Photo : S. Zoheïr Synthèse de Sihem Ammour Le travail du cuir, véritable savoir-faire séculaire, est en net déclin à travers la wilaya de Blida à telle enseigne que les derniers artisans ont tiré la sonnette d'alarme pour la sauvegarde de ce métier ancestral. Ammi Larbi, qui se consacre depuis plus de 25 années à la conservation de ce legs culturel, par le travail et la confection du cuir au niveau de sa modeste tannerie de Beni Mered, confie que «le désintérêt des jeunes générations pour la maroquinerie a pour origine la modestie du gain qu'elle assure et la difficulté de commercialisation des produits finis, jugés trop chers», rapporte l'APS.Le maroquinier Larbi Rabah Abderrahmane figure parmi les derniers de sa génération à continuer d'exercer ce métier. Son ambition est d'inculquer les bases de cet art artisanal aux jeunes qui en expriment le désir, afin dit-il, de «sauver ce métier de l'oubli et de la disparition qui le menacent». La fermeture de nombreuses tanneries, la concurrence déloyale par des produits d'importation, l'absence d'une main-d'œuvre qualifiée, la cherté de la matière première et sa répercussion sur le prix de vente, ainsi que la baisse du pouvoir d'achat du consommateur sont considérées parmi les principales causes à l'origine du déclin de la maroquinerie, estime le responsable de la Chambre locale des métiers et de l'artisanat. La récente mesure relative à la baisse des taux d'imposition décidée en faveur des artisans a été, toutefois, citée parmi les facteurs ayant participé à la relance de la maroquinerie. L'accord de crédits sans intérêt ou à taux bonifiés pour l'acquisition et le renouvellement des équipements utilisés dans les activités artisanales menacées de disparition est de nature à aider les artisans à aplanir le problème de la hausse du coût du matériel d'artisan. Véritable pépinière d'artisans, cette région de la Mitidja était réputée pour la qualité de ses divers articles de maroquinerie, un gagne-pain exercé de père en fils depuis la nuit des temps, par de nombreuses familles blidéennes. Parmi ces produits figurant au répertoire de l'artisanat local, il y a la fameuse «babouche» et «le sabbat». Ce dernier, produit avec du cuir moins noble, est une chaussure destinée tant aux femmes qu'aux hommes et est également appelé «qibab». Ce soulier, proposé à un prix modique, est utilisé dans les bains maures. Les portefeuilles, mallettes et ceintures sont, d'autres produits fabriqués à base de cuir par d'habiles maroquiniers qui ont transmis ce métier et leur savoir-faire à plusieurs générations. Un savoir-faire qui est en manque de relève et le nombre de maroquiniers ne cesse de se rétrécir comme peau de chagrin.