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La France perd du terrain dans ses anciennes colonies d'Afrique
Malgré ses relais locaux et ses connivences avec les régimes dictatoriaux en place
Publié dans La Tribune le 06 - 04 - 2010

Le contrôle des bases militaires au Sénégal, abritant 1 200 soldats de l'Hexagone, est passé «symboliquement» dimanche dernier aux mains des autorités sénégalaises, a annoncé le président Abdoulaye Wade, à l'occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de ce pays de l'Afrique de l'Ouest. «Je déclare solennellement que le Sénégal reprend à partir de ce jour 4 avril à 00h00 (heure locale et GMT) toutes les bases [militaires] antérieurement détenues sur notre sol par la France et entend y exercer sa souveraineté qui repose sur la présente déclaration», a annoncé M. Wade dont les propos ont fait annuler la conférence de presse du ministre de l'Intérieur français Brice Hortefeux, présent sur place. Pour le président Wade, le fait de conserver des bases militaires, terrestre, aérienne et navale au Sénégal, un des rares pays du continent à n'avoir jamais connu de coups d'Etat, «a paru de plus en plus incongru et a été souvent ressenti [...] comme une indépendance inachevée», après 350 ans de présence française. Le discours controversé et au ton paternaliste que le président français Nicolas Sarkozy a prononcé devant «l'élite de la jeunesse africaine» à Dakar, le 26 juillet 2007, avait déjà suscité la colère et l'indignation du peuple sénégalais qui, depuis, n'a cessé de réclamer le départ des troupes françaises de son pays. Tout le monde se souvient de la longue lettre de dénonciation de l'intellectuel sénégalais Achille Mbembe, à laquelle de nombreux autres intellectuels noirs, issus d'ex-colonies françaises, avaient adhéré immédiatement. «Pour sa
première tournée en Afrique au sud du Sahara, il a donc atterri à Dakar précédé d'une très mauvaise réputation -celle d'un homme politique agité et dangereux, cynique et brutal, assoiffé de pouvoir, qui n'écoute point, dit tout et le double de tout, ne lésine pas sur les moyens et n'a, à l'égard de l'Afrique et des Africains, que condescendance et mépris», avait écrit M. Mbembe. «Mais pour qui n'attend rien de la France, les propos tenus à l'université de Dakar sont fort révélateurs. En effet, le discours [de Sarkozy] offre un excellent éclairage sur le pouvoir de nuisance -conscient ou inconscient, passif ou actif- qui, dans les dix prochaines années, pourrait découler du regard paternaliste et éculé que continuent de porter certaines des nouvelles élites dirigeantes françaises (de gauche comme de droite) sur un continent qui n'a pourtant cessé de faire l'expérience de radicales mutations au cours de la dernière moitié du XXe siècle notamment», a-t-il ajouté, précisant que la nouvelle génération n'attend rien d'une France qui a bradé pendant des siècles les richesses naturelles et usé de l'esclavage pour imposer son règne sur une partie de l'Afrique. La France ne semble pas prendre conscience des mutations qu'a opérées la population de ses ex-colonies, continuant de se comporter comme la nation qui a civilisé des peuples sauvages et dénués de toute intelligence. «Le colonisateur a construit des ponts, des routes, des hôpitaux […]», avait déclaré M. Sarkozy, comme si le projet colonial ne se jugeait pas globalement dans son intention dominatrice, écrivait l'hebdomadaire français Politis. Dans un livre collectif intitulé l'Afrique répond à Sarkozy, l'un des contributeurs, Mwatha Musanji Ngalasso, professeur de sociolinguistique à Bordeaux, a écrit : «On attendait […] la rupture. Ce fut la cassure.» Le départ de Chirac de l'Elysée avait en fait sonné le glas de la Françafrique ou de ce qui en restait. «Nicolas Sarkozy a rassuré les pouvoirs en place. Mais il s'est aliéné les jeunes, les dirigeants de demain. Rarement président français aura