Quatre jours seulement et le Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fidba), dans sa troisième édition, est arrivé, samedi dernier, à son terme, sous la pluie, comme il a commencé. Mais ni la météo ni la courte durée du festival n'ont empêché les visiteurs de faire le déplacement, même si leur nombre était relativement modeste. Les jeunes et les enfants constituaient le gros des troupes. Il y avait toutefois ces adultes «connaisseurs» qui ne considèrent pas, à juste titre, la BD comme un produit destiné exclusivement aux enfants, mais comme un art - le 9ème dans la classification consensuelle - à part entière. Les deux générations déambuleront donc côte à côte, même si les plus jeunes sont moins attirés par les trois chapiteaux abritant les expositions qui, du reste, sont très intéressantes.Grands et petits se retrouveront toutefois dans l'espace vente où étaient présentées des BD pour tous les âges. Mais pas pour toutes les bourses. 500 dinars est le prix le plus bas qu'il faut débourser pour un album BD. Le responsable de la communication du FIBDA, Rachid Allik, nous expliquera que seuls les albums importés par le bureau du festival ont bénéficié d'une exonération de taxes douanières, ce qui n'a pas été le cas pour les maisons d'éditions présentes au festival. Il faut toutefois préciser aussi que la qualité du papier et l'usage de la couleur (quadrichromie) augmentent le prix de revient des albums BD, ce qui se répercute sur leur prix de vente. Mais les parents, dont les enfants se sont accrochés à un livre et qui sont pourtant obligés de naviguer à vue dans la gestion du budget familial, n'ont eu cure de tous ces paramètres. Tout ce qu'ils retenaient, c'est le prix affiché qui grèverait ce budget. Aussi leur fallait-il trouver un palliatif. Le petit stand des éditions Rive Sud assume ce rôle admirablement : des petits livres illustrés présentent la vie des animaux, des histoires et des coloriages. Ecrits en arabe avec traduction en français dans la deuxième partie, les livres plaisent aux enfants par leur contenu et aux parents par leur prix (250 dinars en moyenne) et leur caractère ludique et pédagogique à la fois.Malgré sa «jeunesse» (elle a été créée en 2005), Rive Sud s'est déjà taillé une petite place dans le monde de l'enfant et projette de poursuivre son petit bonhomme de chemin avec d'autres projets, comme nous l'expliquera une responsable. «Nous travaillons sur une collection Histoire. Les livres de cette collection raconteront l'histoire de l'Algérie avec des dessins et des textes très digestes. L'enfant pourra découvrir l'histoire du pays de manière ludique», indique-t-elle.A notre question de savoir si Rive Sud, dans son élaboration des livres, s'appuie sur des pédagogues et des spécialistes, la responsable acquiesce et affirme que la maison d'édition sollicite des conseillers pédagogiques pour que ses productions «touchent leur cible». Confirmation nous est donnée par le petit succès de ses productions au FIBDA. Les quatre jours du festival ont suffi pour épuiser le stock de cette maison d'édition, ce qui fera dire à quelques jeunes visiteurs qu'ils auraient aimé voir le festival se prolonger un peu plus. C'est trop court, diront-ils. Suffisant, soutiennent d'autres. Les enfants n'ont, eux, rien à dire. Ils dépendent des parents, s'ils peuvent les emmener et leur payer des livres. Certains parents ne veulent même pas entendre parler de ces «mikiyate» (déformation de Mickey, terme générique et dépréciatif qui désigne à la fois les bandes dessinées, les dessins animés et les films d'animation, ndlr). L'ignorance est le pire ennemi du développement, qu'il soit mental, social ou économique. H. G.