se lancer dans ce segment, néanmoins, se fera en concertation avec les autorités concernées en termes du transport public et d'une façon graduelle et organisée», a précisé le P-DG. En décodé, il ne s'agira nullement de concurrencer Air Algérie, mais de travailler en étroite collaboration, afin d'améliorer le transport aérien du pays. En un mot, Tassili Airlines, «ne compte pas concurrencer Air Algérie mais veut entrer en synergie ou en complémentarité avec le pavillon national». Pour les observateurs avérés, avec ces acquisitions, Tassili Airlines, pur produit de Sonatrach, assure le succès de son plan de développement. Et pour cause, avec tous ces moyens, la compagnie aérienne compte porter sa part de marché concernant le transport des travailleurs de Sonatrach et ses filiales de 20% à plus de 40% à moyen terme. Elle vise à transporter 700 000 passagers contre 500 000 actuellement. S. B.