fédéré autant de voix contre lui, tant il a été critiqué, conspué, vilipendé au sein même du pré carré francophone», avait ajouté M. Ngalasso. Pendant des décennies, les hommes politiques qui se sont succédé à la tête de l'Etat français ont tout fait pour sauvegarder les intérêts politiques et économiques de la France dans ses anciennes colonies. «Aux lendemains des indépendances, la France dans ses anciennes colonies sous la houlette du président-général, de Gaulle, a mis en place des gouverneurs locaux censés s'assurer que les ressources naturelles et géopolitiques de ces pays bénéficieraient toujours à
l'ancienne puissance coloniale. Lorsque ces Etats eurent la possibilité d'élire démocratiquement leur représentant comme au Togo ou en Centrafrique, ceux-ci furent renversés ou/et assassinés avec l'aide de l'armée française (Sylvanus Olympio, Abel Goumba à la suite de Boganda, Mehdi Ben Barka, Outel Bono, Ruben Um Nyombé, Félix Moumié); des pions aux mains de Foccart-de Gaulle (Eyadéma, Bongo, Déby, Bokassa...) furent portés à la tête de ces nouveaux Eats –indépendants- dont bon nombre sont issus des services secrets français ou de l'armée française. Ces kleptocrates dictateurs mandatés par la France ont obtenu avec le temps [pour ceux qui ont réussi à se maintenir] une certaine autorité et autonomie au regard de la France et sont régulièrement réélus grâce à des élections présidentielles truquées sous le guidage de leurs parrains français. C'est ce que nous appellerons des -gouverneurs à peau noire- pour reprendre l'expression de François-Xavier Verchave», lit-on sur le site Internet d'un groupe d'intellectuels togolais qui luttent pour un Togo démocratique et souverain. Mais malgré les pratiques des différents gouvernements français, aidés par leurs services secrets, la France a perdu beaucoup de terrain. La preuve en est que même sur le plan économique, ses, entreprises ont été détrônées par leurs concurrentes chinoises et américaines, pour ne citer que ces deux puissances économiques mondiales. En 2004, la France avait perdu au Gabon le marché de la production de fer remporté par une société chinoise. Au mali et en Guinée, l'or et le pétrole avaient été attribués à des sociétés australiennes qui augmentent de plus en plus le volume de leurs investissements en Afrique. Au Sénégal, la France avait été contrainte de s'adapter à l'arrivée des banques arabes. Air France n'avait pas résisté à la montée en puissance de la compagnie aérienne locale Air Sénégal. Les marchés de l'exploitation minière (or, fer, phosphate, pétrole, …) ont eux aussi commencé à échapper aux mains des entreprises françaises avec l'arrivée de deux nouveaux exploitants, la MDL (Mining Development Lease, une société australienne, filiale d'Anglo-American) et Oromine (saoudo-canadienne). En l'absence d'une politique étrangère considérant les anciennes colonies comme de véritables partenaires politiques et économiques, la France essaye de se maintenir et de maintenir ses intérêts sur le continent noir en continuant de soutenir des régimes dictatoriaux honnis par leurs peuples. Leurs services secrets opèrent aussi en faveur des dictatures militaires et sont régulièrement accusés d'être derrière la plupart des putschs et des tentatives d'assassinat d'opposants politiques. La dernière tentative de liquidation du capitaine Moussa Dadis Camara, l'ancien dirigeant autoproclamé du peuple guinéen, avait été attribuée aux services français, accusés aussi de cacher l'agresseur de ce militaire
putschiste. La polémique qui a éclaté entre Alger et Bamako, suite à la libération de quatre terroristes islamistes détenus par le Mali en échange d'un otage français, fournit la preuve que l'ancienne puissance coloniale ne veut rien lâcher et qu'elle est même capable de recourir à tous les moyens pour sauver ses intérêts.
L. M.


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