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La violence mine la société livrée à elle-même
Le fléau est traité par l'occultation, la répression et la culpabilisation des victimes
Publié dans La Tribune le 05 - 10 - 2011

«La violence est une notion ambiguë et subjective qui n'existe que par rapport à une norme», dit Yves Machaud. Le sujet revient de manière itérative. Les causes diffèrent mais le constat est le même : la violence prend de plus en plus d'ampleur dans notre société. Pourquoi cette violence inouïe ? En Algérie, il est important de préciser, au départ, de quelle violence il s'agit parce qu'effectivement, elle reste en permanence une question complexe étant donné qu'elle est ancrée dans toute son histoire. La violence nous interpelle, aujourd'hui, dans notre vie quotidienne pour nous inciter à réfléchir d'une part, sur l'efficacité de notre système politique et sa capacité organisationnelle en matière socioéconomique et culturelle et la qualité du lien social qui agence et organise la vie collective des Algériens, d'autre part. Il est indéniable que la violence dans les villes algériennes s'exprime à tous les niveaux. Elle est le produit des transformations multiples qui demeurent incompréhensibles pour la société, étant donné que celle-ci n'arrive plus à produire une vie collective stable et paisible. Il est vrai que la violence urbaine est le produit des grandes transformations qu'a connues l'Occident après les révolutions industrielle et scientifique du 19ème siècle. Ces mutations qui ont produit des nouveaux modes de vie ont engendré, pour leur part, des inégalités sociales. Ces inégalités ne se limitent pas uniquement au domaine matériel comme celui des revenus financiers et la qualité de la vie comme l'habitat. Au contraire, elles dépassent ce monde pour embrasser celui de l'«immatériel», à savoir la «culture». Elle est devenue, désormais, un capital social qui a facilité l'accès aux statuts sociaux et à la domination. L'intégration sociale passe indubitablement par ce «capital» et toute personne dépourvue de ce dernier ne sera point qualifiée à avoir une place sociale. «En Algérie, on peut dire que la violence a commencé après la crise de l'Etat providence, analyse le docteur Larbi Mehdi, sociologue et enseignant à l'université d'Oran. La chute des prix des hydrocarbures a contraint l'Etat à fermer les entreprises publiques et à se retirer du domaine économique sans se soucier de l'avenir des travailleurs et de leurs familles. Ce retrait qui n'était, en réalité, accompagné d'aucune stratégie politique efficace, a déstabilisé la société et a affaibli toutes les solidarités qui accompagnaient, autrefois, le modèle politico-économique». Il estime que le retrait et l'ouverture sans aucune préparation vont produire une crise identitaire multiple. Au niveau de la famille, le nouveau couple est pris au piège. «Les époux n'arrivent plus à se prendre en charge pour être en harmonie avec soi-même. Placées entre le traditionnel et le moderne, ces personnes vivent des crises identitaires qui génèrent des violences physiques et psychologiques graves.» De plus, de cette crise culturelle qui accentue la violence et empêche l'émergence d'une individualité stable et harmonieuse, il y a un autre phénomène qui va, lui aussi, développer la violence et détruire tous les liens qui pouvaient produire autrefois la confiance et la sécurité.En effet, le chômage frappe, au départ, la structure familiale et détruit les liens entre couples et sa croissance a produit, ensuite, un monde informel qui apprend au plus jeune comment faire pour s'en sortir de la galère du chômage. La «débrouillardise» est une autre activité qui non seulement génère toujours de la violence (parce qu'elle peut être du : vol, vente de la drogue ou autre activité illicite, etc.), mais défigure en même temps tous les espaces publics de la ville et cela par l'instauration de l'insécurité.
