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Fragments d'histoire et brins de croyance, voyage au cœur des douleurs d'un peuple insoumis
Recueil de nouvelles de Zoubeida Mameria publié aux Editions Apic
Publié dans La Tribune le 20 - 10 - 2011

Fragments d'histoire et brins de croyance, publié aux éditions Apic, est le dernier recueil de nouvelles de Zoubeida Mameria. Née à Souk-Ahras, après des études à Constantine puis à Alger, l'auteure, titulaire d'un magistère ès lettres françaises, a fait carrière dans l'Education avant de devenir cadre supérieur au ministère de la Culture. Elle compte à son actif plusieurs publications dont celles dédiées à Kateb Yacine Dans ce recueil de nouvelles, tel une conteuse des temps anciens, Zoubeida Mameria, fait voltigé sa plume pour emmener les lecteurs dans une douce valse des mots, enchainant des figures étourdissantes pour dévoiler ces temps, pas si anciens que cela, où la poésie demeure, au-delà des drames, des désillusions et des espoirs des individus mais aussi de toute une nation. Ainsi, dés la première nouvelle intitulée, Si Taoura m'était conté, El Kéblouti, l'auteure esquisse les reliefs d'une Histoire presque oublié, celle de l'Algérie, plus précisément de sa région, l'Est, de la fin du 19e siècle jusqu'au début du 20e, en proie aux premiers pas féroces du colonisateur dont l'atrocité n'a d'égale que la résistance farouche et désespérée des tribus.Les premières lignes sont illuminées par la description du souk au blé de Taoura, une foire annuelle qui couronnait une année de dur labeur et où se retrouvaient, dans esprit de félicité, les tribus des Hannencha, des Ouled Khiar, des Ouled Soukies, des Ouled Driss, des Ouled Bechich et le Charismatique Mohamed El Kéblouti et sa splendide monture. Peu à peu, fidèle au sombre présage de la guezzana, «le sang et le feu» prendront place au fil des dix-huit nouvelles, tissant dans le canevas de l'histoire les tragédies individuelles et les grandes destinées.
El Kéblouti, l'emblème des tribus meurtries
Qu'ils soient enfants, femmes, mères, hommes dans la force de l'âge où vieillards au crépuscule de leurs vies, les personnages des nouvelles redonnent une âme à tous ces Algériens qui ont longtemps était relégués au rang «d'indigène» et catalogués ainsi dans les albums à la gloire des «bienfaits du colonialisme». À travers son écriture elle redonne toute la densité humaine à une civilisation qui avait était foulée aux pieds par des occidentaux avides de terres, reniant leurs propres principes de bons catholiques.
Au-delà du vol de la terre, des racines, le colonisateur a aussi volé le sang des enfants d'Algérie, en les envoyant de force comme chair à canon, dans des guerres qui n'étaient pas les leurs. Ainsi, dans la poignante nouvelle intitulée la dernière complainte, l'écrivaine raconte, dans une prose succincte mais puissante, le malheur de cette mère à qui on a arraché son unique fils, et qui, dans l'interminable attente de son retour, sombrera peu à peu dans la folie, entonnant tel une louve sa complainte de mère meurtrie dans l'incompréhension et le mépris de ceux pour qui son fils à payer le prix de sa vie. Zoubeida écrit à ce sujet : «Les français ne comprenaient pas ce qu'elle disait dans la langue de la douleur. Ils la chassaient en la rudoyant. Mai,s loque humaine, insensible aux coups, elle était devenue leur mauvaise conscience par sa seule présence et s'agglutinait à tous leurs symboles pour y laisser la trace du sang pur de son enfant».
L'écriture pour combattre l'oubli
Au milieu du chaos dans lequel sombrait l'Algérie, sa culture séculaire ses us et coutumes et la puissance de son patrimoine orale, architectural et spirituelle, Zoubeida Mameria transcende «le sang et le feu» pour redonner à ces personnages des temps anciens, un nom, un lieu et une histoire telle une ode a toute cette région millénaire qui a forgé le caractère bien trempé de ses femmes et de ses hommes, qui savent vous regarder droit dans les yeux même quand ils ont un genoux à terre et vous foudroient dés qu'ils se relèvent.Parmi les nouvelles imprégnées de ces êtres brisés l'Histoire d'une patrie meurtrie, la nouvelliste offre aux lecteurs des instants de répits ou, tels des oasis, elle apporte cette note de fraicheur telle la rosée matinale qui embaume les charniers des batailles sanglantes. Ainsi on peut citer à titre d'exemple les nouvelles intitulées : Dar El Misk, La poupée ou celle intitulée Les oliviers des deux saints et la khaloua, qui permet de faire découvrir la butte aux deux saints, un lieu de prédilection de Saint Augustin de Thagaste dans ses heures de méditation, illustrant la richesse spirituelle millénaire d'un Algérie qui avait su
être tolérante avec les gens différents.L'auteure, fervente admiratrice de Kateb Yacine, glissera en filigrane plusieurs clins d'œil à l'auteur de Nedjma, dont le plus visible, la nouvelle intitulée «Lakhdar», et, le plus poignant, à travers la dernière nouvelle intitulée La manif. Au final, lorsque l'on referme le livre après avoir lu toutes les nouvelles, un sentiment étrange demeure et nous regardons différemment les peintures ou des cartes postales orientalistes. Derrière chaque mendiant, khemmas, enfant aux pieds nus, femmes aux formes pulpeuses, familles de colons endimanchées pour la pose, se cache une destinée, un nom et surtout une vérité qui peine encore à voir le jour plus d'un siècle après. Et c'est ainsi que les mots du quatrième de couverture, prennent tout leurs sens : «La région dont elle vous parle existe toujours et si vous voulez bien la connaître, faites donc un tour dans son histoire ! Fragments d'un passé lointain ou tout proche, cette histoire évacue la gravité d'une science austère pour rester humaine et sensible. Quête inassouvie, elle part à la recherche de l'anecdote afin de comprendre les codes d'une époque.»
S. A.


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