Triste est le spectacle de ces processions d'élèves qui retournent chez eux, pour parcourir en sens inverse le trajet qu'ils viennent juste de faire pour rejoindre leur établissement, et pour se retrouver seuls, dans le cas des écoliers dont les parents travaillent tous les deux. Et ils sont nombreux, comme le sont ceux qui doivent rejoindre leurs lointains domiciles, notamment à l'intérieur du pays. Un mois seulement après la rentrée scolaire, et pour ne pas changer - la scolarité des élèves est régulièrement perturbée ces dernières années-, les syndicats de l'Education nationale reviennent à la contestation. C'est la mort dans l'âme que les parents assistent, depuis de longues années, à un duel - à plusieurs étapes- entre les enseignants et le ministère de tutelle, où le gagnant ne peut nullement être leur enfant. Bien au contraire. Celui qui est lésé dans son droit à un enseignement continu et de qualité, c'est bien l'élève, qui se retrouve mêlé à un conflit dont il n'est pas un antagoniste. Les faits sont là, ils sont cruels, c'est désormais l'aspect matériel qui prime aux dépens de l'intérêt des élèves. Après les revendications socioprofessionnelles, pour lesquelles on place la barre toujours plus haut, il y a maintenant la gestion des œuvres sociales qui ne saurait être reléguée au second plan. Difficile de distinguer la mission de pédagogues chez les syndicalistes, tant celle-ci est noyée dans leurs activités et leur acharnement à arracher ce qui est, jusqu'ici, entre les mains de l'UGTA. Ils en oublient jusqu'à leur raison d'être au sein d'un établissement scolaire, l'élève ne semble pas être au cœur de leur combat. Comme si quatre jours d'un arrêt des cours très préjudiciable pour les enfants n'étaient pas suffisants, on s'offre même le luxe de se démarquer des autres formations syndicales en continuant à geler les cours, alors qu'un accord a été trouvé avec la tutelle. Si l'on prend en considération le prétexte que «les dernières augmentations acquises ont vite été rattrapées par l'inflation», on pouvait s'attendre aisément à ce que les différentes corporations réagissent de la sorte, puisque cela ne concerne pas uniquement le corps de l'enseignement. Ce n'est pas à tort qu'on peut affirmer que l'école algérienne est minée à cause de l'entêtement et du désintéressement des uns et des autres. Elle demeure encore un laboratoire où l'on n'arrête pas de tester une réforme qui a pourtant montré ses lacunes, et où les élèves sont d'éternels cobayes. Mais ceci est une autre affaire. Sous d'autres cieux, c'est là le véritable combat. R. M.