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Plan d'urgence pour la protection de la médina de Nedroma
La ville entretient son passé prospère et prépare un avenir prometteur
Publié dans La Tribune le 11 - 02 - 2010

De notre correspondante à Tlemcen
Amira Bensabeur
D'ambitieux projets de réhabilitation et de restauration des sites et monuments historiques de la médina de Nedroma seront lancés très prochainement, selon le conservateur en chef du département patrimoine de la direction la culture de la wilaya de Tlemcen, M. Chenoufi Brahim, qui a cité, entre autres, le hammam el Bali (vieux bain maure) et la grande mosquée. Selon notre interlocuteur, ces actions, qui viennent dans le sillage des préparatifs de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», permettront à la médina de préserver son patrimoine. Contacté, le président de l'association El Mouwahidia de Nedroma, Azzeddine Midoum, a déclaré sa satisfaction de voir les pouvoirs publics se pencher sur la préservation du patrimoine de sa ville, dont il retracera l'histoire qui remonte au XIe siècle. Selon M. Midoum, Nedroma présente, du point de vue historique, beaucoup d'affinités avec la ville de Tlemcen.
En effet, chaque fois que cette capitale régionale était convoitée par telle ou telle puissance, par telle ou telle dynastie régnante, Nedroma, site défensif au pied du mont Fillaoucen, non loin des ports de Honaïne, de Ghazaouet, et de Sidi Youchaa, était l'objectif premier à atteindre, car située sur le chemin de ces ouvertures vers la mer. M. Midoum ajoutera que Nedroma a été menacée, cernée, assiégée, conquise, occupée... et de nombreux vestiges remontant à différentes périodes historiques témoignent des diverses dynasties qui s'y sont installées. L'abondance de l'eau, l'existence d'une végétation luxuriante et, surtout, la découverte de vestiges tels que les lames de silex ou fragments de poterie dans les grottes de la région, attestent, a-t-il dit, une implantation humaine très ancienne qui remonterait à la préhistoire. «Mais son passé n'est connu qu'au-delà de l'occupation romaine, car celle-ci ne semble pas avoir touché les Traras et leur capitale. Ce n'est qu'au IXe siècle que l'historien et géographe arabe Ahmed Ibn Wadah El Yakoubi (mort en Egypte vers 897) dans son Kitab El Bouldan (le livre des pays) traduit par l'orientaliste Gaston Wiet (né en 1887), nous rapporte que Nedroma aurait pris la place de Fillaoucen dans les termes : plus loin se trouve la ville de Numalata (Lalla Maghnia aujourd'hui) où commande Mohamed Ibn Ali Ibn Mohamed ibn Soulaïmen. La dernière localité de la principauté des Banou Mohamed Ibn Soulaïmen Ibn Abdallah Ibn Hassan, se nomme Falûsan (montagne au pied de laquelle est bâtie la ville actuelle de Nedroma), une grande cité dont la population comprend des tribus berbères aux noms de Matmata, Tajra, Djazzoula, Sanhadja, Indjifa...».
