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Crise : menaces sur le monde
à caractère économique ou politico-idéologique
Publié dans La Tribune le 16 - 10 - 2008

Le vent de folie qui s'empare des places boursières et des marchés des matières premières s'accompagne d'une véritable guerre idéologique autour des significations et des enjeux de la crise que traverse le monde. L'exergue que j'ai extrait de l'excellent papier de Djamel Labidi, que vous devriez lire ou relire, en donne la mesure internationale. D'autres côtés de cette guerre idéologique visent à «traiter» les questions internes aux pays développés, notamment celles de leurs opinions publiques auxquelles ils servent les explications susceptibles de les entraîner dans une sorte d'union sacrée pour le sauvetage des banques présenté comme un sauvetage collectif et au profit de tous de l'économie. Peu de gens auront relevé les menaces à peine voilées de Gordon Brown à l'endroit des pays de l'OPEP qui seraient tentés d'ajuster l'offre de pétrole à la demande, c'est-à-dire agir pour maintenir des prix élevés du pétrole ou à tout le moins des prix proches de sa valeur réelle. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'un point de vue purement britannique.
Dans sa dernière tournée au Proche-Orient pour célébrer avec ses amis sionistes le 60ème anniversaire de la création de l'Etat d'Israël, G. W. Bush a fait un crochet par l'Arabie saoudite. Il en est reparti avec un accord stratégique avec les Saoudiens pour agir dans le sens d'un apaisement du «front» pétrolier.
Comprenez : une chute des prix du pétrole. Il s'agissait d'un accord stratégique, pas d'une réaction à un marché tiré vers le haut par les demandes chinoise, indienne, brésilienne et d'autres pays dits émergents. La Chine déjà, la Chine encore, tenait le centre des préoccupations stratégiques mondiales. Les experts «maison» des médias européens la pointaient du doigt avec l'Inde en l'accusant d'être le principal facteur de la flambée des prix des céréales et des matières alimentaires de base. La Brésil en prenait aussi pour son grade avec cette explication par les bioénergies qui ne mobilisent que 1% des surfaces cultivées. Ces explications techniquement approximatives désignaient un coupable aux problèmes vécus par les citoyens des pays riches : ces «bougnoules» de Chinois et d'Indiens leur piquaient leur part, de droit de divin, de steak dans leurs assiettes. Ajoutez à cette propagande lourde la mobilisation des thèmes chers à cette opinion que la Chine, preuve par le Tibet à l'appui, n'est pas un pays démocratique et donc appartient à ce magma de la barbarie qui ne suit pas les modèles européens du parlementarisme. La vérité ne viendra pas des médias même s'il lui arrive de s'y glisser sous la forme de contributions «savantes» qui avouent les vrais buts. Mais il faut la chercher patiemment et la recoller morceau par morceau ramassés dans des articles épars. Elle pourrait se formuler ainsi : la Chine avec des bas salaires, c'est très bien. Mais la Chine avec un Etat qui se paye une croissance à deux chiffres et veut offrir aux Chinois autre chose qu'un bol de riz, c'est mauvais. Et le pire est la tension que les besoins de son développement fait peser sur les prix de l'énergie. Il faut donc que les Chinois renoncent à l'idée d'un Etat national qui entend préserver l'autonomie ou l'indépendance de ses décisions, décide pour sa monnaie, sort de la pauvreté des centaines de millions de Chinois, s'approprie des techniques et des technologies et échappe à l'autorité du capital financier et de l'Empire. Il ne suffit pas à la Chine de payer pour la crise. Il lui faut payer cette inadmissible réussite à utiliser les règles de l'OMC et du libéralisme pour faire tirer sa croissance des marchés européens et surtout américain.
Vous vous souvenez tous de ces pressions intolérables exercées sur les dirigeants chinois pour réévaluer leur monnaie, c'est-à-dire accepter une forme de tutelle, freiner leur croissance et renoncer à leurs idéaux d'une société développée, prospère mais relativement juste.
Nous en serions restés là des analyses si Gorbatchev n'avait pas révélé entre-temps qu'avec un baril à cent dollars l'URSS ne se serait jamais effondrée. Cela nous rappelle que le contre-choc pétrolier avait eu aussi pour effet de frapper de plein fouet l'économie soviétique en la privant d'entrées de devises et d'argent qui lui auraient permis de soutenir l'effroyable effort d'armement égal à 40% de son PNB que lui avait imposé R. Regan. Cela nous rappelle surtout que l'Arabie saoudite a été le principal outil de la chute du prix du
pétrole. Il faudra bien qu'un expert algérien nous rappelle cette sombre partie de notre propre histoire. Car le contre-choc se produit dans les années 1980 et le pétrole chute de 42 à 12 dollars le baril vers 1985, 1986. le résultat, vous en connaissez une partie : l'endettement de l'Algérie, Octobre 88, les plans d'ajustement structurels puis le triomphe sur notre sol des orientations ultra-libérales du FMI accueillies avec ferveur par tous les requins qui piaffaient d'impatience pour casser le monopole du commerce extérieur, imposer l'import-import comme seule activité économique, poursuivre le démembrement du secteur public commencé par A. Brahimi, liquider les derniers débris de la réforme agraire et de l'autogestion. Notre tragédie avec ses morts innombrables et nos souffrances inouïes tient aussi à ces causes et à l'effondrement du modèle d'un développement national autonome et à l'effondrement des valeurs et des symboles construits par le rêve d'un Etat national indépendant à défaut d'un Etat-nation tout court que le caractère populaire de la guerre de libération laissait espérer.