Il faut noter que les politiques d'aménagement urbain ont contribué, elles aussi, à des déséquilibres favorisant les tensions sociales et la violence. L'urbanisation spontanée qui ne correspond à aucun plan d'aménagement clairement défini et l'extension spontanée incontrôlée ne font qu'exacerber les tensions sociales et font figure, aujourd'hui, de future poudrière. Cependant, «l'émergence des quartiers populaires défavorisés, la déscolarisation des jeunes et le chômage ne font que multiplier les conditions qui produisent des identités brisées et fragiles. Ces identités blessées vivent la «galère» au sens de François Dubet. Leur situation ne développe pas seulement des sentiments d'hostilité qui peuvent déstabiliser l'ordre, mais une violence sur eux-mêmes et le phénomène de l'immolation apparu récemment ne fait qu'illustrer notre propos. La violence urbaine est un phénomène qui déstabilise «l'ordre public», souligne le sociologue, et la présence policière, selon lui, ne règle pas à elle seule ce problème qui exige une nouvelle politique globale qui peut prendre en charge tous les problèmes et ouvrir, en fin de compte, un débat libre avec la société. Sans cela, rien ne peut arrêter la violence urbaine. Pour sa part, la sociologue Nassera Merah estime qu'on ne peut définir les origines de la violence, on ne peut qu'expliquer certaines de ses formes, qui plus est, dans des circonstances et conditions précises. «Les violences urbaines sont parfois engendrées par les déplacements de populations, les concentrations urbaines, la promiscuité qui sont la cause de la violence, souligne-t-elle. En milieu urbain, les violences sont, souvent, une forme de l'expression de l'incivisme. L'incivisme est, lui-même, engendré par l'absence de démocratie, qui empêche toute forme d'organisation sociale et d'entraide.» L'individualisme entraîne, quant à lui, le rejet de l'autre. L'absence de mixité est un autre moyen de développer la violence en milieu urbain, l'autre est inconnu, «et l'inconnu inspire la crainte, ajoutons à cela les idées préconçues, en période de crise, les femmes prennent la place des hommes dans les postes de travail, les logements attribués, l'espace public, etc.» Les violences, sous toutes leurs formes, se concentrent, selon la sociologue, contre les femmes, le «maillon faible» de la société. Sur ce plan, elles sont encouragées, dit-elle, par le système patriarcal qui la légitime par la suprématie masculine et l'Etat qui la perpétue par son «institutionnalisation» dans le code de la famille, la subordination des femmes aux mâles de la famille, époux ou parents. «L'impunité en matière de violences domestiques ou de harcèlement sexuel au travail est un facteur parmi d'autres qui encourage et développe la violence», note Mme Merah. Il reste entendu, ajoute-t-elle, que cela est une forme d'explication des violences dans la société, «les causes sont à déterminer par des études qui ne sont, malheureusement, pas réalisées». «Dans les pays soucieux du bien-être de leur société et de leur population, les mémoires d'universitaires sont nombreux à traiter les phénomènes de société. Et c'est ce qui fait défaut chez nous.» Le problème est traité par l'occultation, la répression ou, pire, l'accablement et la culpabilisation des victimes qui auraient causé ce qui leur arrive, par un comportement inapproprié, provoquant cette violence, analyse encore l'universitaire. Sans études, débats et prise en charge des victimes et des acteurs de cette violence, celle-ci ne peut que se développer et atteindre les proportions que nous lui connaissons, dépassant le cadre individuel et social, souligne-t-elle. Le phénomène, selon elle, se banalise car l'Etat, négligeant une prise en charge réelle, semble l'encourager. Dès lors, les violences mal traitées et/ou non étudiées sont banalisées et encouragées. «L'Etat est responsable du développement de la violence, car il est censé, non pas sanctionner les actes de violences, mais protéger les citoyens contre les violences.» Or, pour des raisons de démagogie ou d'«apaisement» social, on préfère négliger les victimes qui sont en situation de faiblesse. «La lutte contre les violences est un choix et une politique, elle ne doit pas se réduire à une moralisation de la société, or c'est ce qui semble être la tendance actuelle», conclut la sociologue. Parmi les manifestations tragiques de cette violence sociale, contentons-nous de citer le calvaire des automobilistes empruntant l'axe routier Boudouaou-Réghaïa considéré comme un véritable coupe-gorge en raison des nombreuses agressions qui y ont lieu. Elles sont l'œuvre de la bande d'«El Kerrouch» en référence au lieu où elle sévit. La fréquence quasi quotidienne des délits enregistrés a nécessité l'intervention des forces de sécurité qui ont mis la main sur plusieurs éléments, immédiatement présentés à la justice pour répondre de leurs actes. Par ailleurs, dans les régions reculées de la wilaya de Tizi-Ouzou, on signale, ces derniers temps, la multiplication des actes de vol à l'arrachée dont sont les femmes sont la cible. Ces dernières se font voler, en plein jour, leurs bijoux par des jeunes voyous. Ces deux exemples montrent, si besoin est, que la criminalité sévit aussi bien en milieu urbain que dans les régions les plus isolées.
Y. D.


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