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Les limites des révoltes populaires en Egypte et en Tunisie
Loin d'être des révolutions qui bouleversent l'ordre établi
Publié dans La Tribune le 08 - 02 - 2011

Le glissement sémantique du concept de révolution s'est déjà opéré lors des révoltes d'Ukraine et de Géorgie, que les laboratoires occidentaux ont colorées et romancées à volonté. Cet usage abusif et volontariste du terme révolution n'est pas gratuit. Il vise à inscrire une révolte sociale dans le prolongement historique des révolutions qu'ont connues les pays de l'Est depuis les mutations profondes en Pologne dans les années quatre-vingt, jusqu'à la chute du Mur de Berlin en 1989 et les changements radicaux qui ont bouleversé l'ordre établi par l'URSS en Europe de l'Est. Dans ces pays, il n'y a pas eu uniquement changement du personnel politique, mais aussi du système économique, social et politique et la mise en place d'institutions nouvelles conformes au nouvel ordre libéral. A ce titre, les révolutions qui se sont produites dans les pays de l'Est ont détruit un système, tous ses représentants et tous ses symboles, pour instaurer un autre système en totale rupture avec le passé. Pour les analystes les plus pointus, même ces changements radicaux qui ont caractérisé les pays de l'Est après 1989 ne peuvent être considérés comme l'émanation d'une révolution. Ils argumentent cette approche par la nature des systèmes prééxistants, qui n'est différente du nouveau système que dans sa forme. Pour les courants marxistes, un système se définit par sa nature de classes, la répartition des richesses, la propriété des moyens de production et la relation capital-travail. Pour les marxistes révolutionnaires, le système soviétique n'était pas un système socialiste, mais une forme de capitalisme d'Etat où la collectivité ne détient ni les moyens de production ni la décision de la répartition des richesses, d'autant plus que les travailleurs étaient des salariés même si les besoins de santé, d'éducation et de logement sont assurés par l'Etat. Dans ces pays, la dictature d'une oligarchie a détourné la dictature du prolétariat même si elle domine au nom du prolétariat. D'ailleurs, toutes les dictatures dominent au nom des peuples même dans les cas où elles ne puisent pas leur légitimité des urnes. Cependant, ce qui s'est passé dans les pays de l'Est est plus proche d'une révolution que ce qui s'est fait ces derniers temps aussi bien en Asie que dans la région arabe.
Qu'est-ce une révolution ?
Une révolution n'a pas une seule nature. Le concept recouvre tout changement radical qui renverse un ordre établi pour instaurer un nouvel ordre. Une révolution est, au sens politique ou social, un mouvement politique amenant, ou tentant d'amener, un changement brusque et en profondeur dans la structure politique et sociale d'un Etat, et qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend ou tente de prendre le pouvoir. Le terme de révolution peut être utilisé par un gouvernement se présentant comme révolutionnaire pour qualifier l'ensemble de ses politiques, alors même que sa prise du pouvoir est effective et achevée. Par extension, on appelle révolution (renversement, étymologiquement) tout changement ou innovation qui bouleverse l'ordre établi de façon radicale dans un domaine quelconque. Le révolution politique caractérise un changement radical de personnel politique, et souvent d'institutions, du fait d'un soulèvement populaire ou de la victoire d'une faction représentant, ou prétendant représenter, une part importante de la population. La révolution d'indépendance est une forme de révolution politique qui bouleverse l'ordre colonial, ses institutions et sa domination pour libérer un pays d'une occupation étrangère. La révolution sociale se caractérise par de vastes changements des hiérarchies sociales, ou de l'organisation de la société, du fait d'un soulèvement de la population, ou d'une partie de celle-ci, contre l'ordre établi. En fait, la révolution sociale est une confrontation pacifique ou violente des classes sociales pour le contrôle du pouvoir. La Révolution française de 1789 est une révolution bourgeoise contre l'ordre féodal, alors que la Révolution bolchévique de 1917 est une révolution prolétarienne contre l'ordre bourgeois inachevé du système tsariste. La révolution scientifique englobe toutes les découvertes réalisées par les scientifiques dans différents domaines cognitifs ayant bouleversé la science et la perception du monde et ouvert la voie à de nouvelles approches ou applications. La révolution industrielle désigne le processus de changement rapide de l'industrie qui a modifié en profondeur l'agriculture, l'économie et la société. Cette «révolution» apparaît en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avant de s'étendre au cours du XIXe siècle au continent européen et aux Etats-Unis. Les facteurs qui ont permis cette transformation sont :- l'utilisation de la vapeur comme source d'énergie ;- l'invention de machines de plus en plus performantes ;- le développement des moyens de transport, navigation à vapeur et réseaux ferroviaires notamment ;
- l'urbanisation ;
- l'émergence de la concentration des capitaux.