Le papier de Djamel Labidi est plus qu'intéressant de ce point-de-vue là. Si la crise est bien réelle, elle est également l'occasion de mettre en œuvre des scenarii préparés de longue date.
La première bataille idéologique semble gagnée par les maîtres de l'Empire. Personne ou presque ne remet en cause dans les pays concernés l'explication de la crise et son traitement. La presse alternative et les économistes critiques s'expriment mais, en l'absence de mouvements politiques réellement contestataires,
limitent la portée de leur éclairage et l'empêchent de devenir une opinion de masse. Cette explication et ce
traitement, notamment par l'appel à l'union sacrée autour des «intérêts économiques de tous», cacheront d'autant mieux les objectifs poursuivis par ce traitement : liquider les Etats qui s'opposent à l'hégémonie du capital financier. Et la question énergétique me paraît être la pierre angulaire de ce programme. La récession influera nécessairement sur la croissance chinoise tirée par la demande américaine et européenne avec des conséquences sociales dramatiques, les Etats-Unis attendant un effondrement du pouvoir du Parti communiste
Chinois grâce en partie à leur «travail» des minorités. Mais une chute de la croissance signifie aussi une demande de pétrole moindre et donc moins d'argent pour la Russie empêtrée dans son capitalisme des oligarques. En plus de ses pertes financières colossales, elle ne pourra plus réaliser ses programmes en Eurasie et contrer la pénétration de cette zone par les Américains. Elle affaiblira aussi les tendances indépendantistes de
l'Amérique latine. Jacques Attali avait parlé de cette tentation anti-chinoise qui lui a valu une volée de bois vert de la part du Monde qui le punissait ainsi d'avoir «vendu» la mèche. Il parle de nouveau de la Chine dans l'Express du 2 octobre 2008 en écrivant : «Parce que sa croissance est très dépendante de celle des Etats-Unis, où partent au moins le quart de ses exportations, et parce que ses avoirs sont très largement investis en actions et bons du Trésor américains… en conséquence, la croissance économique chinoise peut dégringoler, entraînant une aggravation du chômage qui pourrait toucher des centaines de millions de gens […] Le peuple chinois pourrait se fâcher et la situation déraper en des émeutes capables même, à l'extrême, de mettre fin au régime communiste.» Mais il conclut : «La Chine a vu le danger et ne le prend pas à la légère : le moment approche où elle retirera, en partie, ses capitaux d'Occident pour s'occuper d'elle-même. C'est alors que le monde tremblera.» En réalité, tout le monde sait qu'un retrait de ses capitaux serait considéré comme un casus belli. Ce serait d'une façon ou d'une autre la guerre et Attali a raison de dire que le monde, alors, tremblerait.
Les plans ne se réalisent pas comme le projettent leurs concepteurs. La Chine a de la ressource et elle l'a bien prouvé en utilisant la force du vent capitaliste pour aller contre lui.
Mais alors, dans ce malstrom qui devrait nous inciter à la plus grande prudence quant aux risques qui menacent notre pays, aucune voix ne s'élève du monde politique pour appeler au moins à une plus grande vigilance quant à la gestion de nos ressources et de notre avenir immédiat. Les prix du pétrole baisseront et de façon drastique pour permettre la réalisation des buts impérialistes.
Gordon Brown n'a pas menacé pour faire du spectacle. Les pays pétroliers alliés des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne n'ajusteront pas leur offre à la demande. Ils vont même inonder le marché. Dans ce scénario, nous vendrons notre pétrole moins cher et nous vendrons encore moins de pétrole. La combinaison des deux chutes –des prix et de la vente– nous mettra immédiatement devant d'immenses difficultés. Maintenant que la crise boursière - et ses fracas- est consommée, place à la récession, voire à la dépression. Les dollars de nos réserves perdront à la fois de leur pouvoir d'achat et de leur rapport à l'euro. Il est temps de mesurer les effets induits sur notre pays et sur notre économie des orientations du néo et de l'ultralibéralisme dont les prêtres continuent à prôner les recettes en faisant le forcing pour nous intégrer encore plus dans ce monde de requins par la création d'un fonds souverain.
A moins de partager définitivement les buts de ce libéralisme destructeur, nos gouvernants ne peuvent se contenter de l'effet d'annonce. Non, notre pays n'est pas à l'abri de la crise et il est plus qu'urgent d'ouvrir un débat national sur les mesures immédiates à même de parer aux menaces. Quelles corrections apporter à l'agriculture, à l'industrie pharmaceutique, à l'agroalimentaire, au commerce extérieur livré aux prédateurs, à l'emploi, à l'occupation de jeunes diplômés, à l'exploitation des ressources de notre pays ? Cela suppose que les dirigeants prennent conscience des dégâts et des destructions engendrés par les sirènes et les illusions du libéralisme et s'en détournent. Le test ne tardera pas à nous éprouver. Le débat n'en est que plus urgent.
M. B.


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