CONJONCTURE oblige, certaines valeursmorales et sociales qui faisaient la réputationdes Algériens se sont estompées depuisenviron deux décennies. Rarement l'individua-lisme n'a autant été exacerbé chez nos compa-triotes, lesquels bénéficient sans conteste decirconstances atténuantes tant les temps sontdevenus durs, les conditions de vie implacableset l'avenir indicible.Toutefois, chassez le naturel et il revient augalop, comme le souligne si bien l'adage. En chacun de nous, chacun des nôtres, sommeille une fibre sentimentale, un huma-nisme qui n'attendent pas, outre mesure, un électrochoc pour être ravivés. C'est ce qui acaractérisé la réaction des populationséparses à travers le territoire national maisréunies comme les doigts d'une main une foisl'information faisant état de la catastrophenationale endeuillant certaines régions dupays et plus particulièrement la wilaya deGhardaïa. Groggy au départ -et comment nepas l'être quand il est si difficile de songer neserait-ce que le laps de temps le plus courtimaginable qu'il soit question d'un déluge làoù il paraît impensable qu'il puisse avoir lieuet qui plus est à une période où d'aucuns s'in-quiètent d'une canicule qui perdure– les auto-rités nationales ont vite réagi en prenant lesmesures qui s'imposent face à une telle adver-sité, l'omniprésence des institutions de l'Etat n'est pas à souligner. Mais quoi qu'il ensoit, au-delà des aides matérielles qu'il (l'Etat)a consenti et pourrait encore consentir etheureusement sur ce plan-là les pouvoirspublics n'ont pas lésiné sur les moyens, c'est plutôt d'une présence morale qu'enpareille circonstance les victimes d'une quelconque calamité ont le plus besoin.Et ce ressort a merveilleusement joué dès lorsque les populations du pays profond ont euconnaissance de la situation. Comme pour lesinondations de Bab El Oued, les séismes deChlef, celles (inondations) de Batna(2006/2008), nos compatriotes se sont très vitemobilisés d'autant plus que le drame vécu parla wilaya de Ghardaïa a eu lieu à cheval surdeux événements majeurs, en l'occurrence lemoisdeRamadhanquiprenaitfinet l'avènement de l'Aïd Esseghir.De l'Est à l'Ouest, le mouvement de solidaritéa été effectivement d'une grande ampleur etaurait sans doute gagné en impact et efficacitési les mécanismes existant déjà ou nés spontanément étaient rompus et avaient lacapacité de faire face à des impondérables dece type.Dans cet ordre d'idées, et loin de nous toutevelléité de réduction de ce mouvement de solidarité dont les animateurs ont eu le méritede répondre présents, il aurait indubitable-ment énormément gagné si les mécanismes précédemment évoqués ne réagissaient pasponctuellement.Quoi qu'il en soit, des enseignements doiventêtre tirés d'un tel drame et il appartient aumouvement associatif d'investir un créneau quine donne pas l'impression jusqu'à aujourd'huide trop focaliser son intérêt. Il s'agit pourtantd'un créneau qui requiert celui (intérêt) le plusaccru possible tant foisonnent les indicateursles plus probants de réédition de telles catastrophes. A. L.