Cette ville a donc pris le nom de Nedroma, tribu berbère issue des Koumia entre les IXe et XIe siècles. Cette appellation a été mentionnée pour la première fois par un autre historien et géographe arabe : Abou Obaïd Allah el Bekri (1040-1094 à Cordoue) dans son ouvrage Qitab el Massalik Wa 1'mamalik (description de l'univers connu au XIe siècle, et dont il ne reste que des fragments, notamment la partie relative à l'Afrique du Nord et au Soudan). El Bekri y décrit la ville en 1068, soulignant que «Nedroma est située au pied de la montagne. Au nord et à l'ouest de la ville s'étendent des plaines fertiles et des champs cultivés. Elle est à dix miles de la mer. Son sahel est formé par le Macim, rivière dont les bords produisent beaucoup de fruits. Dans cette localité se trouvent un port et un beau ribat... Nedroma, ville considérable, est entourée d'un mur. Elle possède une rivière et des jardins qui produisent toutes sortes de fruits...» (Traduction de Slane 1801-1878). Les Almoravides (1056-1147), venus du Sud, occupèrent en 1079 Nedroma où fut érigée la grande mosquée, vers la fin du XIe siècle, du temps de Youssef Ibn Tachfine (la mosquée almoravide de Tlemcen fut fondée par Ali Youssef Ibn Tachfine, mort en 1143). La grande mosquée de Nedroma serait pourvue d'une chaire identique à celle de la mosquée de Cordoue et de la Koutoubia de Marrakech. La plaque portant l'inscription relative à la construction de la grande mosquée de Nedroma aurait été déposée en 1900 au musée des antiquités d'Alger. Quant au minaret, il aurait été érigé en cinquante jours aux frais des Nédromis, en 1348, du temps des Mérinides. Bien qu'elle soit toujours le lieu le plus fréquenté de la ville, cette mosquée, une des plus anciennes de notre pays, a besoin d'être sérieusement restaurée. Mais c'est pendant la période almohade (1120-1269) et surtout
du temps de Abdel Moumen Bali (1088-1161), prince des croyants (de 1130 à 1161), originaire de la région, et de son fils Abou Yaqoub Youssouf I (1161-1184) que Nedroma connut son apogée et devint une place forte. Des restes de remparts et des vestiges toujours debout datent de cette époque. Aussi Abdel Moumen Bali fut-il sacré véritable fondateur de la ville. Nedroma a pu, malgré tout, survivre aux intrusions guerrières et garder difficilement son indépendance. Ces intrusions étaient notamment motivées par l'enjeu qu'elle représentait pour la sécurité de l'arrière-pays, Tlemcen et une grande partie de l'Ouest algérien. Plus brillante que celle des Almoravides, l'œuvre des Almohades a produit des effets bénéfiques comme l'unification du Grand Maghreb arabe et l'Andalousie et ce, malgré l'échec évident qui s'est traduit à la fin de la dynastie par la naissance des Hafçides en Ifriqiya, (1228-1547), les Mérinides
du Maroc (1248-1465) et les Abd El Wadides ou Ziyanides à Tlemcen (1236-1554). Nedroma joua à cette époque un certain rôle dans les luttes fratricides entre ces deux dernières dynasties. C'est ainsi par exemple que le gouverneur de Tlemcen Djaber Ben Youcef fut tué en 1231-1232 d'un coup de flèche à proximité de Nedroma alors qu'il tentait de l'assiéger. Pendant la guerre du Ziyanide Yaghmoracen (1235-1283) Abou Yahia contre le Mérinide Yaqoub Ben Abdelhaq, Haroun Ben Moussa, chef des Matghara de Taount, se déclara pour le second et s'empara de Nedroma. Cette place lui fut enlevée par
Yaghmoracen, puis elle fut rendue à Haroun Ben Moussa par Abou Yaqoub et reprise encore une fois par le prince ziyanide vers 1268-1269. En 1297, le même prince mérinide mit le siège devant Nedroma et la tint bloquée pendant plus d'un mois. Mais plus tard, en (1348-49), deux princes de la famille royale abdelwadide, Abou Saïd et Abou Thabit, profitant des troubles de l'empire mérinide, s'emparèrent de Tlemcen alors que leur frère aîné Moulay Abou Yaqoub allait fixer sa demeure à Nedroma de 1348 à 1352 après avoir renoncé aux dignités de la couronne pour être plus libre de suivre la voie spirituelle. Son