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De la nécessité d'un débat sur l'école d'aujourd'hui et de demain
Grève, drogue et violence minent l'institution éducative
Publié dans La Tribune le 03 - 03 - 2010


Photo : Riad
De notre correspondante à Tlemcen
Amira Bensabeur
La tension a atteint son paroxysme, et les parents d'élèves commencent déjà à critiquer ce système agonisant qui n'a enfanté que des vendeurs de cacahuètes et des cigarettes. La grève à laquelle ont appelé deux syndicats continue de paralyser les établissements scolaires de la wilaya de Tlemcen. Dans leur totalité, les écoles sont closes et les enfants jetés à la rue. Le mouvement de débrayage a été largement suivi au niveau des trois paliers et à travers toute la région de Tlemcen, et le taux de suivi selon des syndicalistes avoisine les 80 et 100% au sein des lycées. La grève ne fait qu'envenimer la situation, a-t-on martelé auprès des parents d'élèves et le spectre d'une année blanche plane. Cette grève qui se poursuit, malgré les appels du ministère et la régularisation de certaines revendications, pénalise les élèves et leurs parents qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les parents ne cachent pas leur colère et le fossé ne cesse de se creuser entre l'école et la société.En effet, les parents commencent à s'interroger sur ce que l'école algérienne a produit. «Elle est devenue une sorte de garderie, avec des programmes lourds, en termes de volume, et un niveau qui reflète le marasme», disent-ils.
Il est temps, selon bon nombre de personnes interrogées, de penser à construire une école moderne qui travaillera et formera pour l'avenir l'élite de demain. Or, les grèves répétitives ne font que déstabiliser et hypothéquer cette école et cet avenir, à l'heure où les pays développés pensent déjà à l'école de demain. Il est à noter que le secteur de l'éducation dans la wilaya de Tlemcen a bénéficié d'importants budgets pour la réalisation d'un nombre important d'écoles.
Cette grève a été observée pour montrer la colère des enseignants, selon un enseignant qui n'a pas manqué de critiquer le système. Un autre dira à son tour que «tant que les décideurs restent enfermés dans leur mutisme, nous poursuivrons cette protestation. Il faut que l'on pense à nous ; nous sommes conscients des conséquences de cette grève, car nous sommes aussi parents». Mais le drame de l'école ne se limite pas aux grèves et
retards. A Tlemcen, les écoles sont minées par la violence et la drogue. L'école algérienne est en train de rater sa mission. Elle est devenue une simple garderie où l'on enferme ceux dont le tour n'est pas encore arrivé pour être livrés à eux-mêmes.
Chaque année, des milliers de recalés, des centaines d'exclus…
L'école a perdu de son importance.
Elle a cessé de fonctionner comme un élément clé dans la société. L'enseignant, jadis un guide respectueux, n'a plus aucune prise sur la société. Et la famille ne joue plus son rôle de premier responsable.
Aux yeux de tous, c'est le laisser-aller total de la part de tous les concernés et toutes les institutions éducatives. De l'avis des spécialistes, il est plus qu'urgent et nécessaire d'ouvrir les débats, de chercher les failles du système éducatif, de les combler et de poser les bases d'une école moderne.
Des universitaires, notamment Ali Mecherbet, qui ont fait une recherche à ce sujet, expliquent que le phénomène de la violence et de la drogue dans les écoles n'est pas nouveau, mais il a pris de l'ampleur et il est grand temps de sensibiliser les jeunes aux dégâts et dérives que ces fléaux engendrent.
Tout parent, tout éducateur est tenu par un devoir de vigilance. Que veut nous dire cet adolescent qui tend vers la consommation abusive de la drogue ou use de la violence dans ses relations avec le monde extérieur ? Quel est le message qu'il nous lance ? Est-il en proie à des difficultés ? C'est tout cela le monde de l'adolescence et son «langage». Ne pourrait-on pas être présent, vigilant, s'interroger sur notre façon d'agir et surtout réagir aux messages lancés par ces adolescents ?
M. Mecherbet a souligné que la première difficulté a trait à la définition de la violence scolaire ainsi qu'à sa «construction comme objet de recherche».
«La violence scolaire nous renvoie à une réalité sociale faite d'une multitude de comportements et d'actes hétérogènes qu'il faudra traiter en vue de résoudre la problématique qui les caractérise.
En effet, les actes et comportements considérés par les différents acteurs du monde scolaire comme expressifs d'une violence se situent dans un large registre, allant du simple chahut en classe jusqu'aux coups et blessures par armes blanches et à feu, en passant par les insultes, grossièretés et autres formes d'irrespect envers autrui. Faut-il alors les mettre sur un pied d'égalité ou faudra-t-il plutôt définir un critère qui permettrait d'éliminer ceux qui ne lui correspondraient pas ? Comme le souligne très justement Bernard Charlot ‘‘travailler sur la violence scolaire, c'est rencontrer en permanence, la question de la norme -c'est à-dire la question qui fait sortir le chercheur de son champ de compétences et de légitimité''», dira M. Mecherbet. Dès lors, notre chercheur se posera les questions de savoir concrètement à quelle norme ce critère de définition devra en référer : «Est-ce à la norme administrative de
l'institution scolaire représentée par les règlements et l'ordre en vigueur, au vécu des personnes ou plutôt à une valeur morale ? Appartient-il alors au chercheur de définir la violence selon sa représentation personnelle des choses ou bien devra t-il recourir à la définition que donnent les différents acteurs du monde scolaire et principalement les enseignants, les élèves et l'institution scolaire elle-même ?»