La «révolution industrielle» marque le passage d'un système de production artisanale, manuelle et répartie dans une multitude de lieux dispersés à une production à grande échelle centralisée, utilisant des machines. Les tâches réalisées par les ouvriers deviennent de plus en plus spécialisées et les produits sont standardisés afin d'obtenir une qualité homogène. L'industrie remplace l'agriculture comme moteur de l'économie. Les conséquences sur la société sont importantes :
- usines de grandes dimensions ;
-exode rural ;
-apparition du prolétariat et d'une bourgeoisie non terrienne ;
- pollution industrielle et chimique.
Les cas de la Tunisie et de l'Egypte
Si l'on se réfère à l'oppression subie par les Tunisiens notamment sous le règne de Ben Ali, on peut concéder, par analogie, le qualificatif révolutionnaire à l'éveil du peuple qui a réussi, au bout d'un mois, à chasser un dictateur qui a domestiqué les esprits et les corps pendant vingt-trois ans. Le sacrifice des Tunisiens est immense. Après avoir supporté le despotisme d'un clan de prédateurs et de mafieux pendant toute une génération, ils ont offert plus de cent morts comme tribut à la liberté. Aujourd'hui, les Tunisiens respirent et s'expriment librement, mais le système n'a pas changé. Ben Ali a instauré un régime policier pour que personne ne puisse contester ses choix et sa gestion des affaires publiques. Il a été un exécutant modèle des injonctions du FMI et de l'accord d'association avec l'Union européenne. Les officines du libéralisme ont présenté l'économie tunisienne comme un modèle et, à ce titre, les chantres de la démocratie se sont accommodés de la pire des dictatures. D'ailleurs, il serait vain de croire que la France a mal évalué la situation en Tunisie entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. La France savait que le régime de Ben Ali était contesté par la rue tunisienne et a tenu à protéger son allié jusqu'au dernier moment. En fait, ce sont les intérêts de la France qui ont aveuglé Paris. Dès lors que l'Occident est rassuré pour la pérennité de ses intérêts, il se retourne contre ses protégés d'hier pour soutenir les nouveaux dirigeants qui sont les hommes de l'ancien régime. El Ghannouchi et le gouvernement qu'il dirige veillent au grain et rassurent l'Occident. Si les choses ont vite évolué en Tunisie, c'est justement en raison de la fragilité du système tunisien et de sa méconnaissance des nouvelles générations moins dociles. A ce propos, tous les régimes dictatoriaux méconnaissent les évolutions en lame de fond qui traversent les sociétés et génèrent des générations en rupture avec les réflexes ataviques. L'Egypte est dans le même cas. Ce sont les jeunes qui ont allumé la mèche de la révolte, surprenant aussi bien le régime de Moubarak que l'opposition. Occupant un espace géopolitique stratégique et jouant un rôle-clé dans le plan américain pour le Moyen-Orient, l'Egypte est, à ce titre, différente de la Tunisie dans la mesure où les Etats-Unis ont, dès le vendredi de la colère», opté pour le départ de Moubarak pour préserver le système et sauvegarder la feuille de route définie en 1979 par Sadat et Begin dans les accords de Camp David. Les limites de la révolte populaire aussi bien en Tunisie qu'en Egypte sont manifestes dès lors que l'opposition commence à se démarquer des revendications maximalistes de la rue qui ne prend pas en compte les enjeux géostratégiques, encore moins les intérêts occidentaux et les alliances douteuses qui font de l'Egypte et de la Tunisie les amis d'Israël.
A. G.


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