fils Abou Hammou (1359-1388), qui devait régner plus tard à Tlemcen, l'y avait rejoint. C'est là, c'est-à-dire à Nedroma, que naquit le fils de ce dernier, Abou Tachfine Abderrahmane II, en 1351, et qui devait succéder de 1388 à 1393 à son père, après l'avoir assassiné. Après la défaite en 1352 des frères Abou Saïd et Abou Thabit cités plus haut, l'occupation par les Mérinides de toute la région, prit fin par la conclusion d'un traité de paix en 1353. L'histoire de Nedroma devint ensuite obscure, mais les faits qui suivirent nous montrent qu'en 1548 un pacte unissait les tribus des Traras sous la direction de Sidi Abderrahmane El Yagoubi pour lutter contre les Espagnols installés à Tlemcen. Ceux-ci n'occupèrent d'ailleurs jamais ni Nedroma ni les Traras. Après la chute de la dynastie des Abdelwadides (1236-1554) et l'établissement des Turcs à Tlemcen, et à Nedroma en 1518, la région fut disputée à ceux-ci par les Chorfa du Maroc. Epuisée par les sièges successifs, Nedroma se releva difficilement pour recevoir de nouveau le contrecoup de ces luttes auxquelles elle servait en quelque sorte de tampon. Après les invasions chérifiennes conduites en 1651 par Moulay Mohamed Chérif et en 1678 par Moulay Ismaïl, le dey d'Alger mit un terme aux tendances politiques de l'époque en faisant occuper Nedroma en 1791 et y asseoir l'autorité turque représentée dans la région par les beys Omar Agha et Ali Kara Baghli. Elle devint même la capitale d'un beylik assez important. La région opposa, ensuite, aux attaques françaises une résistance armée de 1831 à 1847 sous la conduite éclairée de l'Emir Abdelkader (1808-1883), qui dut y livrer des batailles acharnées dont les plus importantes sont les combats sur la Tafna contre le maréchal Clauzel. Abdelkader voulut faire de Nedroma son quartier général et ce, malgré les difficultés rencontrées, et en avril 1836, l'Émir Abdelkader établit son camp à Nedroma après les combats qu'il mena contre la colonne d'Arlanges… Nedroma avait d'ailleurs, chez les colonialistes, la réputation d'être «une cité dure» parce qu'elle avait rejeté à sa manière la tutelle d'un administrateur français «qui s'était rendu particulièrement odieux envers la population» en 1898-1899. Ayant actuellement un statut de daïra, née d'un découpage administratif relativement récent et limitée à l'ouest par la daïra de Beni Saf, au nord par Ghazaouet, à l'est par Maghnia et au sud par Hammam Boughrara, Nedroma compte une population de plus de 60 000 âmes. Elle comprend deux communes : Djaballa et Nedroma et vit essentiellement de l'agriculture et de l'artisanat avec environ 150 petits artisans, tailleurs, potiers, menuisiers, ébénistes, tisserands et depuis une trentaine d'années d'une industrie légère avec deux unités de meubles et de soie. Sa vocation touristique et agricole, son artisanat et son passé font de Nedroma une cité où l'art, la culture et la musique andalouse ne manquent pas. Bien au contraire, et pour ne parler que de cette dernière, elle était dignement représentée jadis et naguère par des compositeurs du melhoun, tels cheikh el Mekki Ziani, cheikh Remaoun, cheikh Kaddour ben Achour Zerhouni et par des orchestres tels que ceux de Si Driss Rahal, Si Ramdani et Si Ghenim. Elle est actuellement brillamment représentée, entre autres par El Moutribia el Mouahidia dirigée par Hadj Mohamed Ghaffour. Tout le monde sait que cet orchestre avait obtenu le 4e prix lors du Festival national de musique andalouse de 1968 et le premier prix de musique hawzi au Festival national de musique et de chants populaires en décembre 1969. Afin de récompenser tant d'efforts et donner plus d'essor et d'éclat à l'animation culturelle et artistique, les ministères de la Culture et du Tourisme ont pris l'heureuse initiative de créer dans les tout prochains mois, un institut des études andalouses à Nedroma. Ce n'est que justice rendue à une ville dont le passé est aussi chargé.


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