«Pour des raisons d'efficacité et d'économie, précisera-t-il, on a tenté de régler ce délicat problème en retenant comme cas de violence tout actes et comportements traités par les conseils de discipline et figurant dans les procès-verbaux au service de l'organisation pédagogique de la direction de l'éducation de la wilaya de Tlemcen […]. En plus du fait de nous offrir une somme d'informations systématiques sur les actes de violence scolaire qui se sont déroulés à travers tout le territoire de la wilaya, les procès-verbaux en question nous ont permis de cerner l'importance du phénomène dans la vie des établissements scolaires, la variété des actes de violence ainsi que le traitement qui leur est réservé par ces conseils […].
Ce qui n'est pas un mince bénéfice par rapport au recours à l'enquête, qui, pour être aussi avantageuse, devra employer beaucoup de moyens humains et matériels dont nous ne disposons pas. Nous avons conscience par ailleurs que le travail sur les archives nous empêche d'avoir accès aux interprétations des acteurs relatives à la violence, principalement celles des élèves, qui, dans la quasi totalité des cas de conseils de discipline, sont présentés comme ‘‘fauteurs'' et dont le point de vue n'est jamais pris en compte par l'institution scolaire. Les archives nous offrent cependant la possibilité de disposer de la
version écrite des ‘‘victimes'', qui, le plus souvent, appartiennent à la catégorie des enseignants.» En effet, à Tlemcen, les établissements, a-t-il précisé, comme sûrement ailleurs, font l'objet d'une perception qui les classe en bons ou mauvais établissements, surtout au moment des inscriptions de début d'année scolaire. Nombreux sont les parents qui cherchent à inscrire leurs enfants dans certains établissements ayant bonne réputation. Nombreux sont aussi les parents qui cherchent à éviter à leurs enfants certains lycées jugés comme des lieux de violence. Cette perception fait le plus souvent des lycées d'enseignement technique des établissements où la violence, l'indiscipline et même la déviance sociale sont fortement développées.
«La mauvaise réputation faite aux lycées d'enseignement technique n'est pas fondée car les données nous révèlent que 41,66% des actes de violence sont commis dans ces établissements contre 58,33% dans les lycées d'enseignement général. Nous pensons quand même que cette réputation défavorable aux lycées techniques tient à deux raisons. Il s'agit, entre autres, de l'implantation d'un lycée technique à la périphérie d'un quartier pauvre et populaire qui fut un fief de la violence armée dans la ville de Tlemcen, ce qui amène à croire à cette réputation. Aussi, la réputation de violence fortement collée à cet établissement a eu un effet structurant sur sa gestion. En effet, nous avons remarqué que le conseil de discipline de cet établissement a traduit et sanctionné seize élèves dans une même opération pour «l'exemple», selon les rapports établis par deux enseignants. La réputation faite aux lycées
techniques tient surtout, à notre avis, au désintérêt porté à l'enseignement technique que beaucoup d'élèves et leurs parents considèrent comme non porteur de débouchés favorables.»
Expliquant les actes de violence, M. Mecherbet évoque les incivilités (insultes, grossièretés, manque de respect…) qui constituent la forme la plus répandue des actes violents. Cette catégorie est suivie de très près par les comportements expressifs du refus de l'ordre scolaire (désobéissance, démotivation pour le travail scolaire, rébellion contre l'autorité de l'établissement). Les violences physiques restent dans des proportions assez limitées et les actes de violence se produisent le plus souvent en classe et dans certaines matières.
«On voit que la violence affecte les enseignants des matières littéraires qui, dans la représentation collective des élèves, sont négativement perçues. Nous avons relevé que les matières les plus touchées sont la langue française et l'anglais. La raison à cette attitude est la répulsion vis-à-vis de ces matières provoquée par des années de monolinguisme et l'indigence de l'enseignement des matières littéraires le plus souvent considérées comme du “baratin” et du “khorti”, et il est intéressant de vérifier cette hypothèse», explique le chercheur. Abordant le traitement de la violence, notre interlocuteur a révélé que les sanctions prononcées à l'issue des délibérations des conseils de discipline nous renseignent parfaitement sur la réponse apportée par l'institution à ces phénomènes. Elle est administrative et répressive. Les sanctions prononcées s'appuient sur l'arrêté ministériel du 02 mars 1991. Trois sanctions sont
généralement prononcées. Il s'agit de l'exclusion définitive, de l'exclusion temporaire ou de la réorientation de l'élève vers un autre établissement.


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