La musique chaâbie s'invite au Grand Rex de Paris avec deux concerts exceptionnels, les 9 et 10 janvier 2012, des musiciens de l'orchestre El Gusto, réunissant des grands noms de la musique populaire algéroise, à l'instar de Abdelmadjid Meskoud, Abdelkader Chercham ou encore El Hadi El Anka. Ce sont en tout quarante deux musiciens, juifs et musulmans qui se réunissent après une longue séparation. El Gusto, c'est aussi un projet cinématographique qui voit enfin le jours après quelques années d'hésitations et de difficultés en tout genre, s'il l'on croit la réalisatrice du film Safinez Bousbia, difficultés évoquées dans un entretien publié sur le blog du film. Safinez Bousbia est née en Algérie, mais n'y a jamais vécu ; cette architecte de formation rencontre en 2003, lors d'un voyage en Algérie, un miroitier de La Casbah d'Alger, Mohamed El Ferkioui, qui lui confie son histoire intimement liée à au quartier et au chaâbi. Ce sera le point de départ d'un projet musical et cinématographique autour d'une troupe d'élèves de Hadj M'hamed El Anka que l'histoire a séparés et que la réalisatrice va réussir à réunir et à faire témoigner. A travers l'histoire de ces musiciens, c'est tout le patrimoine et le mode de vie algérois qui sont à l'honneur. Un mode de vie caractérisé par le Gusto, c'est-à-dire une certaine nonchalance, de la bonne humeur et un amour inconditionnel du partage autour de la musique, un art qui est né, rappelons-le, dans la misère de La Casbah des années 20. L'orchestre El Gusto a, depuis 2008, donné plusieurs concerts à travers le monde, et a suscité un grand intérêt des médias internationaux. On se souvient d'ailleurs du passage à Alger, en 2005, du chanteur du groupe de rock anglais, Blur Damon Albarn, invité par Safinez Bousbia pour soutenir son projet ; ce qu'il fera en produisant un album (sans les musiciens juifs, nous dit-on) en 2008. Le film El Gusto sortira en France le 11 janvier 2012, quant à sa date de sortie en Algérie, cela reste une inconnue. Un membre de l'équipe du projet nous confie qu'une demande d'autorisation a été déposée au niveau du ministère de la Culture depuis septembre pour le diffuser en Algérie, mais, à ce jour, aucune réponse n'a été fournie. Seule une projection privée a pu être organisée. Pas de Gusto donc pour le public algérien, mais ça, il en a l'habitude. F. B.
