Décidément, les Algériens ne pourront jamais vivre quelques jours sans qu'une menace ne leur tombe sur la tête. Ainsi, après avoir fait les frais des dysfonctionnements dans la distribution du lait en sachet, jusqu'à arriver à une pénurie qui a failli s'installer dans la durée, ils sont appelés à subir celle du pain. En effet, c'est au tour des boulangers de prendre la relève, menaçant de baisser rideau à travers une grève. La raison ? Les propriétaires des minoteries privées, qui ont décidé d'augmenter le prix de la farine pour la céder à 2 200 DA le quintal, au lieu de 2 000 DA. Le comble étant que les 200 DA supplémentaires ne sont pas transcrits sur les factures. Pourtant, le prix de la farine est administré, d'où l'absence d'augmentation du prix du pain. Cela ressemble à s'y méprendre à du chantage d'ordre politique. Lequel, s'il n'est pas circonscrit, risque d'avoir des conséquences pour le moins dangereuses. On ne joue pas avec «le pain des Algériens». Si les boulangers ferment boutique, il y a de fortes chances que leur grève provoque «les émeutes du pain». Tout cela, parce que des propriétaires de minoteries veulent dicter leur loi à l'Etat. Tout cela parce que les pouvoirs publics leur ont interdit d'exporter des pâtes fabriquées avec des produits subventionnés par l'Etat. Pourtant, ils ont la possibilité d'importer la farine et le blé chez d'autres fournisseurs et d'exporter leurs produits à leur guise. Cela ne les arrange certainement pas puisque ce serait une opération coûteuse. Par conséquent, il vaut mieux continuer à traire la vache à lait, tirer le maximum de profits et s'en sortir à bon compte. Beaucoup ont encore à l'esprit l'affaire OAIC/SIM qui a été traitée l'année dernière par le tribunal d'El Affroun. Il semblerait que les mesures contenues dans les LFC 2009 et 2010 ne soient pas «digérées» par nos opérateurs économiques. Tous les moyens sont devenus donc bons pour revenir à la charge, après un semblant d'accalmie, et exercer des pressions pour faire reculer le gouvernement. Aujourd'hui, le meilleur moyen qu'ils ont trouvé, c'est le chantage par la faim : faire éclater des émeutes pour le pain, comme s'il n'y en avait pas assez. Car si le citoyen a pris son mal en patience pour la crise du lait, il n'en sera pas de même pour le pain. Dès lors, les services de Bendada devraient faire preuve de vigilance et prendre les décisions qui s'imposent. F. A.