Les jeunes footballeurs qui ont eu le privilège de représenter le pays au Championnat du monde qui se déroule actuellement au Nigeria ont, contrairement à toutes les déclarations faites à une presse à l'affût et souvent très peu perspicace, tout à regretter. Notamment le fait d'avoir fait un petit tour, presque pour la figuration, d'avoir, et il faut qualifier la situation telle qu'elle est, servi de sparring-partner à des adversaires qui, en eux, ont trouvé le parfait adversaire sur lequel chacun devait soigner le goal-average pour augmenter ses chances de se retrouver au second tour, ne serait-ce qu'au titre du meilleur troisième. Les Algériens ont pris en tout et pour tout une demi-douzaine de buts, ce qui est quand même beaucoup et que n'atténuent évidemment pas les «nos jeunes se sont bien comportés et auraient pu réaliser un meilleur résultat si… ». Ce sont, pourtant, de tous ces «Si» possibles qu'il faudrait parler, disséquer et comprendre les raisons et non pas se réfugier derrière des satisfecit dont l'objectif premier est de justifier trois ans de travail, des sommes importantes investies, des moyens mobilisés mais trois ans quand même qui se seront évaporés comme neige au soleil à la première confrontation sérieuse. Médias, encadrement techniques et responsables nationaux se sont contentés des éloges des coachs de l'Italie, des appréhensions de ceux de l'Uruguay et de la Corée avant la rencontre comme ignorant superbement que cela n'est que de bonne guerre et toutes les bonnes déclarations ne servent, en fait, qu'à endormir tout outsider et, surtout, pour la consommation de son public. L'essentiel à ce stade de la compétition n'est plus de participer mais surtout de s'affirmer. La devise du baron de Coubertin servait quand le lancement des JO avait besoin d'être conforté et jusqu'à l'arrivée de Johnny Weismuller ou de Jesse Owens, les nageurs et les coureurs étaient loin d'être sculpturaux et non plus recrutés dans les corps professionnels de sapeurs-pompiers ou des postiers mais formés et envoyés par leurs pays respectifs afin de ramasser des titres. L'Académie de football a, trois ans durant, formé des jeunes. Quoiqu'il serait gratuitement méchant, voire indécent de tirer sur les ambulances, il n'empêche que ce travail mériterait d'être jaugé ou jugé… C'est selon. Là, les résultats sont disponibles et… implacables : le représentant a été loin d'être… représentatif au vu de toutes les éloges qui ont précédé son départ et plus particulièrement tout au long de ces trois dernières années où tout le monde sans exception s'est contenté d'analyses intérieures et internes, que, d'ailleurs, les «performances» en Championnat d'Afrique ont encore perverties, sans tenir compte, en fait, d'un environnement extérieur de niveau international de valeur réelle qu'il n'existait pas en réalité de moyens et encore moins de système d'évaluation fiable. Cela, jusqu'à la déroute enregistrée au cours du championnat évoqué. Chacune, dans l'ensemble du secteur des sports, des parties concernées s'est complu dans ce qui s'accomplissait à hauteur de l'Académie de football sans tenir compte de l'érosion du travail de l'équipe d'encadrement, de ses limites intellectuelles, professionnelles avec le souci légitime, il faut le concéder, de laisser cet encadrement travailler dans la sérénité. Mais ce garde-fou n'excluait pas ipso facto un ou des audits en cours de route à même de jauger la valeur des uns et des autres parmi les élèves de l'Académie et leur encadrement. La preuve a été vite fournie au cours de la vraie compétition dans laquelle s'est engagé le team algérien. Même si les confrères qui ont fait le déplacement ont édulcoré leurs appréciations : «Les jeunes ont été loin du niveau de la compétition. Je ne sais pas comment les Algériens en tant que téléspectateurs auront pu juger la prestation de notre équipe, mais je peux vous dire que sur place la différence de niveau est nettement plus perceptible. Je dirais même que, parfois, elle est de l'ordre du dramatique», dira un officiel joint au téléphone. Cela étant, que vont devenir ces footballeurs d'exception une fois rentrés au pays, du moins pour ceux qui y résident ? A la lecture de certains de nos confrères, ils vont rentrer dans les rangs pour ne pas dire… ils vont végéter. Ils ne seraient même pas assurés d'évoluer dans un club même dans celui duquel ils sont issus. Serions-nous alors tenus de dire : «Tout ça pour ça». Autrement dit, trois années de travail pour rien. Heureusement que pour les joueurs qui ont vraiment du talent, il n'est pas exclu que des clubs pourraient se bousculer au portillon pour leur recrutement. Sans doute pas pour leur qualité de footballeur mais en leur qualité d'investissement porteur parce que véritable filon par comparaison à tout ce qui est sonnant et trébuchant. Le meilleur des malheurs qu'il peut leur être souhaité, en fait, serait que des clubs étrangers s'avisent de les recruter pour en faire des joueurs accomplis au sens du football moderne. Et nul n'ignore que ces mêmes clubs vont d'abord commencer à les former non pas à jouer au football seulement mais à se comporter en vrais professionnels. Ceux de la sélection nationale A en sont le parfait exemple. A. L.