De notre envoyée spéciale à Béni Saf Badiâa Amarni Elle peut paraître sans importance pour certains, et stratégique pour les plus avertis des experts. En tout cas, la grandiose installation du gazoduc Medgaz est d'un intérêt capital pour l'économie nationale, en ce sens qu'il générera des recettes en devises pour l'Algérie. L'exportation du gaz algérien vers le continent européen, en commençant dans un premier temps par l'Espagne via le Medgaz, est pour très bientôt. Même si aucune date n'a été encore avancée quant à l'inauguration de ce projet, il n'en demeure pas moins que les responsables à charge du projet nous ont informé que le gazoduc est déjà sous gaz et prêt à exporter ce produit, il suffit d'ouvrir les vannes. Mieux,«des instructions ont été données récemment pour préparer la station et ouvrir le pipeline marin dans les jours à venir», a déclaré M. Miloud Beddad, manager de la station de compression. Toutes les installations déjà en place Ce projet prend naissance à Hassi R'mel et traverse plusieurs wilayas du pays (Laghouat, Tiaret, Relizane, Mascara, Oran, Aïn Temouchent) avant son arrivée à Béni Saf. Le gazoduc est d'un diamètre de 48 pouces et d'une longueur de 638 km. Sa capacité est évaluée à 11,4 milliards de mètres cubes, dont 8 milliards de contrats m3 sont destinés à Medgaz, c'est-à-dire à l'exportation en direction du sud de l'Espagne, plus précisément Almeria. Le projet est fractionné en un terminal départ, six postes de sectionnement et un terminal arrivé à Béni Saf, le GZ4. Sur ce dernier site, un voyage de presse a été organisé, la semaine dernière, pour informer davantage sur cette partie du projet dont le coût est évalué à 28 milliards de dinars. Toutes les installations sont déjà en place. Il ne reste plus qu'à donner le coup d'envoi pour ce projet tant attendu des deux côtés algérien et espagnol, et qui a accusé un retard dans sa mise en service. Alors qu'il devait être opérationnel l'année dernière, sa livraison a été reportée pour 2011. La mise en service de cet ouvrage «est imminente», selon M. Tayeb Cherif, directeur régional du Réseau de transport Ouest (RTO). Le terminal arrivé est équipé d'un système de comptage avec une très grande précision homologué par les instances internationales. Il est aussi doté d'un réseau anti-incendie, car cette zone est classée dangereuse au vu de la présence du gaz naturel. Ce dernier est inflammable et explosible. C'est pourquoi l'installation est équipée d'un système d'extinction et d'intervention rapide en cas de sinistre. Une réserve d'eau géante est aussi mise en place en cas de déclaration d'un feu. Plus encore, le terminal est pourvu de soupapes de sécurité. Elles s'ouvrent automatiquement dès que la pression dépasse les 50 barres. Dans la convention signée avec l'entreprise Medgaz, la pression est fixée à 45 barres grâce à des vannes de régulation. Le gaz sera comprimé ensuite à 200 barres au niveau de la station de compression pour l'acheminer en Espagne via le pipeline sous-marin. Ce dernier, qui a coûté la bagatelle de 700 millions d'euros, a été achevé l'année dernière. Il est enseveli sous la plage de Sidi Djelloul, à environ 3 km du terminal de Béni Saf. L'ouvrage descend du haut de la falaise avant d'atterrir sous cette plage et prendre le large à des kilomètres sous l'eau. Sur place, il est difficile d'imaginer l'existence du pipeline dans cet endroit. Une famille avec ses enfants et quelques amoureux de la nature étaient présents sur les lieux par cette très belle journée de février. Et dire que quelque temps auparavant, le site était en travaux, selon les explications de Hadj Abderrahmane Mohamed, cadre à l'entreprise Sonatrach. Une digue en pierre a été mise en place pour calmer la mer, fera-t-il savoir avant d'ajouter que «personne ne peut imaginer que l'endroit était en chantier tellement la plage a été remise en son état initial. Sauf, peut-être, les populations de la région». Les mordus de la plage peuvent s'y rendre et se baigner sans aucun risque pour leur santé, puisque des précautions sont prises pour ce qui est de la protection de l'environnement, de même que de la faune et de la flore. Toutes les études nécessaires relatives à l'évaluation des risques ont été faites pour la sécurité du pipeline sous-marin et approuvées par les organismes spécialisés. La canalisation est enrobée d'un matériau spécial anti-érosion. Le pipeline est à une profondeur de 2 km et sa réalisation a été confiée à une entreprise mondialement connue, Saipem, qui a procédé à la pose des canalisations en mer. Après cette visite sur la plage de Sidi Djelloul, un autre ingénieur, Kouider Heddouche, qui a piloté le projet, nous a expliqué que des postes de sectionnement sont mis en place à travers tout le linéaire du GZ4 pour faciliter le travail des équipes d'intervention en cas d'incidents et pour préserver l'environnement de tout impact négatif pouvant en découler. «Ces postes sont équipés de manière à pouvoir interrompre automatiquement la livraison du gaz en cas de détection de chute de pression résultant de fuite au niveau du pipe et d'évacuer le tronçon affecté pour pouvoir procéder à la réparation de ce dernier», a-t-il expliqué. Avant d'engager les travaux de réparation, il sera procédé à l'interruption de la livraison du gaz. «La durée de coupure varie en fonction de la gravité de l'incident», a soutenu notre interlocuteur qui nous a guidés vers la localité de Chaabet Elham, dans la wilaya d'Aïn Temouchent à 15 km loin de la station terminal GZ4 pour visiter l'un des postes de coupure. Là aussi, une station de fibre optique a été installée. Les Douanes pour superviser l'exportation Lors de notre passage par le GZ4, nous avons constaté la présence des agents de la douane. La douane contrôle les vannes et toutes les quantités de gaz qui seront livrées. Les informations journalières concernant ces quantités seront relevées par la douane qui établira une déclaration chaque fin du mois. Le rôle de la douane, selon M. Derbal Hadjiri Mohamed, inspecteur principal en hydrocarbures aux Douanes algériennes, est de protéger l'économie nationale. Présents depuis le mois de juin, 8 agents sont sur le site. Même les opérations de tests réalisés ont été supervisées par cet inspecteur principal.Les opérations de tests servent à vérifier la vanne pour savoir s'il n'y a pas une sortie frauduleuse du gaz algérien. Pour l'heure, aucun cas de ce genre de fraude n'est survenu, et la vanne est cadenassée et est sous contrôle de la douane. Une fois ouverte, c'est le début de l'exportation du gaz algérien.Il faut dire que le projet a pu redynamiser toute la région de Béni Saf et d'Aïn Temouchent. Nombre d'emplois ont été créés, en passant par les postes d'ingénieur jusqu'au gardiennage des installations. Selon les responsables rencontrés, le gaz algérien qui sera exporté est de très bonne qualité. Il est à 0,2% de CO2, et est très riche en méthane, entre 79 et 87%. Une station de filtrage destinée à nettoyer le gaz des impuretés a été mise en place. Le Medgaz est une canalisation d'un diamètre de 24 pouces de transport de gaz naturel. Il traversera la mer Méditerranée et reliera l'Algérie à l'Europe via l'Espagne sur une distance de 1 050 km dont 550 km sur le territoire algérien. Sa profondeur est de plus de 2 000 m.